TOO GOOD TO GO est une application dont l’objectif est de réduire le gaspillage alimentaire. Pour cela, elle propose d’aider les commerçants à écouler leurs invendus en les mettant en vente sur la plateforme de l’application à prix bas. Elle connaît un succès croissant et est présente dans 9 pays. En Bretagne plus de 27 000 repas sauvés à Rennes, 20 000 à Brest ainsi qu’une forte activité à Vannes, à Saint-Malo, etc. Une application engagée, aux avantages économiques et écologiques multiples qu’Unidivers.fr a testée pour vous.

too good to go

 

Petit historique : imaginée par Lucie Basch, l’application Too good to go (TGTG) voit le jour au Danemark en janvier 2016 où elle connaît un succès immédiat. Surfant sur cette vague, elle franchit les frontières et se retrouvent la même année en Norvège, en Allemagne, en Angleterre et en France. Faisant appel au financement participatif sur la plateforme KissKissBankBank, Lucie Basch reçoit 12 000 € de dons qui lui permettent de se lancer dans l’Hexagone à Lille, Paris et Bordeaux, avant de finalement conquérir des centaines d’autres villes françaises.

too good to go

Entre image de marque, intérêt économique et/ou réelle volonté écologique, il est parfois difficile de connaître les réelles motivations d’un commerçant, mais une chose est certaine : l’engouement pour l’appli to good to go est impressionnant (1600% de croissance annuelle du chiffre d’affaires), elle a déjà permis le sauvetage de plus de 3 millions de repas, soit l’équivalent de 6644 tonnes de CO² économisés (*équivalences FAO et ADEME). L’entreprise, dans son manifeste, dit chercher

à sensibiliser et à éduquer chacun, tout en lui donnant des clés d’action simples pour changer ses réflexes de consommation.

 

too good to go

Comment ça marche ?

1- L’utilisateur possédant un smartphone télécharge l’application Too good to go (AppStore ou Google Play). 2- Il se géolocalise ensuite afin de découvrir les commerçants proches de chez lui. Il obtient alors la liste des invendus disponibles dans sa ville, ainsi que le prix et les horaires de récupération des commandes. 3- Il passe sa commande en quelques clics. 4- Il se rend chez le commerçant à l’heure prévue pour récupérer le panier qu’il a prépayé via l’application.

too good to go

Sur l’application se trouvent tout type de commerçants alimentaires. Des boulangeries, de petits café-restaurants mais aussi des chaînes de restauration, des hôtels et des supermarchés (surprise : nous avons même trouvé des fleuristes, un peu par hasard à vrai dire, puisque la barre de recherches ne semble pas fonctionner d’après des mots-clés).

TOO GOOD TO GO

L’utilisateur commande un « panier surprise » composé d’invendus, qu’il passera récupérer à l’horaire indiqué dans l’appli. La constitution du « panier surprise » dépend de la quantité d’invendus du commerce et ne peut pas toujours être connue à l’avance, ce qui peut entraîner aussi bien des déceptions que de bonnes surprises. Mais pour un prix généralement compris entre 3€ et 5€, soit environ 1/3 ou 1/4 du prix d’origine du produit – dont 25% de commission prise par l’application – l’amertume pourrait vite être oubliée.

Petit bémol, les personnes ne possédant pas de smartphone ou de carte bleue – comme les grands précaires – n’ont pas accès à ce service pourtant avantageux financièrement (à noter qu’il faut également une connexion 4G ou wifi pour faire valider sa collecte par le commerçant). Néanmoins l’application donne l’opportunité à ses utilisateurs de faire des dons de 2€ pour offrir des repas aux personnes dans le besoin.

Nous récoltons ces dons, grâce auxquels nous organisons régulièrement une collecte chez des commerçants partenaires pour redistribuer ces invendus à des sans-abris, déclare Lucie Basch, la fondatrice de l’application.

L’application a davantage de partenaires commerciaux en ville, ce qui semble logique étant donné la densité de commerçants qui s’y trouvent, mais qui décevra sûrement les ruraux en quête de petites économies ou d’action anti-gaspillage.

Premier essai (mais pas le dernier !) : le petit-déjeuner de l’hôtel Mercure de Rennes Centre

Afin de nous rendre compte du fonctionnement de l’appli Too good to go, nous avons effectué une recherche géolocalisée sur Rennes, puis passé une commande auprès de l’Hôtel Mercure. L’établissement proposait un panier surprise composé d’un assortiment de viennoiseries du jour au prix de 2,99 €.

