Dans un récent article, nous revenions sur les raisons qui avaient poussé la distillerie Glann Ar Mor à annoncer, puis à revenir, sur sa fermeture. En cause, le projet d’IGP « Whisky Breton » et son cahier des charges médiatiquement disputé. Il s’est pourtant avéré, à la suite d’un contact avec M. Roussier, directeur de Warenghem, que de fausses affirmations l’aient jalonné ; des erreurs qui soulèvent néanmoins de nouvelles questions quant à la conception de ladite IGP.
Une IGP aux coulisses alambiqués

Nous avions tout d’abord compris et affirmions que l’absence d’une IGP « Whisky Breton » ou « Whisky de Bretagne » aurait contraint la distillerie Warenghem à renommer quelques-uns de ses produits, les blends WB et Breizh Whisky. Il n’en est rien. Il s’avère en revanche que sans ladite appellation, ces mêmes produits n’auraient plus été en mesure de porter la dénomination Whisky Breton, comme aucun autre whisky produit en Bretagne si le projet d’IGP n’avait pas été porté jusqu’au bout. Dans les cas inverse tout évocation de la Bretagne sur les bouteilles auraient été prohibée.

Quant à une éventuelle inclusion tardive du blé noir dans le cahier des charges de l’IGP, afin d’en permettre l’adhésion à la distillerie des Menhirs – dont les whiskies sont produits à partir de blé noir – faute est de constater que celui-ci était déjà présent dans ce même cahier des charges depuis le début, soit depuis 2009.
Seulement, si on ne peut contester à M. Donnay le manque d’ambition du cahier des charges quant à la production du single malt – l’absence d’interdiction d’ajout de colorant E150a comme pour le Whisky Alsacien ou l’absence d’embouteillage en Bretagne – faute est de constater que, contrairement à ce que nous avancions et à ce qui a pu être avancé par d’autres publications, les alambics utilisés et conçus par lui ne sont aucunement exclus de l’IGP.
Toujours est-il que contrairement à ce que nous affirmions, seul l’Only Rye, single malt produit à partir de seigle et non d’orge, ne pourrait porter l’appellation Single Malt. Le reste de la production de la distillerie, dont les reconnus Glann Ar Mor et Kornog, ne souffrirait en aucun cas de la perte des appellations Single Malt ou Whisky Breton, comme nous avions pu le laisser penser. Quant à savoir si l’Only Rye ne pourrait porter l’appellation Whisky Breton ? Le seigle fait pourtant bien parti des céréales prises en compte par le cahier des charges de l’IGP…
On ne pourra que se réjouir du maintien de la distillerie Glann Ar Mor et de son retour au sein de l’IGP Whisky Breton, qui garantit à tous un Whisky Produet e Breizh (produit en Bretagne) et prévient les distilleries bretonnes d’une concurrence internationale déloyale. Toutefois, le débat public souhaité par M. Donnay avec l’INAO et les autres distilleries bretonnes ne saurait être que bénéfique, presque nécessaire, pour enfin faire la lumière sur cette IGP, dont les implications concrètes pour les producteurs comme les conditions d’adoption mériteraient encore quelques clarifications.
Crédit photo : Kaerilis, Warenghem, distillerie des Menhirs
