Vidéo. Sarah Toulouse et Julien Bachelier présentent un manuscrit du XIe siècle de retour en Bretagne aux Champs libres

manuscrit breton champs libres

C’est avec un enthousiasme contagieux que Sarah Toulouse, conservatrice à la Bibliothèque des Champs Libres, et Julien Bachelier, maître de conférences en histoire médiévale, ont présenté la nouvelle acquisition de la bibliothèque patrimoniale des Champs libres. Daté du XIe siècle, il s’agit d’un commentaire en français de l’Evangile selon saint Marc par Bède le Vénérable, un érudit anglo-saxon du VIIe siècle, intitulé In Marci evangelium expositio. Sans absolue certitude, un faisceau d’indices tend à démontrer que cet ouvrage était destiné au monastère de soeurs sis à Locmaria, quartier ancestral de Quimper, lequel était dirigé par une mère-abbesse fille du duc de Cornouailles.

Une bel objet en vélin qui valait bien les 321 000 euros dépensés chez Christie’s pour l’acquérir. A noter que le temps entre l’annonce de la vente et cette dernière étant très court, les mécènes privés habituels n’ont pas pu être sollicités : plusieurs bibliothèques et médiathèques de Bretagne ont alors mis la main à la poche pour contribuer chacun en fonction de ses possibilités à réunir la somme nécessaire. Une belle histoire qui irrigue la grande histoire ; cette commune histoire, avec sa longue traîne complexe et ses interprétations contraires, sans laquelle les Bretons comme tous les êtres humains sonnent creux.

Un manuscrit breton du XIe siècle, issu de la collection Schøyen, bibliophile norvégien, a été acquis aux enchères le 11 juin 2024 chez Christie’s à Londres. Il revient en Bretagne 10 siècles après sa rédaction.

L’ouvrage contient la copie du commentaire de l’Évangile de saint Marc rédigé au VIIIe siècle par Bède, dit le Vénérable, (vers 672-735), célèbre moine de l’abbaye de Jarrow (nord-est de l’Angleterre). L’ouvrage mesure 21 x 13 cm et comporte 88 feuillets rédigés en latin sur un support de parchemin. L’ouvrage présente un excellent état de conservation.

Il est conservé à la Bibliothèque de Rennes Métropole, aux Champs Libres, bibliothèque de référence disposant d’une riche collection patrimoniale de plus de 35 0000 documents anciens ou relatifs à la Bretagne.

L’intérêt principal de ce manuscrit réside dans son origine bretonne qui peut être identifiée grâce à la présence d’un ex-libris. Ce manuscrit aurait été réalisé pour l’abbaye de Locmaria, a priori dans le scriptorium breton de Landévennec. Le rattachement d’un tel manuscrit à une abbaye féminine présente un grand intérêt scientifique. L’acquisition permettra des recherches complémentaires sur les bibliothèques et la place de l’écrit et de l’érudition dans les monastères féminins du haut Moyen Âge, sujet peu exploré jusqu’à présent, faute de sources.

L’ancienneté du manuscrit est remarquable, car les témoins de la production écrite bretonne du haut Moyen Âge sont aujourd’hui peu nombreux et très dispersés. 225 manuscrits (en dehors des documents d’archives) réalisés en Bretagne durant la période 750-1150 ont été identifiés, mais seulement quatre sont aujourd’hui conservés en Bretagne.

Enrichir les collections bretonnes d’un manuscrit aussi ancien que celui de Locmaria est une opportunité extrêmement rare. Depuis les Confiscations révolutionnaires, un seul manuscrit antérieur au XIVe siècle est entré dans une collection publique bretonne. C’était en 1830, date à laquelle la Bibliothèque de Rennes avait eu l’occasion d’acquérir un manuscrit du XIe siècle. Aujourd’hui, ces documents sont rarissimes sur le marché du livre ancien. Depuis 1975, un seul autre manuscrit breton du haut Moyen Âge a pu être repéré dans le commerce.

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