La pomme, c’est ultra-tendance depuis… 6000 ans ! C’est même à cause d’elle qu’Adam et Ève ont été chassés du paradis – merci ! Croquez-la, et vous éviterez bien des visites au médecin. Même si elle n’est pas bio. C’est en tous cas l’avis de la géographe Sylvie Brunel. Et les Bretons, qu’en pensent-ils ? Nous avons posé la question à Hervé Guirriec, Jean-Pierre Roullaud et Loïc Tréhin, qui n’ont pas peur de « Tomber dans les pommes ». Leur passionnant ouvrage épluche une cinquantaine de variétés, surtout de l’Ouest.

 

pommes L’idée de Tomber dans les pommes a germé dans la tête de Loïc Tréhin, peintre illustrateur basé à Pont-Scorff (56). Élevé dans une ferme de La Chapelle-Neuve (près de Baud), il adorait accompagner son père et son oncle, excellents greffeurs d’arbres fruitiers : « c’est en hommage à eux que j’ai souhaité faire un livre sur le sujet ». Un jour, il en parle à Gilles Thoraval. Le chanteur lui conseille de contacter Jean-Pierre Roullaud. S’il était déjà fou de pommes, c’est véritablement suite à la tempête de 1987 que Jean-Pierre Roullaud est tombé dedans. Avec une bande de passionnés, il a créé l’Arborepom à Arzano (entre Quimperlé et Lorient), un verger conservatoire pour sauver et faire fructifier une centaine de variétés locales. Depuis, il poursuit ses recherches en Cornouaille. Maintenant, 450 pommiers et une trentaine de poiriers y sont conservés.

tomber dans les pommesManquait un troisième larron, un homme à l’écriture irréprochable. Leur éditeur, Florent Patron (éd. Locus Solus) leur présente Hervé Guirriec, spécialiste du patrimoine culturel et naturel des Monts d’Arrée. Le retraité de l’enseignement agricole se consacre désormais à l’écriture et à l’apiculture. Ensemble, ils mettent au point le contenu et la maquette de leur ouvrage. Ils sélectionnent une cinquantaine de pommes et pommiers pour leur intérêt historique ou naturel. Loïc Tréhin réalise un portrait naturaliste, à l’aquarelle, de ces pommes. D’une facture classique, très fidèle à la morphologie végétale – on pense aux planches botaniques de Redouté. Elles ornent chaque page de droite.
tomber dans les pommesLa page de gauche raconte la pomme dans ses aspects culturels en général, à travers la mythologie, des expressions et des anecdotes qui en disent long sur ce fruit essentiel sous nos latitudes. Ce n’est pas un hasard si Jacques Chirac l’a prise comme emblème pour remonter sa cote de popularité ! Ni sans doute si c’est l’inspiratrice de Newton !
On apprend ainsi que l’expression « pomme de la discorde » serait apparue la première fois sous la plume d’Agrippa d’Aubigné (en 1618) en lien avec les Guerres de religion, que la pomme d’Api tire son nom d’Appius qui l’importa du Péloponnèse au IIIe siècle av. J.-C., que Apple inc., le géant de l’informatique et Apple Corp, le label fondé en 1968 par les Beatles ont fini par trouver un accord à l’amiable dans le contentieux qui les opposait depuis 1978. Ouf ! Alors, buvons un coup, buvons-en deux ! Mais du cidre, pardi ! « Buvez du cidre, vous vivrez vieux » proclamait une publicité en 1936.

pommeAu fait, d’où vient-elle, cette pomme ? Les savants se doutaient d’une origine d’Asie centrale. C’est en 2010, en décodant le génome humain, qu’ils ont acquis la certitude que les pommes venaient des montagnes célestes aux confins du Kazakhstan. Les ours auraient contribué à leur diffusion via leurs déjections qui contenaient les pépins intacts et se ressemaient ainsi. Ensuite, la pomme a pris la Route de la Soie, dans les pas de Marco Polo. Si la découverte des Amériques a enrichi notre alimentation en y introduisant le maïs, la pomme de terre et la tomate, les pommes ont fait le voyage dans l’autre sens. D’ailleurs Peter Stuyvesant, le fondateur de la Nouvelle Amsterdam (future New York) aurait été le premier à greffer un pommier sur sa ferme de Bowery – aujourd’hui quartier au sud de Manhattan.

On adore la croquer, mais il y a de multiples manières de la consommer. Notamment, à l’issue de ramaougeries (longue et festive cuisson de pommes dans le cidre) qui se perpétuent à Tremblay, à Bazouges-la-Pérouse, à Sixt-sur-Aff et à l’écomusée de la Bintinais à Rennes. Parmi les quelques recettes données au fil des pages de Tomber dans les pommes, on a très envie d’essayer celle des Romains qui mélangeaient à des pommes cuites à l’eau puis écrasées, du poivre, du cumin, du vin paillé, du garum (condiment proche du nuoc-mam, qu’ils importaient d’Armorique), un peu d’huile et de miel. Ensuite, ajoutons des œufs pour faire une patina et saupoudrons de poivre ! Avec ça, c’est sûr, on passe l’hiver sans aller voir le médecin !

Tomber dans les pommes, un livre de Hervé Guirriec et Jean-Pierre Roullaud, illustrations de Loïc Tréhin, éditions Locus Solus, 128 pages,
24, 90 €

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tomber dans les pommesLocus Solus est une maison d’édition généraliste indépendante installée en Bretagne. Les auteurs et les sujets traités touchent souvent à cette région, mais pas exclusivement, l’ouverture d’esprit, la curiosité et la passion graphique faisant partie de notre nature.

Locus Solus défend une édition de qualité à prix raisonné, où l’exigence sur la forme et le fond n’oublie jamais le plus large public. Nous privilégions le Made in France, voire très souvent le 100 % Made in Breizh, misant sur les circuits courts, les papiers et labels d’impression “verts”, la confiance de prestataires en proximité sur toute la chaîne du livre.

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Marie-Christine Biet
Architecte de formation, Marie-Christine Biet a fait le tour du monde avant de revenir à Rennes où elle a travaillé à la radio, presse écrite et télé. Elle se consacre actuellement à l'écriture (presse et édition), à l'enseignement (culture générale à l'ESRA, journalisme à Rennes 2) et au conseil artistique. Elle a été présidente du Club de la Presse de Rennes.

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