Bruxelles/Brussel était à l’honneur, mardi soir, lors de la soirée d’ouverture de Travelling (voir notre article de présentation) organisé au Liberté (discours et libations) et Gaumont (projections). Après les discours d’usage, le représentant de la Belgique a salué le public à l’aide d’un vocabulaire franc-maçonnique. Il a touché son petit monde par son expérience intime de Bruxelles et… Paris.

Au Gaumont à 21h, les invités n’ont pas eu à s’acquitter du couteux tarif pratiqué par cet établissement en temps normal. La séance a débuté par par une présentation du programme par les organisateurs et des invités présents du festival tels que Jaco van Dormael (le père de Toto le héros). Puis vint la projection en file indienne de 6 courts-métrages :

Je suis votre voisin de Karine de Villers (1990). Cette ethnologue de formation introduit son premier court-métrage personnel et de la soirée. Le comique belge était parfaitement au rendez-vous dans ce quartier populaire de Bruxelles : mélange de dérision loufoque, d’humanité et simplicité touchantes, d’espoirs caressés et brisés. Si le rire était bien au rendez-vous (le néologisme de ‘gloutoncratie’ est savoureux), le choix de personnages uniquement caricaturaux met à mal l’exigence de neutralité ou pluralité de l’ethnologue. Une posture de la réalisatrice qui nous semble quelque peu bancale. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que la réalisation date de 1990.

Saida a enlevé le Manneken Pis d’Alfred Machin (1913). Bien sympathique ! Une possible source d’inspiration féline pour L’impossible Monsieur Bébé d’Howard Hawks (1945)…

Mille et une films (1989) d’André Delvaux. Ce titre résonne bien à Rennes, en particulier aux oreilles de Gilles Padovani, même si – convenons-en – cette dernière réalisation de Delvaux est d’un intérêt relatif (malgré la présence de la sublime Louise Brooks). On aurait tout de même souhaité des applaudissements (d’estime) plus nourris pour cet immortel du cinéma qu’est Delvaux.

Chromophobia de Raoul Servais (1965). Une technique réussie et un style efficace pour un contenu antimilitariste quelque peu vieilli. Claude Piéplu aurait aimé cette Révolution des oeillets.

 E pericoloso sporgesi de Jaco Van Dormael (1984). Un beau déroulé schizophrénique personnel et social nourri de références (on pense à Camus et Ce matin maman est morte, le verre qui occupe l’enfant dans la fin de Stalker, Les roses blanches, voire des touches de Cronenberg).

Walking on the Wild Side de Dominique Abel et Fiona Gordon (2000). Le couple burlesque aux corps parlants, enfants spirituels de Tati et Keaton, rayonne comme une berlue nostalgique sans jamais verser dans le réactionnaire.

Retour au Liberté ensuite où les vins proposés étaient loin d’être à la hauteur de la précédente nourriture visuelle. Heureusement, bières et frites sont réunies toute la semaine pour réjouir les babines des festivaliers et de tous les Rennais qui affectionnent nos cousins vallons et… flamands.

Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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