Rennes, ville de Rock. Il y a trente-trois ans, qui l’aurait cru ? Dans cette ville bourgeoise, où les chignons façon grand-maman tenaient encore lieu de coiffure standard, il fallait être un peu fêlé pour créer les Trans Musicales. Mais grâce à l’énergie des Bordier, Macé et Brossard, le festival est désormais ancré dans la ville.

Durant un week-end prolongé, une horde de musiciens débarquent dans la cité rennaise, arrivant tout droit de New York, de Finlande ou encore d’Australie. Dans la ville, les Rennais croisent des hommes et des femmes aux blousons de cuir et aux jeans délavés, avec en guise de talismans autour du cou : des passes droits marqués du sceau Trans.

L’air dégagé, les cernes sous les yeux, l’haleine fétide et la démarche de « branleurs », on les aime nos musicos, nos rockers, nos chanteuses et nos groupies. Il y a un je-ne-sais-quoi de concerts à ciel ouvert dans le centre-ville. C’est Franck Margerin et sa clique qui déboulent. C’est Métal Hurlant qui rugit salle de la cité et c’est Kurt Cobain qui ressuscite. Les Trans revivent une fois l’an pour donner à Rennes ses lettres de noblesse. Dans Libé, les journalistes parlent de nous. Dans les Inrocks, les critiques en font des tonnes et dans Le monde, on glose sur le phénomène des Trans.

Loin de nous de faire du reno-rennais, mais bon… Il suffit de voir Stéphane Eicher le sourire aux lèvres à la Trinquette. Il suffit de croiser Yann Tiersen un brin fatigué sur les trottoirs rennais pour se dire : « Moi, je l’aime ma ville ». Bien sûr, il existe bel et bien des chroniqueurs parigots jetant l’opprobre sur nos nuits festives. Un brin bobos, ils ne supportent pas le mélange des genres, l’hétérogénéité des aficionados des Trans. Mais au diable le snobisme, Rennes a besoin des Trans comme une bouffée de rock dans l’hiver pluvieux.

Car les Trans, c’est la pluie qui tombe sur les contrebasses et qui mouillent les visages des étudiantes à la mèche rebelle. Les Trans, c’est un porche glauque où l’on fume une clope en prenant la pose. Les Trans, c’est un bar miteux, le 1929, où les rencontres sont improbables entre le quinquagénaire blanchi par l‘alcool et le jeune « raveur » au look de militaire junky.

Dans quelques semaines, nous retrouverons les Trans pour sa 33e édition du 30 novembre au 4 décembre. Cinq jours de folie s’achevant toujours un dimanche dans les brumes musicales, teintées de fêtes, de gueules de bois et de libations en tous genres. Et c’est tant mieux et tant pis pour les grincheux.

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