Si l’équipe des Tombées de la Nuit pilote le nouveau label Dimanche à Rennes, les rendez-vous 2016 du principal festival d’été de Rennes demeurent plus que jamais à la pointe de la culture artistique urbaine (et au bord de l’eau…). Présentation dans le fond et la forme du programme des Tombées de la Nuit du 2 au 17 juillet 2016 !

Jouer avec la ville, questionner la place de l’artiste et du spectateur dans l’espace public, c’est la volonté à la fois simple et complexe que réaffirme Claude Guinard lors de la conférence de presse qui s’est tenue lundi 13 juin 2016. Le directeur des Tombées de la Nuit le redit avec la même envie : par le biais de propositions artistiques insolites, inviter des habitants à découvrir des lieux de la cité. Voilà l’ambition qui guide son équipe aussi bien lors des Dimanches à Rennes que dans le cadre renouvelé des rendez-vous d’été. Démonstration par Philippe Kauffmann, directeur artistique des Tombées de la Nuit depuis douze ans*.

tombées de la nuit 2016
Philippe Kauffmann et Claude Guinard (photo Richard Volante)

Unidivers : Avec l’apparition cette année du label Dimanche à Rennes et de ses multiples propositions, on craignait un peu que s’estompe la visibilité et la pérennité du rendez-vous estival des Tombées de la Nuit. Est-ce important pour vous de réaffirmer la singularité de ce moment particulier ?

Philippe Kauffmann : Oui bien sûr, mais l’important est d’avoir réussi à programmer une belle édition sur deux temps forts plutôt que trois comme certaines années passées. Ce qui n’enlève rien ni à la densité ni au fait qu’on arrive à raconter l’histoire souhaitée. L’histoire, elle passe, comme toujours, de rendez-vous très intimes, avec quelques coups de cœur, à des dispositifs qui viennent envahir les espaces afin de faire redécouvrir au public des lieux qu’ils connaissent déjà, mais… sous des aspects métamorphosés.

U. : Quels moments vous paraissent particulièrement forts ?
Philippe Kauffmann : Eu égard à l’histoire des Tombées et à la notion de fidélité qui nous tient à cœur, il y a, bien sûr, le retour des Sirènes de Franz Clochard qui ne va pas proposer la grosse version, mais une version siestes musicales et concerts. Ce n’est pas plus intime, car ses machines font quand même un sacré potin [rires], mais c’est un véritable concerto !

les tombées de la nuitFranz a su développer un véritable instrumentum avec une vraie amplitude telle que celle d’un instrumentum classique, mais uniquement avec ses sirènes mécaniques transformées, bricolées. C’est assez impressionnant. Ce sera un moment qui colle bien à l’esprit des Tombées : ni dans la musique ni dans le théâtre ni dans l’installation plastique, mais un peu dans les trois à la fois…En ce qui concerne ce type de dialogue entre l’œuvre et le paysage – avec ses formes difficiles à raconter, –, je citerais aussi le projet de Jean-Baptiste André, Floé, qui joue sur les questions de l’équilibre. Il serait le pendant plus plastique et intimiste de Dominoes. On appelle ça une performance chorégraphique circassienne… pour dire à quel point on manque de mots pour tenter de décrire ou définir ce qui est juste de l’ordre de la poésie.

U. : En tout cas, le public peut être rassuré quant à l’esprit et l’exigence des propositions toujours étonnantes de cette nouvelle édition d’été…

floe_tombees-nuitPhilippe Kauffmann : On reste fidèles à nous-mêmes et, puis, il doit s’instaurer un dialogue entre l’année et l’été. C’est aussi une période de bilan. Les machines du Bestiaire Utopique par exemple, on a levé un coin de voile sur le travail de Mathieu Desailly, travail en cours depuis des mois, c’est l’occasion de faire un focus là-dessus. Le public qui n’a pas eu l’occasion de voir ce projet durant l’année pourra le découvrir dans un autre cadre (L’Hôtel Dieu) et ce moment particulier du festival fait que les professionnels et les médias sont aussi plus réceptifs, plus présents.

U. : Selon vous, ce qui aurait pu être une faiblesse va au contraire venir renforcer les créations, leur pérennité sur le long terme ?…

Anima (ex) Musica

Philippe Kauffmann : Tout à fait. Nous sommes en mesure d’envisager encore mieux l’accompagnement sur le long terme.  Le dispositif actuel nous offre, par exemple, d’offrir une belle opportunité à Étienne Saglio avec Le Fantômeavec deux représentations estivales, les 24 juillet et 21 août. Il développe son projet ; d’une représentation à l’autre, il teste des choses ; il invente ce qui fait mûrir le spectacle d’une manière beaucoup plus efficace que s’il était tout seul à répéter entre quatre murs pendant deux mois…

U. : Votre conclusion ?

Philippe Kauffmann : Que dire ? À part que le Festival des Tombées de la Nuit se poursuit, s’enrichit et se bonifie !

Philippe Kauffman
Philippe Kauffman

* Licencié en Droit de l’Université de Liège, Philippe Kauffmann œuvre depuis plus de vingt ans à faire se rencontrer artistes et publics tant dans les arts de la scène que dans le cinéma : d’abord au sein de l’asbl INDIGO, des Jeunesses musicales et de l’asbl Court-Circuit (Rock), puis des Halles de Schaerbeek en tant que Directeur artistique et enfin au sein de « LA PARTI », spécialisée en animation (studios PicPic André, Ernest & Celestine) et en fiction (Aaltra, Calvaire, Kill me please…). Depuis 2003, il est aussi le conseiller artistique de plusieurs festivals et institutions culturelles, principalement en France : Les Tombées de la Nuit (festival d’été pluridisciplinaire, Rennes – depuis 2004); le projet METAMORPHOSES pour Marseille-Provence 2013; le festival DEPAYZ‘ARTS, commande du Conseil Général de Seine & Marne… Il est actuellement conseiller artistique pour l’ensemble des projets événementiels de MONS 2015.

Crédit photos : Kepa Etchandy, Aurianne Skybyk, Nicolas Lelièvre

rennes tombées de la nuit 2016

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La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

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