Jeudi 19 mars 2015, c’est toute une ville qui se souvient de l’un de ses enfants. Marcel Callo est mort au camp de Mauthausen, d’épuisement et de maladie tout simplement parce qu’il était trop actif en tant que chrétien. Rien ne peut paraitre plus dérisoire qu’une accusation comme celle-ci. C’est pourtant cet engagement au sein de la jeunesse ouvrière chrétienne qui lui a valu les humiliations et les mauvais traitements qui l’ont conduit aux portes des camps de la mort. Diverses manifestations sont venues rappeler le courage de ce jeune typographe de 24 ans, issu d’une famille pieuse mais que rien ne paraissait disposer à être un jour béatifié par l’Eglise catholique romaine.

Les manières de manifester à la fois respect et reconnaissance envers Marcel Callo ont eu, jeudi 19 mars 2015, de nombreux visages : inauguration d’un parcours remémorant certains épisodes de sa vie, création d’une frise par des artistes de rue sur les palissades entourant les travaux place Sainte-Anne et bien d’autres encore.

marcel alloUnidivers a choisi de s’intéresser au témoignage d’un groupe de 24 élèves du lycée Saint-Vincent, tous membre de l’école de chant choral et qui nous proposaient un programme musical fruit de leur travail. Sous les ordres de leur directeur, Gabriel André, et accompagnés à l’orgue par son frère, Jean-René André, ils nous ont émerveillés par la qualité de leur prestation. C’est avec Georg Friedrich Haendel et son très fameux  lascia ch’io pianga tiré de l’opéra Rinaldo, que commence le concert. Remis à la mode depuis quelques années grâce au succès du film « Farinelli » cet air démontre immédiatement les qualités d’homogénéité du groupe. Bien sûr, un peu plus de « grave » ne nuirait pas, mais la présence de seulement 6 garçons pour 18 filles rend la tâche un peu ardue. Qu’à cela ne tiennent ces jeunes gens relèvent le défi assez crânement et nous offrent une interprétation pleine de retenue et d’une réelle beauté.

fresque marcel allo rennesParlons-en ! Nous sommes heureux devant tant de charmes et de beauté, c’est le titre du second morceau, de Haendel également, extrait de Acis et Galatée, et dont les premières notes rappellent furieusement un des arias du Messie. Il sera interprété avec autant de soin et laissera silencieuse la trop peu nombreuse assistance qui a répondu à l’appel de ces jeunes chanteurs. Petite remarque en forme de bémol : une invitation à 21h est peut-être de nature à rebuter les mélomanes les plus convaincus…

marcel callo rennes hommageC’est avec Henry Purcell que nous continuerons notre voyage. Remenber not, Lord, our offenses. L’émotion monte d’un cran mais sera plus palpable encore lors de l’interprétation du Te Deum en ré du même auteur. La première partie toute en exaltation est suivie d’une lente et profonde prière, puis voix d’homme et de femmes se répondent jusqu’à prendre de l’ampleur dans le Tu rex gloriae. S’ensuit un émouvant duo où dialoguent Alix de Guérines et Pierre-Olivier Angleys avec un peu d’angoisse dans la voix mais une visible joie de chanter. La prière pleine d’espoir du salvum nous conduira vers un nouveau duo où cette fois Anne Le Berre et Orianne Robine laissent s’exprimer leur talent naissant.

Marcel CALLOAccordant à ses jeunes chanteurs un moment de répit bien mérité, Gabriel André nous apportera quelques précisions sur l’organisation de ce groupe où se rencontrent des élèves allant de la cinquième à la terminale, unis par la même passion. Certains d’entre eux envisageraient même une carrière de professionnels du chant. Ce qui nous a laissés abasourdis fut d’apprendre que ce « petit chœur » n’existe que depuis le mois de septembre ! Incroyable. Comment est-il possible d’arriver à tel niveau de qualité en si peu de temps ? Il n’y a pas d’autre explication que la forte motivation des élèves, c’est d’ailleurs l’argument qu’avance spontanément Gabriel André. En outre, pourquoi ne pas évoquer le même talent et la même motivation chez le maitre que chez les disciples ? La conversation à bâtons rompus qui a suivi ce beau concert nous conforte dans cetteconcert de basilique notre-dame-de-bonne-nouvelle opinion, dès qu’il parle de ses élèves Gabriel André prouve sa totale implication dans ce projet pédagogique mais surtout humain… est-ce possible ? Des professeurs comme lui existent encore. Rien n’est perdu !

Le coup de grâce nous sera porté avec l’interprétation du motet à 12 voix de Giovanni Gabrielli. Stupéfiant ! Cette magnifique musique va droit au but. Le petit chœur a bien réussi son coup, en sortant de l’église Notre-Dame de Bonne Nouvelle, nous repensons à la gentillesse de Pierre Olivier, au franc sourire d’Alix comme à tous les autres et à la photo de Marcel Callo posée face au public nous adressant un doux sourire pour l’éternité. C’est vraiment une bonne nouvelle que nous avons reçue ce soir…

 




Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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