Restauration de tableaux, Valérie Lesaige lève le voile

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12 décembre 2016

1971

Valérie Lesaige restaure des tableaux à Pacé. Restauratrice, un métier rare, mais indispensable. Qui d’entre nous n’a pas un portait d’ancêtre, une marine, ou un paysage de campagne accroché au mur depuis bien des années : un tableau, qui depuis des décennies subit du temps l’irréparable outrage et s’écaille, se boursoufle, se décolle, quand il ne sert pas de cible aux fléchettes de bambins facétieux ? N’oublions pas l’empoussiérage, les vernis qui jaunissent et parfois même les dommages causés par d’éventuels déménagements. On peut dire qu’ils ont bonne mine nos chefs-d’œuvre !

Rien n’est perdu et contrairement à ce qui a été écrit plus avant, rien d’irréparable quand nos chers tableaux sont mis entre les mains d’une professionnelle de haut niveau. C’est donc en quête d’informations que nous nous sommes rendus à Pacé. Dans un petit coin calme et lumineux, Valérie Lesaige a créé un atelier de restauration où, dans des locaux très bien aménagés, elle exerce son art. Il règne chez elle une ambiance d’atelier de peintre, qui fait envie. Toutefois, pas le moindre désordre. Tels des patients dans une clinique, les tableaux en restauration sont posés sur des tables ou des chevalets et retrouvent au bout de bien des heures de patience, la fraîcheur de leur prime jeunesse.

Diplômée en 2000 d’une école spécialisée d’Avignon, elle y obtient la qualification de «Technicienne supérieure en restauration d’œuvres picturales ». Suivant l’état des tableaux qui lui sont confiés, de multiples interventions sont possibles. Il convient de distinguer deux phases dans le travail effectué:

1) Conservation et restauration du support toile :
– Déchirures, trous coupures.
– pose de bandes de tension, de pièces.
– rétablissement de la planéité, du format d’origine.
– Mise en tension sur châssis, ou remplacement.
– Doublage, ré- entoilage.

Il faut être conscient qu’une fois ces différentes réparations effectuées, votre tableau a meilleure mine, mais manque encore de couleurs, aussi convient-il de passer à la seconde phase, à savoir,

2) Restauration de la couche picturale :
– Décrassage
– Nettoyage, dévernissage, enlèvement de repeints anciens et retouches disgracieuses.
– re-fixage de la couche picturale: aplanissement et consolidation de la couche picturale soulevée.
– Masticage et structuration des mastics.
– Retouche.
– Vernissage .
Peut-être commencez-vous à vous faire une idée du temps nécessaire à la renaissance d’une œuvre et de l’extrême minutie que cela impose.
Cela n’a pas l’air d’effrayer Valérie Lesaige, pas plus que ses clients, majoritairement des particuliers soigneux de leur patrimoine, puisque faute de crédits, quelques grands institutionnels , comme les musées, sont moins présents. Elle ressent pourtant depuis peu un frémissement peut-être annonciateur d’une reprise plus soutenue de son activité.

La voir travailler avec tant de calme et de précision donnerait presque envie de passer quelques heures avec elle pour acquérir les premiers rudiments de son savoir-faire. Elle reçoit d’ailleurs des stagiaires, qui suivent la même formation, auxquels elle communique son savoir dans un esprit de transmission des connaissances. Elle nous invite à voyager dans l’atelier, passant d’un christ de deux mètres cinquante de haut, à un ravissant triptyque religieux, sans nous attarder plus que nécessaire sur quelques tableaux bien bretonnants, pas si rares que cela dans la région, mais pleins de charme. Ce qui est passionnant , c’est d’échanger avec Valérie Lesaige, qui vous parle de son métier, avec, dans les yeux, l’étincelle de gourmandise qu’aurait une petite fille trouvant un macaron à la violette. Si vous voulez vérifier cela par vous-même, venez lui rendre visite à son atelier de Pacé ou encore bientôt dans le centre-ville de Rennes, à l’occasion de la brocante des Lices le dimanche 18 décembre, vous ferez connaissance avec une artiste passionnée.