Du 23 au 25 juillet au Théâtre du Vieux Saint-Étienne à Rennes, les danseurs Jean-Baptiste André et Dimitri Jourde de l’Association W reprennent le texte théâtral de Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton (1985). Entre danse, performance circassienne et théâtrale, les deux artistes proposent une adaptation physique et viscérale de cette œuvre emblématique.

Créé entre le 10 et le 14 décembre 2019 à La Comédie de St-Étienne, le spectacle Deal reprend le célèbre texte de Koltès, Dans la solitude des champs de coton. Interrogeant l’altérité et le rapport avec l’autre, il raconte la rencontre entre un dealer et son client. Au théâtre du Vieux St-Etienne du 23 au 25 juillet, Jean-Baptiste André et Dimitri Jourde, de l’Association W se réapproprie l’œuvre théâtrale dans un corps à corps mélangeant danse, théâtre et cirque. Autant de pratiques permettant de révéler la force d’un texte empreint d’humanité.

« Un deal est une transaction commerciale portant sur des valeurs prohibées ou strictement contrôlées, et qui se conclut, dans des espace neutres, indéfinis, et non prévus à cet usage, entre pourvoyeurs et quémandeurs par entente tacite, signes conventionnels ou conversation à double sens – dans le but de contourner les risques de trahisons et d’escroquerie qu’une telle opération implique… » (Koltès). Le deal ou la métaphore des relations humaines. Un échange de répliques, un dialogue opposant deux êtres apparemment opposés. Une rencontre. Violente, passionnée, vraie.

« Deux hommes qui se croisent n’ont pas d’autre choix que de se frapper avec la violence de l’ennemi ou la douceur de la fraternité. »

Bernard-Marie Koltès
deal
©Benoît Thibault

Formés tous deux au Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne, les deux acrobates explorent depuis longtemps les liens entre danse et cirque. Circassien, metteur en scène, danseur et fondateur de l’Association W, Jean-Baptiste André n’est pas novice dans le monde artistique. Il créé en 2004 Intérieur nuit, et notamment A brûle-pourpoint en 2018. Danseur et chorégraphe, Dimitri Jourde met en scène ses créations comme Poko (2001), Xebeche (2011)… Tous deux marqués par Dans la solitude des champs de coton depuis quelques années, l’adaptation de la pièce s’est faite « de manière logique » selon Dimitri. Attirés par l’importance de la langue et l’aspect animal et corporel de l’œuvre de Koltès, les deux circassiens décide en 2019 avec Deal de cosigner leur spectacle en prenant comme appui ce célèbre texte.

« Nous avions envie d’une prise de risque et de quelque chose de physique. Pour un duo, Dans la solitude des champs de coton apparaissait comme un support évident. »

Jean-Baptiste André et Dimitri Jourde

La scénographie rappelle le décor spécifique au monde du cirque : « un dispositif représentant un ring, une arène où le public va être tout autour de nous, comme dans la dimension circassienne. » dévoile peu à peu Jean-Baptiste André. Cet espace quadrifrontal oblige les spectateurs à une proximité forte avec les artistes, créant progressivement une intimité. Cet « espace anormal » (Jean-Baptiste André) cher au cirque permettra au public de comprendre les enjeux d’une pièce complexe, reposant sur un texte parfois énigmatique et un rapport très corporel au dialogue.

Les mises en scène de Patrice Chéreau en 1987 et en 1995 ont en partie inspiré le projet de Deal. Depuis, d’autres metteurs en scène ont repris la pièce de théâtre, avec plusieurs nouveautés : en juillet 2020, Roland Auzet fait par exemple jouer deux femmes dans le rôle du dealer et du client. Les deux circassiens reprennent ici certaines idées de la mise en scène de Chéreau : deux hommes dans un duel et un dialogue soutenus au sein d’un décor très épuré. Ici, l’aspect tactile et viscéral de la pièce de théâtre devient prégnant. Ils ont ainsi coupé certaines parties du long texte de Bernard-Marie Koltès pour cadrer avec leur ressenti. Selon Jean-Baptiste André, les artistes ont « procédé dans une mise en scène inversée : au lieu de partir du texte et de chercher les manières de le déclamer et le rendre vivant, on est partis de nos corps. Avant même de parler, on bouge, preuve que le corps raconte autant que le texte. » La rencontre et l’attraction entre les deux danseurs pour Deal rappelle une lutte brutale et fraternelle entre deux individus d’abord étrangers puis qui se découvrent similaires.

« Le fait d’avoir un texte défini a concrétisé notre approche physique du texte » explique Jean-Baptiste André, « et c’est aussi ce qui a permis en quelque sorte de « décomplexer » la pièce« , qui est très difficile à comprendre au premier abord. Auto-proclamée « pièce de la diplomatie » par son auteur, Dans la solitude des champs de coton apparaît toujours comme un texte important. Cette adaptation libre dans Deal lui donne une vitalité nouvelle et offre une lecture plus organique à cette œuvre quasi philosophique sur les relations humaines.

INFOS PRATIQUES

Du 23 au 25 juillet 2021

20h-21h15 le vendredi et le samedi et 16h-17h15 dimanche.

Théâtre du Vieux Saint-Étienne, 14 Rue d’Échange à Rennes.

Entrée libre sans réservations.

Plus d’informations sur le site des Tombées de la nuit.

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