Sorti sur les écrans en 2001, The American Astronaut est le fruit longuement maturé du réalisateur Cory McAbee, aussi connu pour sa direction du groupe new-yorkais The Billy Nayer Show. Un space contre-opera masculin bien léché…

The American Astronaut campe Samuel Curtis, un coursier galactique. De retour de mission dans un cul-de-sac sidéral, il rallie la planète Cérès. Direction le saloon où il doit livrer un chat au tenancier qui doit l’offrir en compensation d’une cargaison de fruits qui n’a pas été livrée.

american astronaut

Curtis débarque dans le saloon alors que commence une soirée consacrée à un concours de danse… entre hommes, comme toutes les activités. Il y retrouve son compère, Blueberry, lequel lui propose une nouvelle aventure : apporter une femme miniature en train de grandir au despote d’une colonie minière perdue sur un astéroïde. Objectif : l’échanger contre l’homme-qui-un-jour-a-vu-des-seins, un jeune éphèbe de 15 ans qu’il s’agira, ensuite, d’amener chez les Vénusiennes pour qu’il devienne leur nouveau roi. Pourquoi ? Pour l’échanger contre la dépouille du précédent monarque-sextoy que sa famille réclame sur terre contre une forte gratification pécuniaire…

Mais l’aventure se complique, car le Professeur psychopathe Hess poursuit Samuel Curtis et se sent obligé de désintégrer toute personne qui est entrée en contact avec lui. Pour autant, Curtis aime bien que Hess le poursuive depuis des années – « c’est un peu ma famille »…

Ce space western musical rétrofuturiste a pour cadre un traitement hyper local et resserré du grand espace. Loin de la terre, comme projetés en dehors de son référentiel, quelques éléments d’une humanité cuite y essaiment tandis que s’égaient des Vénusiennes obsédées. Voilà le tracé : d’un bouge minable sur un astéroïde à une grange en suspension dans le vide intersidéral en passant par une planète minière en forme de théâtre avant de parvenir à Vénus la bucolique, aux allures néoantiques, puis de reprendre le retour sur l’origine, la Terre – USA, Nevada.

Le traitement en noir et blanc aux contrastes tranchés puis aplatis convient parfaitement à ce cyber-space-opera. Au sein du décor, une mise en scène quasi expressionniste chamboule les rapports de grandeur mondaine : les hauteurs sont diminuées, les petits élevés, les vaisseaux spatiaux rétrécis à la taille d’une chambre d’étudiant – le tout sur fond de carton-pâte et d’esthétique fauchée.

Afin de conférer une dimension de comédie musicale qui résonne comme une anecdote humoristique déjantée, une bande-son est bien servie. Malheureusement, elle n’est pas assez…délirante pour devenir culte comme le fut, par exemple, celle de Rocky horror picture show. Reste que les trois premiers titres sont exceptionnels (le générique, Hey boy dans les gogues et le concours de danse).

Alors, pourquoi The Americain Astronaut ne semble devoir recevoir que 4 étoiles et non 5 ? Car il y a quelque chose de mal fini dans The Americain Astronaut, comme une boucle mal bouclée, une dernière marche manquée. Il est conçu scènes après scènes, d’une manière au final très (trop ?) pensée et léchée. Il a été conçu dès le départ et se donne à voir comme film-culte. Et c’est là où le bât blesse. Comme qui dirait : trop de cultisation tue le culte.

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• Date de sortie : 12 octobre 2001 (USA)
• Film Américain
• Avec Cory McAbee, Rocco Sisto, Greg Russell, James Ransone, Annie Golden
• Durée : 1h34min

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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