La récolte était possible entre 10h45 et 12h30. Nous nous y rendons aux alentours de 11h.

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Reçu à l’accueil de l’hôtel, nous patientons une dizaine de minutes le temps que soit confectionné notre panier par une employé de l’établissement. Sur un plateau la commande arrive : elle est constituée de 4 viennoiseries (pains au chocolat et croissants), 2 parts de quiche, 1 part de far breton, 1 part de gâteau brioché et 1 fruit. Les produits sont frais du matin et délicieux selon les journalistes gourmands de la rédaction qui n’ont pas hésité à participer au test.

L’ensemble ayant été prépayé via l’application, nous pouvons repartir avec les aliments dans notre propre sac – en effet dans un but écologique l’hôtel ne fournit pas de sacs plastique ; elle le précise dans son annonce. À réception de notre plateau gourmand, la réceptionniste de l’hôtel Mercure valide la collecte sur l’application.

Caroline Morice, secrétaire de rédaction d’Unidivers, récupère un « panier surprise » à l’hôtel Mercure

Puis nous avons été reçus par la directrice de l’hôtel Mercure, Marjorie Ferrua qui a expliqué son expérience de chef d’un établissement utilisant Too good to go. Elle précise :

J’ai inscrit en ligne l’établissement (…) et ai été mise en relation avec un employé de TGTG » avec qui elle dit avoir pu discuter de la meilleure manière de mettre en place le dispositif et « fixer les prix adéquats, en rapport avec ceux des autres commerçants proposant des paniers similaires ». Elle dit avoir accompli cette démarche « en accord avec la politique environnementale du groupe AccorHotels.

 

TO GOOD TO GO MERCURE HOTEL RENNES
Généreux petit-déjeuner de l’hôtel Mercure Centre Parlement pour 2,99 €

Chaque jour à minuit, 2 paniers surprise sont automatiquement mis en vente par l’hôtel sur l’application, à venir chercher dès 10h45. Bien que la quantité d’invendus ne puissent être mesurée qu’une fois que les clients de l’établissement aient fini leur petit déjeuner, la directrice nous affirme qu’il reste toujours de quoi faire 2 paniers bien garnis, avec un minimum de 5 pièces de viennoiserie par panier (ce que notre expérience confirme).

Hôtel Mercure Rennes too good to go
Addiction au petit-déjeuner pantagruélique de l’hôtel Mercure à Rennes …

L’application marche bien, c’est très facile d’utilisation et il y a beaucoup de monde pour sauver les repas, déclare-t-elle, près d’un an après son inscription.

Des paniers surprise aléatoires 

Il nous semble important de souligner le caractère aléatoire du contenu des paniers surprise. En effet si comme on l’a vu, le panier de l’hôtel Mercure était particulièrement copieux, celui de l’hôtel Ibis ne l’était pas autant (il était aussi un peu moins cher, soit 2,50 €). Les paniers varient également dans le même établissement selon les jours, parfois il y a de la charcuterie avec le petit-déjeuner.

APPLI TOO GOOD TO GO
Le petit-déjeuner de l’hôtel Ibis pour 2,50 €

Les paniers des supermarchés sont encore plus aléatoires puisque le nombre d’articles en vente est conséquent : on peut donc y trouver absolument n’importe quoi et donc logiquement n’y trouver absolument rien que l’on aime. On peut bien sûr offrir son panier à quelqu’un qui appréciera davantage…

Boulangerie Janvier Rennes
Panier à 3 € à la boulangerie Janvier à Rennes.

La boulangerie Janvier rue de Nemours à Rennes :

En allant à la boulangerie Janvier rue de Nemours, notre téléphone avec l’appli est tombé sur la chaussée (et a été ramené à la maréchaussée par un citoyen bienveillant !!!). Il était donc impossible de montrer et de faire valider notre panier et le commerçant ne recevant pas le nom de l’acheteur du panier… En attendant donc la fermeture et après avoir donné un horaire approximatif d’achat du panier, nous recevons finalement notre copieux panier pour 3 € (voir photo). La boulangerie Janvier a fait partie des premiers commerces rennais à adhérer au principe de Too good to go et propose 3 paniers par jour. La boulangère, satisfaite de ce principe, se désole tout de même lorsque certains paniers vendus ne sont pas collectés …

Sélectionner un commerce grâce aux filtres

Il est possible de sélectionner les commerces en fonction de certains critères :

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Cela dit au vu du nombre du peu de paniers actuellement disponibles à Rennes, si vous cherchez un panier intitulé « régime spécial », vous aurez sans doute peu de chance d’obtenir une réponse. On aimerait voir plus de commerces partenaires, mais également une barre de recherches plus efficace dans l’appli. Pour le moment, les commerces sont géolocalisés et on voit la carte avec des points verts qui nous indiquent où se trouvent les commerces ayant des paniers disponibles.

