Unidivers a eu la surprise de recevoir un message de Georges Guitton, rédacteur en chef du bimestriel Place Publique (voir le message en son entier au pied de la présente page). Il évoque l’un de nos articles qui met en exergue une concurrence rude entre le bimestriel et Le Mensuel de Rennes. Pour étayer notre thèse, nous mettions en valeur le choix d’un sujet très proche (la gauche au pouvoir à Rennes) dans leurs colonnes respectives. Rien de plus. Notre but était de montrer que les deux revues se marquaient à la culotte…comme font tant de journaux. Certes, nous laissions entendre que Place publique avait peut-être été inspirée par Le Mensuel. Mais comme d’autres journaux locaux ou nationaux le sont par leurs confrères. C’était juste une idée, une supputation, une réflexion que nous sommes en droit d’exprimer, liberté de la presse oblige. Etant donné que nous respectons notre confrère, nous tenons à répondre point par point à l’expression de son courroux. Avec toute la courtoisie qui s’impose.

« Comme je constate que votre papier perdure sur votre site en dépit des nombreuses contre-vérités qu’il comporte, je me résous à contre-coeur à apporter quelques précisions… »

Quelles contre-vérités comporte ce papier ? Est-ce une menace de votre part afin que nous supprimions cet article d’Unidivers ? Nous osons croire le contraire et souhaitons que vous lisiez cette réponse avec raison à défaut de le lire avec coeur.

 « …leur hâte à éditer une nouvelle publication », dites-vous en parlant de Rennes Métropole. Les faits: « Place Publique » est une revue éditée par l’association Place des Débats, laquelle est en partie subventionnée par Rennes Métropole. Cette dernière n’est évidemment ni l’éditrice ni la responsable de la publication Place Publique… »

Où avez-vous lu que nous affirmions que Rennes métropole était l’éditrice et la responsable de la publication ? Nous avons simplement rappelé que l’agglomération, en sus de ses autres publications, soutenait financièrement Place publique. Un soutien qui pose d’ailleurs problème à plusieurs de nos élus et à nombre d’administrés. Pour s’en convaincre, il suffit de lire Ouest-France, dont certains journalistes travaillent d’ailleurs au sein de la rédaction de PP.
Dans son édition du 18 décembre 2010, le quotidien, sous le titre « La subvention à la revue fait débat », rapportait les inquiétudes de Bruno Chavanat (UMP). « Cette revue n’a pas trouvé son public, bénéficiant de 15 euros de subvention par numéro vendu 10 euros. Elle n’a pas trouvé sa vocation. Je n’y vois pas de débat pluraliste. Nous avons besoin de savoir comment elle se diffuse, mais elle n’est pas inscrite pas à l’OJD. Il ne serait pas raisonnable de continuer un financement à ce niveau (ndlr : Rennes Métropole a voté ce jour-là une subvention de 150 000 euros pour le bimestriel pour six numéros d’une valeur de 230000 euros en 2011). » Ce à quoi Sylvie Robert répondait pour Rennes métropole  « il y a au contraire “une vraie diversité des approches avec des regards très divers. Quant au nombre de ses lecteurs, il faut lui laisser un peu de temps. »
Étant donné que Place Publique est subventionné à plus de 80% par l’agglo rennaise (chiffre que vous n’avez pas démenti), un calcul rapide nous permet de conclure, cher Monsieur, que vous avez moins de 20% d’indépendance. A partir de combien de pour cent le soutien d’une collectivité induit-il une concurrence déloyale à l’égard des autres journaux non subventionnés ? D’une manière générale, à partir de combien de pour cent le soutien devient-il inféodation ? A notre humble avis, 25 ou 30%, allez même 40%, d’aides extérieures (subventions, mécènes, partenariats), constitue un maximum pour délivrer une information en accord avec sa conscience et non avec des intérêts partisans. Unidivers a de la marge : notre magazine est 100% indépendant. Imaginez-vous que c’est beau et que nous en sommes heureux.

« …Quelques semaines plus tard dans les kiosques », dites-vous. Les faits: Le Mensuel est né en mars 2009. Le premier numéro de « Place Publique » a paru en septembre 2009, soit quelques mois plus tard. Il ne s’agissait en rien d’une « surprise » comme vous dites… »

 Nous ne voyons pas beaucoup de différence entre quelques semaines et quelques mois. Mais sans doute aimez-vous « chipoter ». Du reste, vous avez raison et vous confortez au final notre hypothèse. Alors que votre magazine existait déjà à Nantes, un délai de six mois vous aura permis d’arriver dans les kiosques rennais à côté du Mensuel de Rennes.

 « Il a fallu attendre plusieurs numéros de Place Publique pour que le magazine indique ouvertement dans ses pages que son existence est redevable du soutien la ville de Rennes », écrivez-vous dans la note 1. Les faits: dès les premiers numéros de Place Publique nous faisons figurer en page trois la mention « avec le soutien de Rennes Métropole ». Et non de la Ville de Rennes comme vous l’écrivez.»

