Le film We want sex equality de Nigel Cole pourrait être sous-titré comment l’esprit de lutte est venu à certaines femmes d’outre-Manche en 1968… Sorti en 2010, ce long métrage avait remporté une belle moisson de récompenses, notamment à Dinard (Hitchcock d’Or, Prix du meilleur scénario, Prix du Public). We want sex equality garde toute son actualité en ces temps où, plus que jamais, l’égalité entre les sexes fait partie des combats et enjeux politiques majeurs.

We want sex equality, inspiré de faits réels arrivés en 1968 en Grande-Bretagne, intitulé dans sa V.O. « Made in Dagenham », raconte l’aventure d’une équipe d’ouvrières anglaises des usines Ford de la ville de Dagenham, proche de Londres, chargées de fabriquer des sièges de Ford Escort. Exaspérées d’être payées infiniment moins que leurs collègues mâles, elles décidèrent de faire grève, pour revendiquer une stricte égalité salariale. Un slogan récurrent jalonnera alors tout le film : « Equal pay !».

A la tête du mouvement, les ouvrières choisirent l’une des leurs, une femme jusqu’alors effacée et silencieuse. Peu à peu, notre héroïne passera du statut d’ouvrière de base à celui de leader aussi incontournable que redoutable, et redoutée aussi bien par les cadres dirigeants de l’usine, tous des hommes, que par les responsables les plus haut placés de la hiérarchie syndicale, tous des hommes aussi. Car la réserve, puis l’hostilité, face à cette rébellion sera tout autant le fait du syndicat que du patronat, tous les deux ancrés dans le préjugé de la supériorité masculine dans l’organisation pyramidale du travail. « En tant que syndicat, on a des priorités» dit l’un des syndicalistes, celle de faire passer les revendications des hommes avant celle des femmes, of course ! Quant aux patrons de Ford, la simple perspective de voir des femmes revendiquer et faire grève était à cent lieues de leur schéma de pensée, voire de leur imagination ; et pour cause, les femmes n’ayant jamais fait grève dans leur usine à ce jour.

La dramaturgie montera ainsi en puissance dès lors que la grève de l’atelier de montage des sièges bloquera peu à peu toute la chaîne de fabrication des voitures et entraînera chômage technique, effondrement des salaires, chute des bénéfices de l’entreprise. La revendication salariale sera portée aussi par une autre volonté, tout simplement humaine, celle-là: à « Equal pay» s’ajoutera un autre slogan, « We want respect». Et c’est bien là le fond du film : celui de l’inégalité entre hommes et femmes constituée, renforcée par le mépris masculin, d’où qu’il vienne. Heureusement, en la personne de la Ministre du Travail elle-même, Barbara Castle, sorte de Margaret Thatcher de gauche (la ressemblance physique dans le film est d’ailleurs troublante), femme explosive et combative face au patronat de la firme américaine et même face à Harold Wilson, Premier Ministre (travailliste) du gouvernement, nos ouvrières finiront par trouver avec elle un appui décisif qui aura raison de l’hostilité farouche des patrons et de la passivité décourageante du « Labour Party ». Une loi sur l’égalité salariale (l’«Equal Pay Act») s’ensuivra, votée en 1970 par le Parlement britannique.

Le film We want sex equality, magnifique de justesse (et de justice) humaine et sociale, tour à tour bouleversant et joyeux, dramatique et optimiste, est porté par une mise en scène dynamique et sans faiblesses et un scénario sans temps morts. Et joué par des actrices tout à fait épatantes, en particulier la frêle Sally Hawkins, dans le rôle de simple salariée et femme au foyer devenue « révolutionnaire en mascara», pour reprendre la formule des hommes qu’elle exaspère et qu’elle domine de son volontarisme et sa pugnacité. Un film exemplaire et majeur, par sa qualité artistique d’une part, et la force de son message d’autre part. Un message plus que jamais à l’ordre du jour.

WE WANT SEX EQUALITY

 

 

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