ZËRO. Le tréma doit être pour l’amplification. Mêlant subtile intelligence, hargneuse énergie post-punk, trépignante utilisation de la technologie, le groupe originaire de Lyon revient avec une quatrième production. Le  EP  (7 titres) Places where we go in dreams se révèle une pièce maîtresse. Un équilibre entre frénésie crépitante et froideur étonnamment remuante. 

Zëro
Zëro, Places where we go in dreams

Né des cendres de Bästard (déjà le tréma) et de l’excellent combo rock-bruitiste Deity Guns (dont l’unique album fut produit par, excusez du peu,  Lee Ranaldo de Sonic Youth), ZËRO impose sa marque. Avec Places where we go in dreams, le groupe se défait des influences ultérieures trop évidentes en frayant une inspiration à la fois plus réfléchie et plus incisive. Le travail solo du leader Eric Aldéa (se coltinant avec des chorégraphes, Abou Lagraa, des cinéastes, Atiq Rahimi, ou une relecture intégrale de l’album culte Spiral Insana des dadaïstes expérimentaux brittaniques de Nurse With Wound) n’y est certainement pas étranger…

ZëroEfficace sans être brouillonne. Puissamment directe sans sombrer dans le rentre-dedans. Epurée sans sacrifier à la complexité. Intelligente sans être élitiste… Toute en contradictions et paradoxes, telle est la musique de ZËRO. Incroyablement contemporaine, sans céder à la manie de la citation « hype », s’inspirant du meilleur des différents courants musicaux rock les plus créatifs de ces vingt dernières années, Places where we go in dreams, trois ans après album Hungry dogs (in the backyards), s’avère l’une des très belles surprises de l’année 2014.

Zëro
Zëro photographié par J.-M. Touzin

Mélodies pop accrocheuses, rythmiques trépidantes et mélopées répétitives, soufflant le chaud et le froid – de l’entêtant tube en puissance Uprising qui ouvre le bal jusqu’au jouissif voyage hypnotique de A place where we go in dreams qui le clôture en passant par le groove rude et strident de Swimming with sharks. Le groupe emmené par Eric Aldéa compose un opus résolument enchanteur qui peut aisément s’écouter en boucle. L’équilibre provient aussi, sans doute, de l’alternance surprenante de titres chantés et instrumentaux. D’autant qu’Eric Aldéa, décidément au meilleur de sa forme, équilibre au gréé des compositions une voix forte très chantée et un talk-over  aussi suave qu’inquiétant.

ZËRO Places where we go in dreams, EP 7 titres, Ici d’Ailleurs, octobre 2014, 5 euros

ZËRO  est en concert à Rennes le 25 octobre 2014, 20h30, 8 euros, Le Jardin Moderne

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Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

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