Que veut dire “dès les premiers numéros” ? Soutiendriez-vous que le premier numéro de PP affichait la mention « avec le soutien de Rennes Métropole » ? Soutiendriez-vous que le deuxième l’affichait ? À moins que les exemplaires en notre possession soient des contrefaçons, force est de constater que vous formulez une contre-vérité, pour reprendre un mot qui vous est cher. La réalité : dès que les contribuables et la presse ont eu vent de l’énormité de votre financement par l’agglomération, le scandale a point ; vous vous êtes dès lors empressé de l’étouffer en reconnaissant le soutien décisif que vous apporte Rennes Métropole. Cher Monsieur, ce n’est pas une honte de ne pas être indépendant, mais c’en est une de prétendre qu’on l’est.

« …on se marque à la culotte », dites-vous. Les faits: nous avons d’autres chats à fouetter. »

Voyons, Monsieur le rédacteur, un peu d’égard pour vos confrères ! Comme tout bon journaliste, vous suivez ce que font les autres journaux. C’est une question de culture et d’ouverture d’esprit. Dans le cas contraire, vous gagnerez à changer le titre de votre revue. Peut-être n’avez-vous pas les moyens de vous acheter le Mensuel dont le prix est pourtant plus modique que votre publication. Dans le cas où vous assureriez votre poste de rédacteur en chef à titre bénévole, faites le fonds de vos poches ou bien demandez une subvention !

« les unes des deux périodiques du mois de novembre », etc. Rapprochement hasardeux. Les deux sujets n’ont que peu de rapport : dans un cas, un dossier sur trente ans de pouvoir municipal socialiste dans l’Ouest de la France, dans l’autre les réseaux socialistes de la ville de Rennes, ici et maintenant. Avouez que l’on n’est pas sur la même échelle de temps et d’espace. »

Dans votre dossier, vous vous éloignez de Rennes et c’est tant mieux. Vous avez les moyens de le faire…(vous avez dans votre réseau des journalistes qui travaillent sur Nantes). Mais nous continuons à croire que vous avez travaillé sur le même sujet, quand bien même l’angle et la lecture diffèrent. Par ailleurs, c’est tout à fait votre droit…

 « l’un s’est fortement inspiré de l’autre », écrivez-vous. C’est évidemment risible et gentiment paranoïaque. L’idée que l’un des deux titres aurait à craindre de l’autre est d’ailleurs grotesque tant il est vrai que la visée, le lectorat, le choix journalistique, le format, la périodicité, le modèle économique de ces deux médias sont différents. »

Cher Monsieur, nous vous demandons juste un peu de respect pour notre discernement. Nous persistons à croire que votre principal concurrent reste Le Mensuel et non Ouest-France ni Le Télégramme. Nous vous le concèdons bien volontiers : Le Mensuel ne jouit pas des mêmes moyens que PP et ne bénéficie d’aucune subvention.

A signaler aussi que le thème « La gauche dans les villes de l’Ouest depuis 77″ traité en commun avec « Place Publique Nantes » était programmé depuis plus d’un an, comme était programmée depuis fort longtemps la date du colloque organisé par « Place Publique » sur ce thème le 19 novembre à Nantes, date dont a dépendu la publication de ce numéro. Alors votre scénario du rédacteur en chef ayant eu vent de la Une du Mensuel, tient de l’élucubration. Tout le reste de votre papier repose sur cette base erronée et forge une théorie complotiste totalement inepte pour qui connaît réellement les rouages des médias locaux.»

Retenez, cher Monsieur, ce ton irrespectueux que nous ne saurions tolérer en cette… place publique. Comme écrit plus haut : nous nous interrogions sur une coïncidence entre deux sujets traités à la une des deux revues. Ce n’est juste qu’une interrogation qui ne mérite guère une réaction aussi emportée… En revanche, votre empressement à nous répondre 
nous conforte dans notre idée.

« …aborder la question d’une manière différente », dites-vous sous forme de conseil à notre adresse. Risible, là encore. Car si vous avez bien lu les productions du « Mensuel » et de « Place Publique » de ce mois de novembre, il est évident que les choses sont effectivement abordées d’une manière différente. Nous ne nous sommes pas préoccupés ici des affaires politiques rennaises, mais avons tenté en recourant à des historiens et des politistes sérieux d’apporter un savoir beaucoup plus large concernant la notion de « gauche municipale ».

Il est encore heureux que les choses soient abordées différemment ! Il reste donc du pluralisme à Rennes. Bien entendu, nous ne perdrons pas de temps à recenser les attaches politiques de vos contributeurs pour vérifier si l’équilibre est respecté… En revanche, nous avons toujours du mal à croire à l’indépendance d’un journal… quand il se penche sur les affaires politiques d’une collectivité qui le soutient financièrement à plus de 80%…
 Certes, vous nous trouverez taquins.

