Revoilà les Libertines avec Anthems for Doomed Youth ! Cela faisait 11 ans que les dynamiteurs anglais du renouveau rock des années 2000 n’avaient rien sorti sous leur nom. Evidemment, l’attente est grande autour de ce nouvel album au titre prometteur. Anthems for Doomed Youthest-il pour autant un réel événement musical ?

 

homepage_large.eb027822On se souvient de l’effervescence provoquée par Up The Bracket et son successeur intitulé sobrement The Libertines. Le groupe a alors atteint un statut culte pour toute une génération, de par sa musique d’abord et à travers son histoire singulière. Historiquement, les Strokes ont mis, en 2001, un gros coup de pied dans la fourmilière avec Is This It. Après le grunge de Seattle et la Britpop anglaise pour les nineties, les années 2000 tiennent leurs propres groupes, leur propre rock. Outre-Manche ce sera aux Libertines de tirer la scène anglaise. Ce qu’ils réussiront avec brio. On trouve chez ces jeunes gens un dandysme élégant et un sens de la débauche aiguisé ; un peu à la manière de leurs idoles, Baudelaire et autres poètes et écrivains maudits de l’ère victorienne.

Anthems_For_Doomed_Youth_Libertines_Album_CoverC’est le label Rough Trade qui parvient à mettre la main dessus (comme sur presque tous les gros groupes indé à l’époque) et après un très bon single produit par Bernard Butler (Suède) le groupe éclate en 2002 à la face du monde avec son premier album. Et éclate lui-même avec le second deux ans plus tard. Mais l’héritage est là, les deux disques sont excellents et influencent grandement la deuxième vague indé de 2006 (Arctic Monkeys, Kooks, Kaiser Chiefs …). Les Libertines sont devenus des icônes.

Et voilà un hiatus de 11 ans sans enregistrement des likely lads. Peter Doherty s’en va tailler la route avec ces nouveaux Babyshambles, ersatz des Libertines capables tout de même de sortir deux bons albums et quelques tubes, et Carl Barât fonde les Dirty Pretty Things, toujours accompagné de Gary Powell. On ne saurait trop vous conseiller le premier LP de ces derniers, un garage rock énergique avec un potentiel tubesque énorme… Et un marketing pourri qui aura raison de leur succès. Et chacun des deux frontmen sortira un album solo.

Pete Doherty par Dale Harvey
Pete Doherty par Dale Harvey

Mais l’annonce il y a un an d’un troisième long-format original de Barât et Doherty avait créé une véritable bombe chez la plupart des jeunes gens nés à la jonction 80-90. A l’excitation suit la raison. Peter Doherty va-t-il tenir le coup ? L’entente avec Carl fonctionnera-t-elle de nouveau ? Ont-ils en fait juste besoin de payer des factures et des cures en Thaïlande ? On se souvient de cette reformation il y a… 5 ans déjà ! Sans suite. 5 ans serait-ce le temps qu’il aura fallu aux Libertines pour dépenser les 1,5 million amassés pour les trois concerts de 2010 ?

Nombreuses sont les questions qui taraudent le commun des fans nostalgiques du quartet. Ces derniers sont tellement habitués aux frasques et aux relations tumultueuses, dignes des meilleurs épisodes des feux de l’amour, des deux compositeurs du groupe qu’une seule réponse paraît valable : « on verra bien ». Après tout, à défaut d’assurer dans la vie les Libertines ont toujours bien fait le job sur disque.

Premier extrait dévoilé le 2 juillet 2015, Gunga Din est une très bonne surprise. Loin de se complaire dans leurs anciennes gloires les Libertines envoient ici un son innovant (pour le groupe), une rythmique presque reggeaisante couplée avec un refrain entêtant et bien sûr avec ce fameux fouillis sonore maîtrisé qui fait la griffe des londoniens. Les fans purs et durs sont légèrement sur la réserve, mais le single est franchement bon.

Le 21 août dernier, deux nouveaux extraits sont mis en ligne coup sur coup. Le premier, Glasgow Coma Scale Blues sonne comme une mise au point entre les deux têtes chantantes du groupe, Barât et Doherty semblent échanger sur ce qui s’est passé en 2003-2004, une sorte de suite au prophétique What Became Of The Likely Lads du second album. Du Libertines « classique » qui rappelle le pourquoi du comment ils sont devenus un groupe à part. Et puis le même jour nous eûmes droit à Anthem For Doomed Youth, la chanson éponyme de l’album. Une très belle et lancinante ballade toute en métaphores sur les débuts du groupe ; comme le confia Pete Doherty à l’antenne de la BBC 1 : “They wished you luck and handed you a gun” fait référence au jour où nous avons été signés (chez Rough Trade) ». A noté que le titre du morceau (et de l’album) est celui d’un poème de Wilfried Owen sur la Première Guerre mondiale…

Sur trois des nouveaux titres d’Anthem For Dommed Youth sortis jusqu’ici deux semblent emprunts de nostalgie et un innove à sa manière. Ce duel épique entre nouveautés et vieux sentiments, s’il trouve son équilibre, promet un album grandiose pour les initiés et un bon angle d’attaque pour les non-convertis. Une chose est sure, ce nouveau LP des Libertines est un événement, et pas seulement en souvenir des good old days. Cependant, on ne sait pas encore combien de temps va durer cette idylle retrouvée. Un conseil : profitez-en maintenant.

The Libertines Anthem For Doomed Youth, septembre 2015

01. Barbarians
02. Gunga Din
03. Fame and Fortune
04. Anthem for Doomed Youth
05. Heart of the Matter
06. Belly of the Beast
07. Iceman
08. You’re My Waterloo
09. Fury of Chonburi
10. The Milkman’s Horse
11. Glasgow Coma Scale Blues
12. Dead for Love
13. Love on the Dole [Bonus]
14. Bucket Shop [Bonus]
15. Lust of the Libertines [Bonus]
16. 7 Deadly Sins [Bonus]

Article précédentStéphan Lévy-Kuentz, “Pour une littérature équitable !”
Article suivantJacques Josse, Marco Pantani a débranché la prise

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici