Mai 1565. Malte. Le conflit entre islam et chrétienté bat son plein. Soliman le Magnifique, sultan des Ottomans, a déclaré la guerre sainte à ses ennemis jurés, les chevaliers de l’ordre de Malte. Militaires aguerris, proches des templiers, ceux-ci désignent leur communauté sous le vocable de « la Religion ». Alors qu’un inquisiteur arrive à Malte afin de restaurer le contrôle papal sur l’ordre, l’armada ottomane s’approche de l’archipel. C’est le début d’un des sièges les plus spectaculaires et les plus durs de toute l’histoire militaire. Dans ce contexte mouvementé, Matthias Tanhauser, mercenaire et marchand d’armes, d’épices et d’opium, accepte d’aider une comtesse française, Carla La Penautier, dans une quête périlleuse. Pour la mener à bien, ils devront affronter les intégrismes de tous bords, dénouer des intrigues politiques et religieuses, et percer des secrets bien gardés.

Un coup de coeur énorme pour tout ce que ce roman véhicule. Un livre qui transporte.

On achète d’abord ce livre pour sa belle couverture. Également, car il est édité chez Sonatine, la maison d’édition qui, en matière de polars, est une référence désormais. Ensuite, après avoir lu la quatrième de couverture, ce livre met l’eau à la bouche : thriller historique sur déroulant au XVIe siècle. Pourtant, il s’agit d’un bon pavé (852 pages pour le grand format) ; il faut vraiment que l’histoire passionne pour  les terminer… C’est ici le cas.

Le roman est empli de personnages, tous représentatifs de leur époque chacun à leur manière. Le récit s’articule néanmoins autour de trois principaux : un homme et deux femmes – Matthias Tannhauser, Carla La Penautier et Amparo. Ce trio amoureux va se rencontrer et évoluer dans une époque ravagée par les guerres de religion, notamment, le conflit entre les Turcs et la Religion (autrement dit, l’Ordre de Malte, une institution chrétienne).

Carla est une jeune femme noble de vingt-sept ans. Elle vit seule et reniée de sa famille à la suite d’une relation qu’elle entretint avec un homme à l’âge de quinze ans. De cette union est né un enfant, qu’on lui a enlevé aussitôt. Ainsi, la quête du livre commence par sa volonté de rejoindre l’île de Malte où une guerre est sur le point d’éclater. C’est ainsi qu’elle va se retrouver là-bas avec Tannhauser et Amparo, une jeune fille de dix-neuf ans, que Carla a recueillie sept ans plus tôt.

Voilà le début de l’histoire. De fait, on imagine bien que l’amour profond qui va se lier entre Matthias et les deux femmes va être au coeur de la narration. Mais, derrière cela, il y a aussi le récit d’une guerre et celui des religions. Une phrase du livre résume cela :

« Soldats de l’Islam. Soldats du Christ. Chacun est le diable pour l’autre, et Satan ricane dans sa manche » (p. 638).

Le lecteur se retrouve à lire un récit d’amour, d’aventures, un récit historique et érudit – un récit puissant et poétique.

La force de ce pavé tient dans la faculté de conteur de Tim Willocks. Il possède une langue magnifique et très riche. Lorsqu’il décrit des scènes de passion ou d’amour, on vibre avec les personnages. Quand il évoque l’histoire et la religion, on est attentif comme un écolier. Quand il décrit la guerre, on reste pantois. Oui, parce que ses descriptions des scènes de bataille, de blessés, de morts, sont réalistes tout en gardant une fibre romanesque. Ces scènes sont parfois très longues ; aussi sera-t-on tenté d’en survoler … Mais, waouh, quel roman !
Quelques mots sur le personnage de Matthias Tannhauser qui est attachant du début à la fin. C’est l’homme avec un grand « H » : un amoureux galant, un amant fougueux, un ami fidèle, un guerrier qui se bat pour sa liberté et non pour telle ou telle religion. Il a été élevé par les Turcs et se retrouve enrôlé dans la Religion. Bref, ce personnage est juste exceptionnel !
Que dire de plus ? Peut-être mon coup de coeur de l’année 2011. Si vous aimez ce genre de récit, mais que vous hésitez au vu du nombre de pages, jetez-vous dessus sans plus tarder !

Marylin Millon

 La Religion de Tim Willocks (Benjamin Legrand pour la traduction), Sonatine, 852 p., 23€
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