« rédac’ chef du trimestriel », écrivez-vous. Les faits : nous sommes un bimestriel.»

Vous constaterez que le chapeau de l’article mentionnait « bimestriel ». Pour le dernier paragraphe, nous avons bien volontiers corrigé. Sans doute ce lapsus traduit-il un ardent désir de voir l’argent des contribuables épargné.

Comme vous l’aurez remarqué, cher Monsieur, nous avons pris le temps de répondre point par point à vos remarques. Remarques que nous oserons juger plus suggestives que démonstratives. Qu’importe : il nous est essentiel de respecter le contradictoire ainsi que nos confrères, qu’ils soient de Rennes ou d’ailleurs, qu’ils soient indépendants ou dépendants, qu’ils soient bénévoles ou non. L’important pour nous est d’éviter de verser dans la virulence. Quel que soit le sujet, nous exercerons toujours notre liberté d’expression et de penser en toute sérénité (mais non sans humour). C’est cette liberté d’expression qui sous-tend la rédaction de l’article sur lequel portent votre commentaire et notre réponse. C’est également cette liberté d’expression qui préside au destin d’Unidivers d’être une agora publique où chacun a loisir de rencontrer l’autre, quelle que soit sa sensibilité culturelle, politique ou spirituelle. Enfin, nous vous remercions pour la légitimité que vous nous accordez aux yeux du grand public et des Rennais en particulier. Cela nous encourage à poursuivre notre travail au-delà des idées partisanes et des enveloppes de subventions délivrées ici ou là.

Cordialement,

JCC & NR

Georges Guitton :

“Comme je constate que votre papier perdure sur votre site en dépit des nombreuses contre-vérités qu’il comporte, je me résous à contre-coeur à apporter quelques précisions:

– »leur hâte à éditer une nouvelle publication », dites-vous en parlant de Rennes Métropole. Les faits: « Place Publique » est une revue éditée par l’association Place des Débats, laquelle est en partie subventionnée par Rennes Métropole. Cette dernière n’est évidemment ni l’éditrice ni la responsable de la publication « Place Publique ».
– »quelques semaines plus tard dans les kiosques », dites-vous. Les faits: Le Mensuel est né en mars 2009. Le premier numéro de « Place Publique » a paru en septembre 2009, soit quelques mois plus tard. Il ne s’agissait en rien d’une « surprise » comme vous dites.
– »il a fallu attendre plusieurs numéros de Place Publique pour que le magazine indique ouvertement dans ses pages que son existence est redevable du soutien la ville de Rennes », écrivez-vous dans la note 1. Les faits: dès les premiers numéros de Place Publique nous faisons figurer en page trois la mention « avec le soutien de Rennes Métropole »‘. Et non de la Ville de Rennes comme vous l’écrivez.
– »on se marque à la culotte », dites-vous. Les faits: nous avons d’autres chats à fouetter.
– »les unes des deux périodiques du mois de novembre », etc. Rapprochement hasardeux. Les deux sujets n’ont que peu de rapport: dans un cas, un dossier sur trente ans de pouvoir municipal socialiste dans l’Ouest de la France, dans l’autre les réseaux socialistes de la ville de Rennes, ici et maintenant. Avouez que l’on n’est pas sur la même échelle de temps et d’espace.
– »l’un s’est fortement inspiré de l’autre », écrivez-vous. C’est évidemment risible et gentiment paranoïaque. L’idée que l’un des deux titres aurait à craindre de l’autre est d’ailleurs grotesque tant il est vrai que la visée, le lectorat, le choix journalistique, le format, la périodicité, le modèle économique de ces deux médias sont différents.
A signaler aussi que le thème « La gauche dans les villes de l’Ouest depuis 77″ traité en commun avec « Place Publique Nantes » était programmé depuis plus d’un an, comme était programmée depuis fort longtemps la date du colloque organisé par « Place Publique » sur ce thème le 19 novembre à Nantes, date dont a dépendu la publication de ce numéro. Alors votre scénario du rédacteur en chef ayant eu vent de la Une du Mensuel, tient de l’élucubration. Tout le reste de votre papier repose sur cette base erronée et forge une théorie complotiste totalement inepte pour qui connaît réellement les rouages des médias locaux.
– »aborder la question d’une manière différente », dites-vous sous forme de conseil à notre adresse. Risible, là encore. Car si vous avez bien lu les productions du « Mensuel » et de « Place Publique » de ce mois de novembre, il est évident que les choses sont effectivement abordées d’une manière différente. Nous ne nous sommes pas préoccupés ici des affaires politiques rennaises, mais avons tenté en recourant à des historiens et des politistes sérieux d’apporter un savoir beaucoup plus large concernant la notion de « gauche municipale ».
– »rédac’ chef du trimestriel », écrivez-vous. Les faits: nous sommes un bimestriel.”

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