Les férus de science-fiction ou les fans de musique 70s apprécient Michael Moorcock. Auteur de science-fiction, il est connu pour son Elric de Melniboné et son épée Stormbringer ! Mais aussi pour avoir écrit des textes pour les groupes Blue Oyster Cult ou Hawkwind. En 1968, il publiait un court roman baptisé Behold The Man. Il fut traduit en français en 2011 sous le titre de Voici L’homme. Un roman à la portée autant religieuse que philosophique. Ecce liber !

Karl Glogauer décide de remonter le temps jusqu’en 28 av. J.-C.. Soit, un peu avant la crucifixion du Christ. Le voilà qui rencontre Jean le Baptiste et les Esséniens et à suivre les traces de Jésus de Nazareth. Tout au long et en alternance avec ce voyage temporel, l’enfance et la vie du héros de Voici l’Homme se dévoilent jusqu’à expliquer pourquoi ce saut dans le temps.

Le thème du voyage dans le temps et d’autres univers parallèles est une constante chez Moorcock. De talentueux auteurs ont étudié finement la place de Voici l’Homme dans l’œuvre de l’écrivain britannique. Si son héros, Karl Glogauer se rencontre dans d’autres de ses récits, il incarne ici un jeune anglais juif né en Autriche et à l’enfance déracinée et malheureuse. Battu, incompris, violé par un vicaire, il suit un parcours initiatique et spirituel jusqu’à ce voyage dans le temps et qui le conduit à découvrir la philosophie de Jung, la religion chrétienne, le bouddhisme, le paganisme et bien d’autres expressions religieuses ; et ce, sans répondre à un mal-être très présent. Son voyage fait figure de Graal spirituel. Et Moorcock s’amuse des références historiques et des éléments plus ou moins crédibles sur cette époque.

source Wikimedia
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Il ne faut pas voir dans Voici l’Homme une tentative de réécriture de l’histoire ou une réinterprétation de la Bible. Car sans exposer la question centrale de l’histoire, ni les surprises ni les provocations, cette fable interpelle le lecteur par bien des angles. La recherche spirituelle du héros répond à celles que la plupart des humains à un moment  de leur vie se posent. D’où des paradoxes temporels qui ne manquent pas ; ils contenteront l’amateur de pure science-fiction. D’où également une réflexion autour de l’existentialisme ; comme à plusieurs endroits de l’œuvre de Moorcock. La conjugaison de ces angles résonne in fine chez le lecteur comme le rejet des doctrines philosophiques et du carcan de certaines religions.

Ce court ouvrage se révèle une introduction intéressante à l’œuvre de Moorcock, notamment sa dimension intérieure. Malheureusement, la traduction française de l’ouvrage, signée Pierre Versins et Martine Renaud en 1972, manque de précision et gomme le lyrisme propre à Moorcock. Réédité en 2001 par les éditions l’Atalante, Voici l’Homme mériterait un meilleur traitement en français.

Voici l’Homme de Michael Moorcock, L’Atalante, La Dentelle du cygne, 2001, 192 pages, 5€

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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