Entre les farouches opposants du travail du dimanche et les défenseurs de cette solution, la question n’a pas été posée correctement entre les trois parties qui devraient en débattre : clients, salariés, patrons – avec leurs représentants respectifs. Petit état des lieux.

Certains vont crier au loup face à l’ouverture de Bricorama. C’est vrai, on ne peut pas nier que dans la grande distribution, fût-elle de bricolage, le travail du dimanche n’est pas négocié d’égal à égal avec la direction. Il y aura toujours des personnes qui chercheront la petite prime du dimanche et ne rechignerons pas au sacrifice, mais d’autres préféreraient le passer en famille.

En famille… ou bien à faire des courses qu’il n’était pas possible d’effectuer en semaine à cause d’horaires tardifs ou le samedi, car c’est le jour d’engorgement dans les magasins. Oui, vous savez, ces grandes surfaces qui attirent le consommateur avec des prix d’attaque et ont fait fermer tous les commerces de proximité qui permettaient de trouver de quoi ravitailler le frigo le soir en revenant du travail. Oh, je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans… Bref, le consommateur voudrait bien le beurre et l’argent du beurre. Et encore, c’est sans parler des régions où les commerces ferment traditionnellement à 17h.

Et puis il y a le patron qui dit vouloir offrir un service en ouvrant le dimanche, mais qui veut surtout augmenter ses bénéfices avec cette nouvelle clientèle dominicale, en coupant si possible l’herbe sous le pied du concurrent. C’est la loi de l’offre et la demande, et nous l’avons tous tacitement accepté. Ajoutons à cela une loi sur le travail le dimanche qui révèle du bricolage – avec ce qu’il faut de dérogations et d’alinéas –, et notre société se retrouve en la matière devant un imbroglio judiciaire et législatif. Ajoutez à cela la définition de zones géographiques et d’habitudes de consommation, on se retrouve dans l’illisibilité la plus totale.

A titre de comparaison, c’est le grand-écart en Europe : entre l’interdiction totale en Autriche et la liberté en Angleterre ou en Suède. En Belgique c’est 3 dimanches par an, sauf stations balnéaires. Au Danemark, on privilégie uniquement les supérettes ayant un chiffre d’affaires inférieur à 4 millions d’euros. En Grèce, ce sont les petites épiceries qui sont privilégiées. Etc.

Cette décision autour du travail du dimanche pourrait permettre de remettre à plat notre consommation et favoriser les commerces de proximité, l’artisanat et les PME qui pourraient se retrouver sans une concurrence déloyale pendant ces journées, le choix restant à chacun. Dans une veine corollaire, on pourrait également se poser la question des administrations et services ouverts durant des créneaux horaires où les salariés… travaillent. Conclusion en forme d’écueil : voilà une France coupée en deux, entre ceux qui travaillent en horaire « décalé » et les autres.

Au fond, plus on offrira de « confort » au consommateur, plus il voudra toujours plus d’horaires d’ouverture, de jours… Mais en avons-nous réellement besoin ?

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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