Trente ans ! Cela fait trente ans que Mad Max est resté sur le bord de la route. Alors que le quatrième opus Fury Road (sélectionné hors compétition au Festival de Cannes) sort ce jour sur les écrans, revenons sur les trois premiers films qui ont marqué durablement toute une génération de cinéphiles et de cinéastes.


Mad Max
(1979)

mad max fury road cinemaDans un futur dystopique, l’essence est devenue une denrée rare et des hordes motorisés terrorisent la population sur les routes et dans les campagnes. L’état à crée une force spéciale, la MFP (Main Force Patrol). Max est policier au sein de la MFP. Avec son ami et collègue Goose et quelques autres il tente de faire respecter la loi dans un monde en proie au chaos. Un dangereux criminel s’évade d’une prison et tue un policier avant de lui voler son véhicule. Le Nightrider met en échec ses poursuivants avant d’être pris en chasse par Max au volant de son Interceptor, course poursuite qui se terminera par la mort du criminel. Quelques jours plus tard une bande de motards arrive pour venger le Nightrider, ils vont s’en prendre aux amis et à la famille de Max, dès lors ce dernier va prendre la route et les armes afin de rendre la justice.


We
‘re gonna give them back their heroes

madMad Max réalisé en 1979 se positionne à la croisé de deux genres : le « road movie » et le « Vigilante Flick ». Genres très en vogue aux USA dans les années 70 et 80. L’un pour son message de liberté et l’autre pour l’exorcisation des pulsions meurtrière d’une nation au bord du gouffre. Si Mad Max s’inspire de ses prédécesseurs comme Easy Rider (1969), c’est surtout au Vanishing Point (1971) de Richard Sarafian que le film de Miller emprunte le plus. Mais si Kowalski le héros de Vanishing Point est un hors-la-loi épris de liberté face à une autorité toujours plus restrictive, le héros de Mad Max est de l’autre côté de la barrière, un policier face à une horde sauvage motorisée. Fini le temps des gentils motards tourmentés tel Brando dans LÉquipée sauvage (de László Benedek en 1953), les criminels de Mad Max sont eux pour le coup de véritables tueurs, violant, assassinant et pillant tout ce qui se présente. George Miller réalise le pendant négatif du film de mad max fury roadSarafian, avec un héros policier, mais surtout il enfonce le clou avec une mise en scène totalement folle, filmé au ras de la route et des véhicules, monstres de puissance, dans des scènes d’actions spectaculaires se terminant le plus souvent par des cascades éblouissantes. Si la route est le personnage principale du film, le rôle tenu par Mel Gibson va devenir peu à peu (aux yeux du public) ce qu’il ne souhaitait pas, un héros, vengeur et implacable, c’est là que le film de Miller rejoint en partie le genre « Vigilante Flick », popularisé à partir de 1974 avec Un justicier dans la ville interprété par Charles Bronson et quelques années plus tard dans le film de John Flynn Rolling Thunder (1977). Une fois la frontière passée, Max n’aura plus qu’un seul compagnon : la route.

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Les désillusions politiques de par le monde ont toujours amené le cinéma à se renouveler, à aller plus loin. Ce n’est pas un hasard si les années 70 ont été la décennie la plus riche en termes de création cinématographique (pour l’essentiel aux Etats-Unis). La guerre du Vietnam, les trahisons des chefs d’état (Nixon en tête) les crises pétrolières… Le bouleversement arrive avec des films comme La Dernière Maison sur la gauche (1972), L’Exorciste (1973), Massacre à la Tronçonneuse (1974), Taxi Driver (1975), mad max fury road horaires filmApocalypse Now (1979) et bien sûr Mad Max. Les metteurs en scène innovent et repoussent les limites pour accoucher d’oeuvres violentes et radicales s’attirant les foudres de la censure, notamment en France. En effet, pendant presque dix ans certains films resteront invisibles en dehors de certains festivals et encore  étaient-ils le plus souvent projetés dans des copies tronquées, l’exemple le plus flagrant reste le film de Tobe Hooper Massacre à la Tronçonneuse qui n’arrivera sur nos écrans qu’en 1982, tout comme Mad Max. Le film interdit pendant trois ans dans l’hexagone n’obtient son visa qu’en 1982. Il sortira donc  sur les écrans la même année que sa suite Mad Max 2.

The Road Warrior (1981)

Le monde est devenu un chaos généralisé et l’essence un bien pour lequel on tue. A bord de son véhicule Interceptor Max erre sur les routes désertiques à la recherche du précieux liquide. Il croise le pilote d’un autogire qu’il fait prisonnier, ce dernier marchande sa vie en échange de laquelle il emmènera Max dans un lieu où l’on trouve des tonnes d’essence. Arrivé aux abords de la raffinerie Max mad max fury roadbande annoncesse rend compte qu’il sera difficile d’y pénétrer, cette dernière est assaillie jour et nuit par une horde de pillards menée par leur chef : l’imposant seigneur Humungus. Après plusieurs tentatives, Max réussi à s’imposer au sein de la communauté et leur propose un marché, contre de l’essence il leur ramènera un camion capable de tracter une citerne afin de quitter le désert. Mais la partie est loin d’être gagnée pour les deux camps.

