cinéma, film unidivers, critique, information, magazine, journal, spiritualité, moviesSorti directement en VOD, le film d’Abel Ferrara inspiré de l’affaire de DSK au  Sofitel a fait le « buzz ». Qualifié de « merde » par les protagonistes de l’affaire, il était tentant de visionner cette œuvre « interdite » de diffusion cinéma, si l’on en croit le producteur.

Beaucoup de cinéphiles ont laissé Abel Ferrara en 1996 avec « Nos Funérailles » qui sans être mauvais n’avait rien  de prodigieux. Du reste, c’est un film à l’image de son auteur : du talent, mais pas de génie. Toutefois, Ferrara  paraissait bien adapté pour une adaptation cinématographique d’une vision new-yorkaise de l’affaire DSK. Le traitement retenu est ainsi inspiré par ce fait-divers ; ce n’est pas un documentaire à l’image de l’affaire Jean-Claude Romand adapté en L’adversaire par Emmanuel Carrère et Nicole Garcia en 2002. Résultat : les libertés fictives prises avec l’affaire et les protagonistes ont pu heurter ces derniers.

En tant qu’œuvre de fiction à part entière, la forme a plus à voir avec un téléfilm qui se rengorgerait d’un casting relativement luxueux (Depardieu et Bisset). Quant à l’image, elle est sombre et servie par une caméra subjective – habituel chez Ferrara. Le déroulement reprend l’histoire réelle : depuis la veille des faits jusqu’à la séparation de DSK et Anne Sinclair. Quelques flashbacks sont peu habilement glissés et tentent d’apporter un peu de matière au personnage principal. Argent et Sexe sont les deux colonnes sur lesquelles repose l’existence du « héros ». L’argent de sa femme, l’argent qui lui permet tout sans qu’il dise en connaître la vraie valeur alors qu’il donne continûment des leçons aux autres dans le cadre de ses fonctions. Le sexe comme distraction, comme drogue, comme valeur-étalon. L’un achète l’autre et le directeur du FMI est dépeint comme un ogre du sexe, un monstre volcanique et mécanique derrière l’apparence polie du personnage public.

Les images sont crues, comme la photographie. Ferrara entreprend de montrer un Devraux (alias DSK) qui remet tous ses problèmes sur le dos de sa femme, perçue comme une ambitieuse castratrice, dont il tente de se défaire à travers son addiction au sexe. La théorie comme quoi l’inconscient de DSK refusait qu’il devienne président de la République est reprise ici. Idem, une tentative d’explication des deux versions médiatisées de ce qui s’est passé dans la chambre du Sofitel (sachant qu’aucune version n’a jamais été donnée par la défense…).

Mais en tant que fiction, l’ensemble s’avère à la fois trop léger, trop cru, trop maladroit. La vision de Welcome To New York est dispensable, à moins d’être fan de Depardieu, lequel porte naturellement le film. D’ailleurs, l’erreur du scénario et du réalisateur est double : ne pas être allé plus avant dans la construction du personnage et de ballader la caméra comme un témoin de la débauche.

Welcome To New York
2h
Réalisé par Abel Ferrara
Avec Gérard Depardieu, Jacqueline Bisset, Drena De Niro
Genre Drame
Nationalité Américain

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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