Chaque week-end, les tifos fleurissent dans les tribunes des stades de football du monde entier.  Des tifos ? De grandes fresques réalisées avec des drapeaux ou des banderoles et fièrement portées par les supporters : ceux du Stade Rennais ont d’ailleurs souvent été salués par la presse internationale. Jeudi 20 septembre 2018 avait lieu la première rencontre européenne depuis sept ans, une belle vitrine pour les supporters rennais et leurs œuvres.

Leur fabrication est un secret bien gardé. Les tifos, ces grandes fresques affichées dans les tribunes, sont présents chaque week-end dans tous les stades du monde, que le club soit professionnel ou amateur. Au Stade Rennais, impossible de fouiner dans la confidentialité de la création des tifos par l’association de supporters, le Roazhon Celtic Kop. « On ne peut pas se permettre de laisser prendre des photos ni accepter un média pour observer le processus de création », indique un membre du RCK.

https://youtu.be/O7w_H0bhiDc

Bien qu’il existe quelques reportages réalisés dans certains clubs en France, il reste très difficile pour un journaliste de pénétrer les coulisses de la confection des tifos. « Il demeure une vraie défiance entre les supporters vis-à-vis des médias. L’envie de rester « indépendant » me semble être aussi une explication. Le message serait : « on n’a pas besoin de vous » », tente de comprendre Gauthier De Hoÿm De Marien, journaliste et auteur du livre Tifos, quand l’art s’invite au stade. 

« Cela fait environ cinq ans que des médias tentent de venir faire un reportage. Nous avons toujours refusé ».

Mais alors, pourquoi garder un tel secret ? Les rivalités entre clubs poussent les créateurs à repousser toujours plus loin l’inventivité et les idées. Surtout quand ils commencent à être reconnus à l’international. « Dans l’ensemble, la fabrication se fait avec les mêmes matériaux et les mêmes méthodes. Le secret, c’est ce que représente le tifo et sa logistique autour de la mise en place », pense Gauthier. Du thème au nombre de personnes à la confection, de son déploiement à son timing, tout est coordonné au millimètre près.

À l’instar des autres artistes, les équipes graphiques des groupes de supporters proposent de véritables œuvres d’art aux spectateurs du stade. Une création brandie ensuite par plusieurs milliers de personnes dans une tribune, voire tout un stade pour les groupes les plus organisés, le tout orchestré par un ou plusieurs capos. Au RCK, l’ambiance est tournée vers les films et les séries de la culture pop; la Casa de Papel, Batman ou encore Star-Wars par exemple. « On met environ 15 jours pour monter tout cela », explique sans plus de détail un membre du groupe.

TIFOS RENNES

Néanmoins, ces fresques ne sont pas encore reconnues comme de l’art pour l’opinion publique. « Les gens ne se rendent pas compte du travail que cela représente. Du processus de fabrication. On peint, on découpe, on assemble, on coordonne. C’est juste un problème de communication », songe Gauthier. Son côté très revendicatif et engagé en faveur de son club ou contre un rival demeure une limite.

« Certains clubs financent les tifos. Mais les groupes de supporters préfèrent garder leur indépendance »

Bien que les supporters aident à préserver une image positive de l’ambiance au Stade Rennais à travers ses tifos, aucune subvention et aucune aide financière n’est accordée. « Nous souhaitons préserver notre indépendance », indique un des membres. Ce qui leur permet de déployer parfois des œuvres plus engagées, comme en 2016 après une saison loin des attentes du public.

Bien qu’interdits, les fumigènes s’ajoutent souvent à la fresque. L’œuvre devient alors lumineuse, vivante et spectaculaire comme ici à Varsovie, considérée par beaucoup de spécialistes du football comme le plus beau tifo jamais conçu. « On connaît les résultats du Legia Varsovie ? Non pas forcément. Par contre, on sait qu’ils font des réalisations extraordinaires », décrit Gauthier.

https://youtu.be/va_Nb7vVcRI

Avec le retour du Stade Rennais sur la scène européenne le 20 septembre, les supporters avaient à cœur de montrer à l’Europe de quoi ils étaient capables. Un gigantesque tifo  recouvrait toute la tribune du RCK. À nouveau, la presse a salué l’association de supporters pour son retour sur la scène européenne. « Avec les réseaux sociaux, c’est un excellent moyen de se faire connaître », ajoute Gauthier. En effet, journalistes et supporters n’hésitent pas à relayer les créations sur ces réseaux; comme ici contre Paris le dimanche suivant :

Cet art est particulier, car outre d’être engagée envers un club ou une communauté, elle est aussi, comme les matchs, une forme de compétition avec d’autres villes ou d’autres groupes de supporters. Et un plaisir pour les yeux et les oreilles des spectateurs.

Retrouvez les supporters du Roazhon Celtic Kop sur leur page Facebook ou sur Twitter.

Et les photos de TIFOS par le RCK (à voir sur la page Facebook):

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