La nouvelle est tombée laconiquement sur les ondes hertziennes. Thierry Roland est mort ce matin, seul, loin de l’équipe de France en Ukraine pour la coupe d’Europe. La voix du foot ne commentera plus. Elle s’est éteinte à jamais, laissant orphelins le monde des footeux et les journalistes. Depuis 1962, il traînait ses guêtres dans les tribunes des stades. Sobre au moment du drame de Furiani, exalté lors de la victoire de la France en coupe du monde et injurieux à l’égard d’un arbitre au nom prédestiné, Monsieur Foot.

Avec son ami Jean-Mimi Larqué, Thierry Roland forma le plus beau couple de commentateurs sportifs. Il était un homme du peuple, un titi du foot à la gouaille parisienne et légendaire. Il était encore plein d’humour, injustement brocardé par des intellectuels qui n’avaient jamais lu Les Olympiques de Montherlant, glorifiant les vertus du sport.
Cet homme était un ovni dans la sphère médiatique. De la trempe des Antoine Blondin et des Roger Couderc. Il était bien loin des commentateurs d’aujourd’hui, lisses à souhait et profilés par des directeurs de ressources humaines des grandes chaînes de télé. Il était a contrario un vrai journaliste, utilisant le verbe à la perfection et jamais à court sur une information. Indéniablement, il était un reporter vivant, passionné et avec une personnalité attachante. Indéniablement, il n’entrait pas dans un cadre…de télé.
Dans un temps pas si lointain, une grande chaîne de télé le mit dehors, mal proprement. Comme la presse sait parfois le faire avec ceux qui ont le verbe haut et le défaut d’avoir raison. Mais il revint par la grande porte, plébiscité par les Français. Thierry Roland était inclassable, indomptable, un esprit à jamais libre. Capable même de vous réciter par coeur un album de foot de la collection Panini… Derrière nos écrans, on attendait impatiemment la fine blague et le bon mot. Jamais, nous n’étions déçus. Merci Thierry, vous étiez le Monsieur Foot.

Jean-Christophe Collet

Article précédentCronenberg-DeLillo > Cosmopolis, physique expérimentale !
Article suivantMichel Fromaget, Eros, Philia, Agape. Révolution anthropologique et anthropologie néo-conservatrice

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici