Si Orgueil et préjugés de Jane Austen est un livre qui vous parle, alors vous ne serez pas déçu de vous plonger, voire vous enivrer dans l’aventure de Coup de foudre à Austenland.

Le ton est d’emblée donné par Shannon Hale avant le prologue par une dédicace des plus parlantes, voire engageantes :

À Colin Firth,
Vous êtes un type génial, mais je suis mariée,
Je pense que nous devrions juste être amis.

C’est Jane Hayes qui s’exprime, l’héroïne de ce Coup de foudre. Elle vient d’hériter de la fortune de sa grande tante. Fortune, en réalité son héritage se borne à séjour à Pembrook Park de 3 semaines dans un manoir anglais. Toutefois, cette virée n’est pas des plus courantes. Elle a pour but de vivre à la manière les héroïnes comme Jane Austen. Et comme Jane est une grande fanatique de M. Darcy, le cadeau de sa tante est  digne d’intérêt.

coup de foudre à austenland

La voilà donc partie pour ce manoir qui va lui offrir une expérience unique, celle d’être transportée dans un de ses romans préférés. Là, échangeant de personnalités comme de costumes, Hayes devient tour à tour chacune des héroïnes des romans d’Austen. Transportée à différentes époques, elle en revêt les tenues et mime les manières. Tout son quotidien est en parfaite harmonie avec ce qu’il y a à vivre, ce qu’elle doit vivre. Bien sûr, le monde moderne n’existe plus : le téléphone portable est interdit tout comme les ordinateurs et autres réseaux sociaux. Un profond déphasage a lieu. L’expérience grise la jeune dame. Mais pas longtemps. La déception pointe à la constatation que sa nouvelle vie est animée uniquement par des comédiens destinés à rendre réel une situation qui ne l’est pas.

L’écriture de Coup de foudre à Austenland est savoureuse et étourdissante. L’atmosphère de l’univers de Jane Austen est fidèlement rendue. Les personnages rencontrés constituent de délicieux sucres d’orge. La description des journées sous  forme d’un journal est une jolie mécanique cohérente. Et les intermèdes qui narrent la vie amoureuse de notre héroïne sont à mourir de rire.

Coup de foudre à Austenland de Shannon Hale est succulent. Dommage qu’il soit si court. Une durée encore plus courte quand il sera porté à l’écran. Ce qui ne saurait tarder…

Coup de foudre à Austenland de Shannon Hale, Ed. Charleston, 3 mai 2013, 260 pages – 17 euros

Résumé :

Jane Hayes est une jeune New Yorkaise en apparence tout à fait normale, mais elle a un secret : son obsession secrète pour Mr Darcy, ou plus précisément pour Colin Firth jouant Mr Darcy dans l’adaptation de la BBC de Pride and Prejudice. Résultat, sa vie amoureuse est proche du néant : aucun homme n’est à la hauteur de la comparaison. Quand une riche parente lui laisse en héritage un séjour de 3 semaines dans un centre chic pour les Austen-addicts, les fantasmes de Jane impliquant une rencontre fortuite avec un héros tiré tout droit de l’époque de la Régence deviennent un peu trop réels. Cette immersion dans cet Austenland réussira-t-elle à débarrasser Jane de son obsession pour lui permettre de rencontrer un vrai M. Darcy ?

Extrait :

Parfois, elle regardait Orgueil et Préjugés. Vous savez, l’adaptation de la BBC en coffret double DVD dans laquelle Colin Firth tient le rôle du beau Darcy et une jolie actrice anglaise au décolleté avantageux est l’incarnation parfaite d’Elizabeth Bennet. Jane aimait voir et revoir la scène où les regards d’Elizabeth et Darcy se croisent au-dessus du piano à queue, celle où l’on voit pour la première fois cette étincelle passer entre eux, où le visage de l’héroïne s’adoucit, où Darcy lui sourit, les yeux brillants comme s’il était sur le point de pleurer… Ah ! Chaque fois, le cœur de Jane se mettait à battre plus fort, elle avait des frissons partout et tentait de combler ce vide qu’elle ressentait en elle en mangeant toute une boîte de chocolats. La nuit, elle rêvait de gentilshommes coiffés de chapeau à la Abraham Lincoln et, au réveil, riait de sa bêtise en décidant une bonne fois pour toutes de jeter à la poubelle son coffret DVD et sa collection de romans de Jane Austen. Bien sûr, elle ne le faisait jamais. Cette fi chue adaptation télévisée lui gâchait la vie. Évidemment, Jane avait lu Orgueil et Préjugés pour la première fois à l’âge de seize ans et avait dû le relire au moins dix fois depuis. Elle avait aussi lu les autres romans de Jane Austen au minimum deux fois chacun, tous excepté Northanger Abbey (bien sûr). Mais ce n’était que quand la BBC avait mis un visage sur cette histoire que ces gentilshommes en pantalons moulants étaient sortis de son imagination de lectrice pour entrer dans sa vie à tout jamais. Débarrassé de la narration drôle et cinglante de Jane Austen, le fi lm n’était rien de plus qu’une comédie romantique. Mais Orgueil et Préjugés était la plus belle, la plus poignante des comédies romantiques…

 David Norgeot

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