Le titre donne envie d’aller plus loin, avec ce mot si riche d’évocations – l’amitié. Le lecteur découvre par le sous-titre que cette amitié est celle d’une famille, les Poltawski, et de Karol Wojtyla, devenu l’an dernier le bienheureux Jean Paul II. Quarante-six lettres inédites de « l’ami » sont présentées au fil du récit.

Wanda POLTAWSKA est une personnalité en Pologne, depuis son récit, rédigé après guerre, de l’horreur du camp de Ravensbruck, où elle a subi avec d’autres résistantes polonaises, des expérimentations médicales. Ce passé marque profondément la personnalité de cette femme habitée d’une quête insatiable de vérité, une recherche du visage de Dieu, un désir profond de rendre compte de la grâce de croire dans un monde qui change.

Devenue médecin psychiatre, elle a soif d’enseigner et de transmettre ; elle fonde l’institut de la famille à Cracovie, avec le soutien de l’archevêque de Cracovie, Mgr Wojtyla qui « considérait comme le devoir le plus important de notre époque : restaurer la famille humaine, et agir pour la rendre heureuse et sainte » (p. 616). Cet aspect du livre est en lui-même bien intéressant en montrant comment ont émergé, avec l’évolution des sociétés et des mentalités, des questions devenues majeures autour de la famille et de l’éducation affective et sexuelle. Trois années sont particulièrement significatives pour décrire l’évolution, 1962-1965… les années au cours desquelles Mgr Wojtyla est à Rome pour le Concile Vatican II.

Ce Journal met en lumière l’humanité du Père Wojtyla, Évêque puis Cardinal, lors des semaines de vacances avec cette famille. Les enfants de la famille l’appellent leur oncle ; Karol Wojtyla retrouvait une famille, la sienne ayant si vite disparu. Il est frappant de lire la simplicité vécue dans les épaisses forêts des Monts Beskides, entre les longues excursions sac au dos, les bivouacs sommaires auprès des cours d’eau, les célébrations sous les grands arbres de cette région sauvage.  La plume de Wanda Poltawska ne cesse de chanter la beauté des lieux, et la dernière partie du livre nous offre de somptueuses évocations des lieux, les paysages que le Pape Jean Paul II ne pouvait plus voir mais il pouvait en lire, grâce à son amie, la description.

Ce qui fait le corps du livre, ce sont les conseils spirituels donnés par l’ami, guide et témoin de l’œuvre de Dieu. Celle qu’il accompagne a vécu des expériences fortes de communion avec le Christ, jusque dans son corps par une guérison miraculeuse que le vicaire capitulaire de Cracovie, Karol Wojtyla, authentifie lui-même. Depuis des années, les vacances sont de véritables exercices spirituels, et le P. Wojtyla, directeur spirituel, avait proposé une méthode pour ouvrir un cheminement à pas de géant : il propose des phrases de l’Écriture sainte que Wanda Poltawska commente et, de temps à autre, il envoie une annotation, brève et claire pour conforter ou aller plus loin. Une vie spirituelle fondée sur la Parole de Dieu ! Cette expérience singulière s’offre aux lecteurs pour les faire eux-mêmes cheminer. La lecture de ce Journal d’une amitié s’offre ainsi comme une expérience spirituelle à ceux qui veulent bien s’y aventurer, avec – à n’en pas douter – l’accompagnement bienveillant du bienheureux Jean Paul II.

P. Jean-Michel Amouriaux

[stextbox id= »info » color= »3300ff »]Wanda Poltawska, Journal d’une amitié, Médiaspaul, Paris, 2011, 617 p, 25€ [/stextbox]
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