En librairie depuis le 29 janvier 2020, Sacrées Sorcières, la nouvelle BD de la célèbre illustratrice Pénélope Bagieu, n’en finit pas d’enchanter ses lecteurs et lectrices avisés. Après les deux volumes de Les Culottées, Pénélope Bagieu signe avec brio, toujours chez Gallimard BD, un nouvel album drôle et terrifiant à la fois, adapté du roman éponyme de l’auteur britannique Roald Dahl. De passage à Rennes le jeudi 6 février 2020 pour une séance de dédicaces, Unidivers a enfourché son balais pour voler écouter la pétillante artiste féministe et boire ses paroles telle une véritable potion magique…

Pénélope Bagieu
Les fans de Pénélope Bagieu étaient venus en grand nombre le 6 février 2020 entendre Pénélope Bagieu interviewée par Arnaud Wassmer. 90% d’entre eux étaient des femmes.

Attention! Les vraies sorcières sont habillées de façon ordinaire et ressemblent à n’importe qui. Mais elles ne sont pas ordinaires. Elles passent leur temps à dresser les plans les plus démoniaques et elles détestent les enfants. La Grandissime Sorcière compte bien les faire tous disparaître. Seuls un jeune garçon et son extravagante grand-mère semblent capables de l’en empêcher…

Le roman de Roald Dahl adapté en BD

« Ma maison d’édition m’a proposé d’adapter un roman de Roald Dahl en BD. Comme une évidence, mon choix s’est porté sur Sacrées Sorcières. Cette œuvre rythmée et dynamique est construite autour de nombreuses scènes d’action et d’un suspens haletant du début à la fin. Surtout, Sacrées Sorcières est le livre préféré de mon enfance. Il me terrifiait, mais je ne pouvais pas m’en passer.

Après 2 ans de tractations légales, j’ai écris Sacrées Sorcières pendant 6 mois puis je l’ai dessiné pendant un an. Cette BD m’a demandé un travail conséquent et rigoureux parce que je savais qu’elle se destinait à un jeune lectorat. Impossible de duper un enfant ! (rires). J’ai construit minutieusement tous mes décors pour ne rien laisser au hasard. Quand j’étais enfant, je passais des heures à décortiquer les décors des BD,  j’adorais ça !

Ma version de Sacrées Sorcières est quand même très différente de celle de Roald Dahl. Rien que le fait d’inscrire le récit au cœur d’une nouvelle époque a impliqué de nombreux changements. Mon héros est différent et n’a plus les mêmes préoccupations que le héros du roman en 1983. Je pense qu’aujourd’hui, un petit garçon de 8 ans est beaucoup moins insouciant qu’un enfant de 8 ans au début des années 80. Pendant toute la création de Sacrées Sorcières, j’ étais en communication avec le petit fils de Roald Dahl. Jusqu’à la dernière minute, il avait le droit de refuser la sortie de ma BD. Mais il s’est montré réceptif aux modifications que je souhaitais apporter. Puisque la plume de Roald Dahl est vraiment exceptionnelle, je n’ai pas touché à la trame, mais par exemple, dans ma BD, j’ai ajouté une petite fille qui n’existe pas du tout dans l’œuvre initiale. »

La figure de la sorcière

« J’avais envie d’exploiter cette créature qui n’est pas du tout une femme mais qui essaie de l’être coûte que coûte : en cachant ses attributs maléfiques, en utilisant un masque, etc. Dans le même temps, il me semblait important de remettre en perspective le terme de sorcière lui-même. C’est pour cette raison que la grand-mère explique à son petit-fils qu’il faut être prudent avec ce mot parce que celui-ci a d’abord servi à pointer du doigt et à détester les femmes différentes et indépendantes.

Dans ma BD, une armée de sorcières modernes, ressemblant physiquement à n’importe quelle autre femme, veut exterminer tous les enfants. Mais finalement, plus le récit avance, plus on se rend compte que la vraie sorcière d’aujourd’hui c’est la grand-mère ! Elle qui est si excentrique et indépendante tout en étant autoritaire, bien qu’elle soit indéniablement rassurante pour le jeune héros. »

Pénélope Bagieu
La grand-mère de Pénélope Bagieu

Secrets de conception

« La première fois que j’ai lu le roman Sacrée Sorcières, j’étais cachée derrière le paravent chez ma grand-mère. Je me souviens avoir été terrifiée par ce livre, je ne pouvais plus me lever. Pour concevoir la BD, j’ai cherché à comprendre quels éléments en particulier me foutaient autant les jetons afin de réinvoquer ce sentiment de peur extrême. 

Pour le personnage de la grand-mère, je me suis entièrement inspirée de la mienne. Elle est complètement différente de celle de Roald Dahl mais je pense que pour réussir à toucher mes lecteurs, il était primordial que je parle de moi sincèrement, que je fasse vivre des personnages que je connais mieux que personne. D’ailleurs, tous mes personnages parlent comme moi ! 

Aussi, avant de mettre en dessins Sacrées Sorcières, j’ai mimé tous mes personnages pour savoir comment les rendre les plus expressifs possible. Les scènes que j’ai préférées dessiner sont celles vues du point de vue des souris. Je me suis énormément amusée en me glissant dans la peau d’une petite souris.

Pénélope Bagieu

Concernant un de mes petits secrets de réalisation : je commence toujours par dessiner une planche qui se situera au milieu de ma BD parce que je sais que mes premiers dessins sont toujours les moins bien réussis. Ainsi, mes premières pages sont plus belles ! (rires) Je vous mets donc au défi de retrouver par quelle page j’ai commencé Sacrées Sorcières, celle-ci comporte des dessins que je trouve beaucoup moins réussis que les autres… 

Si je devais vous conseiller une musique d’ambiance pour lire la BD Sacrées Sorcières, je dirais du jazz comme Django Reinhardt, c’était le style de musique préféré de ma grand-mère ! »

Pénélope Bagieu

Sacrées Sorcières de Pénélope Bagieu vient d’être traduite en espagnol par Mariola Cortés. Quant à ses deux volumes Les Culottées, ils viennent d’être adaptés en une série de dessins animés qui sortira le 8 mars sur France 5 !

Pénélope Bagieu

Sacrées Sorcières 

Gallimard BD

Par : Pénélope BagieuRoald Dahl
Genre : Adaptation, Fantastique / Merveilleux
Collection : Fétiche
Date de parution : 29 / 01 / 2020
304 pages
23,9 €
190 x 260 mm
ISBN : 9782075126939
Code distributeur : J01969

Julie Pialot
Julie Pialot a suivi des études de Lettres Modernes. Pendant une année d'ERASMUS à Pondichéry (Inde), elle a rédigé un mémoire sur la littérature de voyage en Orient, avant de compléter sa formation à l'école de journalisme de Marseille. Passionnée de voyages et de nouvelles découvertes, c'est en Bretagne, son choix de coeur, qu'elle a choisi de mettre en valeur les initiatives culturelles locales.

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