L’orchestre de Bretagne et l’opéra de Rennes pour une Traviata en plein air…

Après la réussite des représentations en salle, l’événement de l’année pour l’opéra de Rennes était bien évidemment cette représentation en extérieur. Les retentissants succès des années précédentes avec « L’enlèvement au sérail »  et « Don Giovanni » avaient aiguisé les appétits et il était certain que les Rennais allaient se rendre nombreux à la place de la mairie… ce qui eu lieu.

Dés l’après-midi, les premiers jusqu’au-boutistes avaient commencé à installer des pliants et autres chaises de camping afin de s’assurer d’être face à l’écran et bien situés par rapport à la sonorisation. À 19h45, les choses avaient pris une autre dimension puisque dans les rues qui convergent vers l’Hôtel deVille, des groupes avaient adopté le pas de charge et, en quelques instants, la place de l’opéra était remplie d’une foule impatiente.

Bien entendu, avec le désistement de la cantatrice Maïra Kerey, sa remplaçante était attendue avec gourmandise ; et cela d’autant plus qu’elle arrivait précédée d’une excellente réputation et une assez jolie collection de retentissants succès glanés à Montréal ou Rome l’an dernier. Elle tiendra le rôle de Fiordiligi du Cosi fan tutte à Garnier l’année prochaine ainsi que celui d’Alcina de Georg Friedrich Haendel – une pointure ! – susurrait-on avec un air entendu dans les milieux avertis…

Nous en sommes restés émerveillés ! Madame Myrto Papatanasiu nous a donné à regretter qu’elle n’ait pas été présente plus tôt. Il faut le reconnaître plus encore qu’une chanteuse, elle a les attitudes d’une splendide tragédienne et tout au long de sa délicate interprétation, elle nous fait aborder aux rivages lumineux de sa Grèce natale. Il y a quelque chose de l’inoubliable Maria Callas dans cette cantatrice, même s’il ne suffit pas d’être cantatrice et Grecque pour être Callas.

Elle possède un réel sens des nuances et apporte dans son chant force ou douceur avec une confondante facilité, elle vit réellement son personnage, elle l’incarne ; c’est en cela qu’elle nous entraîne dans sa vision. Ses aigus ne sont pas détachés de la ligne mélodique, mais se positionnent dans son parfait prolongement. Suprême compliment pour une artiste, elle permet aux chanteurs qui l’entourent d’être meilleurs encore. Leonardo Caimi alias Alfredo Germont parait libéré, plus à l’aise que lors de la première de lundi dernier. Sophie Pondjiclis montre un enthousiasme qui donne une nouvelle épaisseur à son personnage. Quant au sympathique Jean Vincent Blot, il laisse éclater son plaisir de chanter. Notre plaisir était aussi au rendez-vous.

Il serait injuste de ne pas féliciter les chœurs, constants et excellents tout comme l’orchestre, appliqué et professionnel. Comment s’étonner alors de l’enthousiasme manifesté lors de l’apparition des interprètes au balcon de l’opéra, c’est une puissante ovation qui salue ce nouveau et éclatant succès de l’orchestre de Bretagne et de l’opéra de Rennes. Nous avions aimé ce qui était bien, Madame Papatanasiu nous a montré ce qui est grand, elle laissera à Rennes un souvenir ému et le profond désir de suivre une carrière qui promet d’être intéressante.

 Hier soir, place de la mairie, à Rennes, nous avons reçu une grande leçon de chant.

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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