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En cliquant sur un point vert, on peut voir la fiche du commerce en question et ce qu’il propose.

N’ayant donc pas vraiment compris comment fonctionnait la barre de recherches, nous avons agrandit la carte pour voir comment se présentait les choses dans une grande ville comme Paris. Les commerces sont si nombreux qu’un chiffre en indique le nombre, puis on peut choisir son arrondissement et trouver ainsi un commerce qui nous convient : au vu du nombre de partenaires, le filtre pour semble ici plus pertinent si l’on cherche des produits vegan par exemple.

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Le gaspillage alimentaire

Le gaspillage alimentaire est l’un des grands fléaux de notre société, elle qui paradoxalement se vante souvent de son efficacité à produire. Près d’un tiers de la production alimentaire mondiale se perd entre le champ de l’agriculteur et l’assiette du consommateur. « Et ce ne sont pas juste les aliments qui sont gaspillés, mais toutes les ressources qui ont permis leur production : de l’eau aux terres cultivables, en passant par le travail. Ce qui rend le gaspillage alimentaire responsable de 8% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde », mentionne l’entreprise sur son site internet.

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À toutes les étapes de la chaîne, il y a des pertes évitables. Le gaspillage alimentaire des distributeurs (commerçants, restauration,…), auquel s’attaque Too good to go, représentait 14% du gaspillage global français en 2016. C’est aussi à ce maillon de la chaîne qu’a voulu frapper la récente loi n° 2016-138 du 11 février 2016 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire, qui oblige les grandes surfaces à faire don de leurs invendus à des associations. Les résultats de cette loi commencent à se faire sentir avec une augmentation de 22% de ce type de dons en 2 ans.

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La lutte contre le gaspillage en France peut donc sembler en bonne voie, pourtant d’autres maillons semblent encore sous-responsabilisés par la loi et mériteraient, étant donné l’urgence environnementale, d’être soumis à des normes plus strictes concernant le gaspillage. Quelques exemples de pertes évitables survenant entre le champ et l’assiette :

  • Lors de la production, les produits non-calibrés (ne respectant pas le « format standard ») sont jetés.
  • Lors du transport, de nombreux produits s’abîment.
  • En entrepôt, la chaîne du froid est parfois brisée. L’intégralité des produits est alors mise à la poubelle.
  • En usine, on compte des pertes lors de la préparation des plats cuisinés.
  • En supermarché, certains produits sont rejetés pour des causes esthétiques ou dans la « course à la fraîcheur ».
  • À la maison, le surplus d’achat, les portions trop grosses ou les oublis dans le réfrigérateur complètent la chaîne du gaspillage.

Un fléau dispendieux, car il impacte le prix des aliments. En effet le coût du gaspillage est souvent reporté sur le prix de vente. C’est donc généralement le consommateur qui paie le prix de la mauvaise gestion des produits. Au niveau national, le coût du gaspillage serait de 16 milliards d’euros par an.

À cela s’ajoute l’impact écologique du gaspillage alimentaire15,5 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an en France (l’alimentation représente 36% des émissions nationales de gaz à effet de serre).

Comme le souligne la Fédération France Nature Environnement : « Lutter contre ce scandale, c’est donc aussi favoriser le développement de systèmes d’alimentation plus durables pour tous ». Too Good to go semble faire partie de ces solutions durables, utile au portefeuille comme à l’environnement, symbole d’une écologie populaire.

Après 2 ans et demie d’activité, la filiale française compte déjà 40 employés. Présente aujourd’hui dans 9 pays du vieux continent, elle s’annonce elle-même – fort discrètement – comme « le plus grand mouvement anti-gaspi d’Europe ».

Le site de l’application Too Good to go est ici

Commerçant, vous pouvez demander votre inscription ici.

Page Facebook

covoiture appli

appli app store

 

selon l’INSEE, il y a aujourd’hui environ 140 000 personnes sans-abri en France.

https://youtu.be/2XMwZWpw1uA

Chers lecteurs, envoyez-nous des photos de vos plus beaux paniers à : caroline.morice@unidivers.fr.

TOO GOOD TO GO
Panier à 3,50 € à la boulangerie Hoche (Rennes). Dans le paquet, un délicieux gâteau au chocolat.
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