Cette version rompt avec toutes celles que j’ai vues tant à la Comédie française qu’ailleurs et qui mettaient en avant le texte et uniquement lui. La mise en scène de Denys Podalydes reprend l’œuvre telle qu’elle fut conçue et interprétée au XVIIe siècle, non comme une comédie, mais comme une comédie-ballet, mélange de texte, de musique, de chant et de danse. Toutefois, le metteur en scène n’a pas voulu faire une reconstitution qui, eu égard au statisme des acteurs de l’époque, aurait été mortellement ennuyeuse. Denis Podalydes a mis l’accent sur le caractère polyphonique de l’œuvre, soulignant sa drôlerie, imprimant au texte un rythme soutenu pour créer un divertissement allègre, souvent très enlevé, servi par des acteurs remarquables. Le fait est que cette pièce de trois heures ne paraît jamais ni lourde ni ennuyeuse. On peut seulement regretter la faiblesse de la « turquerie », mais c’est souvent l’un des points défectueux de cette pièce. Ajoutons que la répétition du nom d’Allah ne fait rire personne et ne peut que choquer des spectateurs musulmans. Pascal Rénéric est un Mr Jourdain plein d’inventivité, incarnant avec talent toute la bêtise du parvenu ; Émilie Bayart est une Mme Jourdain remarquable de finesse et de drôlerie. Ils sont accompagnés par une troupe dynamique, par un petit orchestre, par des chanteurs et danseurs qui donnent toute leur mesure, particulièrement dans la seconde partie du spectacle. Rennes bénéficie là d’un grand spectacle qui inaugure brillamment la saison théâtrale 2013-2014 du TNB.

Jean Roberti

Le Bourgeois gentilhomme, comédie-ballet de Molière et Lulli, mise en scène par Denis Podalydes, direction musicale Christophe Coin.

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