Tetra Hydro K est à l’affiche du Tilliacum festival, qui se déroule les 26 et 27 août 2022 au parc monumental Teillé à Mouzeil (44). Depuis 15 ans, Docteur Kanay et le Docteur Krilong concoctent dans leur laboratoire sonore secret un son électro-dub aux multiples références, reflet de leur appétit musical. À l’occasion de leur présence au Green Festival Valley en juillet, la rédaction avait échangé avec Antoine Canillo, alias Kanay, afin d’en apprendre plus à propos de leur recette à succès.

Vendredi 26 et samedi 27 août 2022 se tiendra la cinquième édition du Tilliacum Festival. Parmi la programmation riche alliant dub, techno et trance, Tetra Hydro K seront de ceux qui feront danser les festivaliers du parc monumental Teillé à Mouzeil (44), à 30 minutes de Nantes. Une occasion de rencontrer ces magiciens de l’électro-dub et de découvrir l’histoire d’une passion commune.

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Kanay et Krilong sont Tetra Hydro K © DR

Lycéen, Antoine Canillo tapait du pied devant les caissons en freeparty et écoutait du reggae, mais ne connaissait pas encore le dub à cette période. Jusqu’au jour où, à 16 ans, il découvre Hightone dans un festival à Strasbourg. « Je me suis dit « Wow mais c’est ça que je veux faire en fait ! » », se souvient celui que l’on connaît sous le blase de Kanay. Plus dynamique que le reggae tout en étant plus doux que le son des freeparty, la savante harmonie des deux univers musicaux l’aspire dans le tourbillon de ce qui deviendra rapidement une passion.

Quatre ans plus tard, le duo naît de la rencontre hasardeuse et bienheureuse en after d’Antoine et Cyril Bertin, alias Krilong, jazzman du conservatoire appréciant particulièrement le trip-hop. « Tous les week-ends, il venait chez moi ou j’allais chez lui. On restait enfermés et on faisait de la musique », se rappelle encore Antoine. Le binôme prend finalement le nom de Tetra Hydro K, en référence à la molécule de Tetrahydrocannabinol, à la suite d’une discussion laborieuse sur MSN, chat incontournable pour les jeunes des années 2000. « Son surnom était Krilong, le mien Kanay, les deux s’écrivaient avec un K et on aimait bien fumer à cette époque-là », dévoile-t-il simplement. Au regard de leur identité visuelle, le but n’était alors pas de s’attarder sur l’imagerie autour de la plante hallucinogène, mais sur l’univers de la chimie à laquelle renvoie la molécule. « Au moment du covid, on a sorti les Smoking Sessions. C’est le seul moment où on est allés au cœur du propos », précise-t-il. « Tetra Hydro K est plus une musique pour danser à la base, mais pendant le confinement, on ne voyait pas vraiment l’intérêt de sortir des musiques de ce style. On a préféré proposer de la musique pour chiller et fumer des pet’ sur son canapé. C’était un peu le propos. »

Tetra Hydro K à l’Afterwork, Le Transbordeur, Villeurbanne © DR

De par une palette d’influences musicales étendue, « de Macéo Parker à Jul », Tetra Hydro K est connu depuis quinze ans pour être ce laboratoire sonore dans lequel sont élaborées dans le plus grand secret des recettes aux sonorités multiples, mais toutes fédérées par la musique dub. « C’est la musique qui nous réunit. C’est l’une des musiques où il y a le moins de codes à respecter : pas de limite de BPM, de notes ou autres, tu peux ajouter ce que tu veux », déclare-t-il. « À partir du moment où il y a de la grosse basse et skank [aussi appelé skanking, désigne le contre-temps propre au reggae, ndlr.], c’est considéré comme du dub. » Technique de studio avant d’être un style de musique, le dub se caractérise essentiellement par un remixage réalisé en temps réel à partir de bandes magnétiques qui met notamment en avant la rythmique de la basse et de la batterie.

Ancré dans l’univers de l’électro-dub, le travail de Kanay et Krilong reflète la curiosité de chacun pour toutes les formes de musique, et ce depuis leurs débuts. Les EP Dirty Wash (2010) et Indigestion de Tofu (2011) où une forte empreinte jazzy s’entend de part la présence de saxophone (« Resonnance ») en sont la preuve. « Cyril va être plus influencé par le trip-hop ou certaines formes douces de techno comme Bonobo, Massive Attack. Dans le dub il va être plus de la team [équipe en anglais, ndlr.] Hippocampe Fou par exemple », renseigne Kanay avant d’ajouter : « De manière générale, j’écoute de la musique électronique en tout genre, techno, drum&bass, trance. En ce moment, c’est beaucoup de trap. »

Les partenaires de labo sont complémentaires autant au niveau des références qu’au sein du studio. Cyril s’occupe généralement de la mélodie, de l’instrumentale et de la recherche des harmonies tandis qu’Antoine se charge de l’arrangement, du mixage, de la rythmique et de la basse. Dans la composition, Cyril a une approche plus chill pour une musique à écouter dans le canapé. Alors qu’Antoine composerait plus de la musique de dancefloor. Ces caractéristiques traduisent les sensibilités musicales de l’un et de l’autre. Mais quoiqu’il arrive, Kanay et Krilong composent en fonction de leurs affinités du moment et ne s’imposent aucune règle. Ils fonctionnent au feeling et à l’instant T, seulement pour le plaisir.

