« Before your very eyes » : la progression de pré-adolescents vers l’âge adulte par God Squad et Campo

 

Ils sont sept préadolescents belges entre 10 et 14 ans. On leur demande de grandir « sous les yeux » des spectateurs remplissant la salle du TNB ce mercredi 15 janvier 2014. En dialogue avec leur image filmée quelques années auparavant et en projection vers ce qu’ils pourraient devenir, ces adolescents se confrontent à l’âge adulte. Ce spectacle multi-support, Before your very eyes, est signé God Squad et Campo.

À première vue, l’agencement de la pièce est original. La scène est conçue pour offrir une représentation à la fois directe et indirecte. Deux écrans encadrent un grand miroir sans tain derrière lequel sept enfants jouent à se battre avec des coussins. Soudain, une voix anglaise préenregistrée s’adresse à eux. Perturbant, voire décevant : sommes-nous dans un espace de manipulation divertissante à la Secret Story ou dans un spectacle sadique à la Hunger Games ?

Mais cette voix est plutôt là pour les orienter dans leur réflexion. Ils doivent se projeter. A 20 ans d’abord, 37, puis le troisième âge. Des problématiques un peu clichées naissent de leurs jeux d’acteurs. La puberté fait ainsi apparaître le besoin d’être en contradiction avec les normes pour forger sa personnalité. Et tous les adolescents ne deviennent pas gothiques, contrairement à ce que suggèrent leurs costumes ! Bien sûr, la crise de la quarantaine y passe aussi : les regrets, la vie ratée, la bedaine. Et à 70 ans, la mort survient. S’il n’y a pas de doute que la réflexion est au départ formulée par les enfants, la mise en scène peut parfois laisser penser que ces observations généralement pessimistes leur ont été soufflées. Et pour preuve, la voix leur dicte les attitudes à adopter à 40 ans… Surprenant !

Chaque tranche d’âge s’accompagne de la même question : « Tu as ** ans. Que peux-tu faire maintenant ? » Les réponses rendent le public hilare. C’est vrai que les jeunes adultes dans la salle ont perdu l’habitude de demander la permission de sortir à leurs parents. Quant aux quarantenaires, ils ont intégré le fait qu’ils peuvent aller voir le médecin au moindre souci. Pour nous, ces libertés coulent de source. Pour ces préadolescents, elles constituent encore un objectif : l’autonomie.

Au cours de la pièce, ils sont tour à tour confrontés à leur « moi-enfant » filmé un à deux ans plus tôt. Le rythme ralentit pour conférer plus d’émotions à ces séquences. Ce sont des moments touchants où l’adolescent sur un écran, l’enfant sur l’autre, rentrent dans une discussion identitaire – avec ou sans paroles. Qu’es-tu devenu, tu n’as pas fait d’études ? Tu aimes toujours notre pâte à modeler ? Et tu es toujours avec Charlotte, à qui tu envoyais des lettres d’amour ? Les réponses sont parfois bienveillantes : « Non, je n’ai pas fait d’études. Tu devrais abandonner la pâte à modeler dès que tu peux » ; parfois violentes « Bien sûr que non je ne suis plus avec elle, ce n’est pas moi ça ! » ; mais assurément attendrissantes.

Malgré le fait que chaque époque est passée en revue un peu trop rapidement, le spectacle est un témoignage émouvant des questionnements de l’enfance. Il reste à espérer que tous les préadolescents n’ont pas réellement une vision si pessimiste de la vie. À leur âge, il serait plus heureux qu’ils se dotent d’une véritable ambition pour réaliser leurs rêves. Tout en sachant que le talent n’est pas suffisant, le travail et la motivation restent déterminants.

Before your very eyes – God Squad et Campo
Au TNB du 14 au 16 janvier 2014 à 20h (durée 1h15)
Réservation de 7,5€ à 25€

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