Tetha sortait un premier EP le 18 novembre 2022, Bound To Lose. La chanteuse et productrice parisienne y pose les bases d’un univers hybride et sombre, entre pop et musique électronique. Elle creuse ainsi un sillon encore peu emprunté en France, dans les pas d’Arca, FKA Twigs, ou avant elles de Björk.

Avec son EP Bound To Lose, la chanteuse parisienne Tetha lance un pavé dans la mare de l’électro pop française actuelle. Une voix pure et maîtrisée posée délicatement sur des productions électroniques soignées, brassant large dans des influences sombres, voilà la recette d’un premier opus réussi et prometteur pour la suite.

Avec une mère enseignant le piano, Clara Chardon a baigné dans la musique dès le plus jeune âge. Pourtant, c’est d’abord en autodidacte qu’elle apprend à maîtriser l’instrument. À quatre ans, elle joue d’oreille ce qu’elle entend. À huit ans, elle compose ses premières mélodies. À 12 ans, elle commence à écrire ses premières chansons, avant d’intégrer le conservatoire en chant à ses 13 ans. Puis, à 17 ans, elle passe par l’école de musiques actuelles ATLA à Paris. Elle qui, pendant son adolescence, est bercée de rock seventies, biberonnée aux Pink Floyd et David Bowie, monte à ses 18 ans un premier groupe de rock alternatif, Halley, en activité de 2016 à 2020.

Halley interrompt sa trajectoire pendant le premier confinement de 2020, laissant un grand vide dans le quotidien de Clara Chardon. « J’ai voulu remonter des groupes, mais ça ne marchait pas. Finalement, j’ai réalisé que ce n’était plus ce qu’il me fallait, que j’avais un projet solo en tête que je n’arrivais pas à lancer par peur de me retrouver seule », raconte Clara Chardon. Créer en solo, c’est s’échapper du modèle sécurisant du groupe. C’est plus de travail certes, mais aussi plus de liberté, d’autonomie. « En groupe, je me reposais beaucoup sur les autres, je ne composais plus. Quand tu es seule, si tu ne fais rien il ne se passe rien. Donc il faut y aller à fond », commente la musicienne.

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© Tom Josso

Pour lancer Tetha, reprise du surnom de sa grand-mère, Clara Chardon se tourne vers ce formidable outil d’autonomisation qu’est la production musicale sur ordinateur (MAO). Virage radical, tout en gardant une dimension pop, par sa voix notamment, elle s’oriente vers des sonorités électroniques, tantôt drum’n’bass, tantôt RNB, tantôt techno, tantôt downtempo, parfois inclassables. « En 2020, j’ai commencé à beaucoup écouter de musique électronique. Je suis devenue très fan de James Blake, Rosalia, FKA Twigs et j’ai eu envie de faire pareil. C’est quelque chose qui me ressemble plus finalement », raconte-t-elle. Chez ces artistes, elle aime la façon dont les univers pop se confrontent à des sonorités expérimentales, et deviennent, par là, plus sombres.

Début 2021, elle commence à composer et esquisse ses premiers morceaux en solo. Pour les finaliser, elle fait appel à deux producteurs : Fhin, dont elle a adoré le premier album électro pop, et Bauma, dans un registre plus expérimental, versatile dans les styles. « Avec Fhin on a gardé mes productions, il les a arrangées et a ajouté quelques éléments. Avec Bauma on est repartis de zéro, il y a eu plus de création commune », précise Tetha.

En fait, même en solo Clara Chardon n’abandonne pas les collaborations. Dès qu’elle a assez de morceaux pour lancer le projet, elle développe une identité visuelle avec le réalisateur Tom Josso. Celui-ci, en plus de la pochette de l’EP, produit un premier clip, pour le morceau « Burn ». Mini fiction à la photographie sombre et réaliste, elle donne à voir une situation intrigante où le dramatisme est exacerbé par les envolées de la voix et les coups de semonce sporadique du kick. Un autre clip, pour le morceau « Blame », est à paraître prochainement.

Sur scène, c’est aussi en groupe que Clara Chardon défend le projet Tetha, puisqu’elle s’accompagne d’un batteur, et d’une harpiste électrique jouant également du synthé. Habituée à jouer à plusieurs, elle souhaite retrouver en live une énergie plus rock. Elle a pu se produire une première fois au club Les Disquaires à Paris, le 26 octobre 2022, et attend avec impatience de nouvelles dates. La prochaine annoncée aura lieu à la MJC Bobby Lapointe à Villebon-sur-Yvette (Essonne).

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© Tom Josso

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Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

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