Tetra Hydro K à l’Afterwork, Le Transbordeur, Villeurbanne © DR

Après deux nouveaux EP, Basse Équitable en 2013 et Infusion de delay en 2014, Tetra Hydro K sonde pour la première fois le format de l’album, Labotomie en 2016. « Au début, j’habitais en Espagne et Cyril à Dijon puis Montbeliard, c’était plus compliqué de se voir. Et comme je viens du milieu techno, j’aimais bien le format EP », souligne Antoine. « C’est aussi un moment où on était plus productifs d’où la proposition d’un premier album. » Néologisme entre laboratoire et lobotomie, l’album porte savamment bien son nom. Dans une explosion de sonorités, il explore autant les musiques électroniques que celles du monde, à l’instar du morceau « Nampoux » où des sonorités orientales rencontrent la drum&bass. À savoir que l’infusion jazz n’est jamais très loin (« Karnage »).

Leur discographie est une suite de synergies et de rencontres musicales, un point primordial pour eux. « Avec la musique électronique, t’es souvent seul dans ton studio, mais perso je n’aime pas du tout faire de la musique tout seul », confie Kanay qui trouve que « la musique est quelque chose qui se fait à plusieurs, qui se partage. Plus il y a de cerveaux sur un projet, plus il a de chances d’être complexe et abouti selon moi. » Sorti en 2018, l’album Chapter one est par exemple une fusion musicale du crew de Bourg-en-Bresse Brainless sound system et de Tetra Hydro K. « On a aussi le projet Ex-Echo, un live et un album de la rencontre de Tetra Hydro K et L-XIR », explique-t-il avant d’ajouter amusé : « Et au sein de cette collab., on a fait un featuring avec Rakoon et remixé un son de La Petite Fumée. »

Woobedub, Panda Dub, Rakoon ou encore Vibronics, le duo invite également avec plaisir chanteurs et chanteuses de tout horizon à signer un ou plusieurs morceaux en collaboration. Ainsi, des voix s’invitent de manière récurrente dans les EP et albums : Laura Romero en 2011 (« Ska Dub Acapella»), Soom T en 2013 (« Dnb Happy ») ou encore Sama Renuka en 2016 ( « I Try »). L’album Smoking Sessions (2021) rassemblait quant à lui une panoplie d’artistes. Tout comme leur dernier album, Odyssée. Sorti 2022, l’opus donne à écouter une épopée au sein de différents univers musicaux, tels le RAP. Ni l’un, ni l’autre n’étant chanteur, Kanay et Krilong ont fait appel à une constellation d’artistes afin de donner une nouvelle dimension à leur projet. « On a pensé cet album avec beaucoup de chanteurs et chanteuses alors qu’auparavant, on produisait plus des albums instrumentaux. On s’est dit qu’on voulait se placer plus comme de producteurs. » Les rappeu.se.r KT Gorique et Tom Spirale distillent respectivement leur flow dans « L’Impasse » et « Expedition 808 » tandis que « Nah Come Fi Test » est nourri de la vibe reggae de Senti T.

Sans se donner la nouvelle casquette de producteur, les deux acolytes pensent plutôt leur musique comme ils pensent la vie, simplement. « On a qu’une vie, le but c’est de s’amuser. Si dans le studio, tu peux en profiter avec des gens c’est mieux », continue Kanay. Il précise : « Mais avant de travailler avec la personne pour son talent, on le fait parce qu’on les apprécie elles et leur musique. C’est avant tout une rencontre amicale. » Pour Tetra Hydro K, l’humain passe avant le talent ou la renommée. « Si le feeling ne passe pas avec le plus grand musicien que je respecte, je ne passerai pas une semaine avec lui à faire de la musique. » Une règle de vie qui résume parfaitement la façon de penser de la scène du dub français. Tout comme leur discographie se fait le reflet de cette grande famille où les artistes se rencontrent, échangent et collaborent en harmonie.

Musique de niche, le dub est une histoire de passion. C’est un milieu loin d’être concurrentiel au sein duquel tout le monde s’entraide. Les plus anciens de la scène, comme Panda Dub et High Tone, aident volontiers les émergents en studio comme le symbole d’une solidarité forte.

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Tetra Hydro K à l’Afterwork, Le Transbordeur, Villeurbanne © DR

Les adeptes des featuring que sont Kanay et Krilong n’annonçaient aucun invité surprise lors de leur passage sur la scène du festival Green River Valley vendredi 8 juillet prochain. Qu’en sera t-il au Tilliacum festival ? Car comme le souligne si bien Antoine à l’entretien,« on ne sait jamais ce qu’il peut se passer dans les loges ».

Le Tylliacum festival se tiendra les 26 et 27 août 2022 au parc monumental Teillé à Mouzeil (44), à 30 minutes de Nantes

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