Western moderne

Deux ans après le succès incroyable de Mad Max, George Miller met donc en chantier une suite encore plus folle. Pour les uns la survie, pour les autres contrôler l’essence qui leur donnera le pouvoir. Miller reprend tous les codes du western et les réadapte à son monde post-apocalyptique, mad max cinemala route à remplacé les pistes, le cow-boy solitaire n’a plus de cheval mais un véhicule motorisé ultra puissant… En guise d’Indiens nous avons une bande de néo-punks tout de cuir vêtus, tendance bondage entre cordes et chaînes. La communauté regroupée dans la raffinerie représente le fort assiégé luttant pour une certaine idée de la liberté. Tous ces aspects western culminent dans la scène finale, le camion-citerne lancé sur la route (piste) et pourchassé (attaqué) par les pillards punks (indiens, mexicains) renvoyant inévitablement aux scènes très célèbres d’attaques de diligence, notamment dans le film La Chevauchée Fantastique de John Ford (1939). De plus les cascades deviennent de véritables scènes chorégraphiées, les corps volent, les membres s’arrachent, les têtes explosent, un déchaînement de violence, mise en scène avec brio par George Miller qui nous embarque dans un final de vingt minutes qui met à terre toutes les scènes de poursuites de voitures au cinéma, aussi bien Bullit que The French Connection. Rappelons que la technologie numérique n’existait pas alors et que tout ce faisait sur le plateau, cascades, explosions, effets spéciaux et maquillages, en outre les caméras n’étaient pas aussi légères et maniables qu’elles le sont aujourd’hui, autant dire qu’avec un niveau aussi élevé de difficulté technique le cinéaste nous offre un film épique qui fini d’asseoir son personnage en tant que héros cinématographique.

Post-Apocalypse et cinéma…

film fury roadMad Max 2 n’a pas inventé le genre post-apocalyptique au cinéma. Bien avant le film de Miller on a pu voir des œuvres emblématiques comme Le Monde, la chair et le diable (1959), Je suis une légende (1964) ou bien La Planète des Singes (1968). Mais ce que Mad Max 2 apporte c’est avant tout une imagerie, désertiques et vestimentaires ; il est presque sûr qu’aucun film n’a autant influencé un genre, preuve en est la pléthore de faux remakes, pastiches, emprunts…Le plus drôle c’est que la majorité de ces films proviennent de l’Italie qui, après avoir été un des pays les plus riches en matière de cinéma, visuellement, thématiquement jusqu’à la fin des années 70, connait dans les années 80 une véritable panne d’inspiration, concernant le genre post-apocalyptique on ne citera quelques nanars difficilement regardables MM8aujourd’hui : Les Guerriers du Bronx (1982), 2019, après la chute de New York (1983), Le Gladiateur du futur (1983). En deux films Georges Miller a donc, lui, assis sa réputation dans le milieu du cinéma, démontrant avec talent sa maîtrise de l’action, du cadre et de la narration (écriture) chose qu’il poussera encore plus loin avec le « dernier » volet de la trilogie Mad Max.

Au-delà du dôme du tonnerre (1985)

mad max La guerre nucléaire a achevé la civilisation, l’essence à disparue. Max sillonne le désert tractant un véhicule à l’aide de dromadaire. Il se fait attaquer par un pilote et voler tous ses biens. En suivant la piste du voleur il arrive dans un semblant de ville appelé « Bartertown » (la ville du troc). La ville est dirigée par Aunty Entity qui, par le biais du troc, essaie de faire renaître un peu la civilisation. Max se voit proposer un marché : éliminer une personne importante au sein de la communauté de « Bartertown » en échange de quoi il pourra récupérer son matériel, son véhicule et même du carburant, ce dernier étant créé à partir d’excréments de porcs. Malheureusement pour Max il ne pourra honorer son contrat et ses actions vont le mener bien au-delà du fameux dôme du tonnerre…

 We Don’t Need Another Hero

mad-max-trilogie-miller-fury-roadCette fois George Miller triple le budget du film, ce qui lui permet la construction de décors atypiques comme la ville « Bartertown » et son sous-sol, véritable usine / porcherie servant à produire le précieux méthane. Mais également la caverne au bord de l’eau, lieu de vie de la communauté d’enfants ou bien encore les débris d’un avion de ligne ensablé dans le désert. Tout cela offre une nouvelle vision de l’univers de Mad Max, nous dans un film désertique mais qui pour une fois propose une alternative, un espoir pour l’homme. Les enfants qui sauvent Max, le prennent au départ pour le pilote (Walker) Messie venu les délivrer et les emmener loin. Finalement si Max s’avère n’être qu’un homme (un survivant) il mènera ces enfants jusqu’au bout, il est le passeur, le guide qui vous fait traverser le Styx.

mad max fury roadAprès l’action violente et sans pitié des deux premiers films, Miller adouci le propos, se permettant des touches d’humour ne gâchant en rien le plaisir du film. De plus la bande originale n’est plus signée Brian May, lequel réalisa pour les deux premiers opus un véritable travail hommage à Bernard Herrmann notamment lors de la poursuite finale de Mad Max 2. Cette fois-ci le cinéaste s’offre les talents de Maurice Jarre pour orchestrer ce chaos désertique, et qui serait mieux placé que l’auteur de la musique du film Lawrence d’Arabie pour effectuer ce travail ? Enfin, Mad Max ne serait pas Mad Max sans une scène de poursuite, réjouissons-nous car George Miller nous invite a un final grandiose, plein d’humour, de cascades toujours aussi hallucinantes, dans des paysages désertiques et magnifiques, sa caméra toujours collé à la gomme et aux pare-chocs, le tout se terminant évidemment en une brillante apothéose, laissant une fois de plus Max seul sur la route, mais cette fois-ci avec une note d’espoir, un avenir possible pour le plus célèbre guerrier de la route. We Don’t Need Another Hero chante Tina Turner, finalement cela n’est pas si sûr…

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Tarik Messelmi
Depuis longtemps passionné de littérature, avec une préférence pour le roman noir et la science-fiction, la liste est longue et les découvertes toujours intéressantes.

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