I Should Coco, premier album de Supergrass, fête ses 20 ans. L’occasion de revenir sur cet incroyable LP quelque peu oublié. I Should Coco est un album culte, sorti en mai 1995 en pleine période Tony Blair/Oasis. Un moment magique où l’increvable et impertinente Albion envoyait ses groupes pop contrer le phénomène grunge venu des States… De ce cycle 100% brit est sortie une poignée d’excellents disques : le premier Suede, les Oasis, les premiers Blur, Different Class de Pulp… et le coup d’essai (de génie !) de Supergrass : I Should Coco.

 

Si les artistes susnommés se prenaient parfois très au sérieux, c’était loin d’être le cas pour ces 3 jeunes lads d’Oxford. Ici, point de leader beau gosse façon  Damon Albarn, mais un type de 19 ans aux rouflaquettes acérées et au physique compliqué, entouré de deux amis épais comme des cintres… De là à parler des successeurs de Rod Stewart, Johnny Rotten ou autres Pete Shelley, il n’y a qu’un pas. Les membres de Supergrass sont les « branleurs cools » des 90’s. Et bien plus encore…

Mais il est temps de parler du pourquoi et du comment I Should Coco est typiquement un album à part.

supergrass-i-should-coco-vingt-ansAu niveau du son, d’abord, tout est très fuzzy. Il suffit d’écouter le triptyque infernal qui ouvre I Should Coco («I’d Like To Know», l’exceptionnel «Caught By The Fuzz» et «Mansize Rooster») ou la délicate façon d’emmener l’auditeur dans son univers en le jetant directement d’un avion, sans parachute. Une délicieuse cascade d’énergie en forme de chute libre qui se termine sur le matelas en bubblegum qu’est «Allright. La chanson est entre-temps devenue en morceau de culture générale. Un riff au piano après un déluge électrique !

Voilà un autre point fort du disque : tout est très éclectique. On ne s’ennuie jamais, entre l’urgence brute de décoffrage («Strange Ones») et les mélodies glam («Time»), entre les essais psychés («Sofa Of My Lethargy») et les interludes aussi drôles qu’irrévérencieux. On broie les références (Jam, Madness, Buzzcock, les vieux Pink Floyd, Wire, Magazine, Kinks …) avec une telle fougue qu’on ne peut parler de passéisme, mais plutôt de renaissance. Une renaissance qui aborde le thème de la de drogues, d’Oxford et de plein de petites histoires « à l’anglaise ».

Sorti en 1995 donc, I Should Coco (qui au passage signifie « i should say so » en cockney ryhming slang) a donc été classé britpop, un titre un poil réducteur. En effet, l’enregistrement transpire l’ADN de ses créateurs : on écoute du Supergrass comme on écoute les grands artistes dont l’univers sonore ne vieillit jamais et qui traverse les âges loin des étiquettes musicales.

Supergrass, brit-pop, vingt ans, I should cocoAprès une honorable carrière et 6 albums très recommandables (dont 3 certifiés Platine), le groupe s’est séparé en 2010 dans une triste indifférence. Gaz Coombes, le chanteur à rouflaquettes vient de sortir son deuxième album solo en février dernier, le bien nommé Matador. Danny Goffey et Mick Quinn, ses anciens acolytes, se font plus rares ces derniers temps.

Aurons-nous un jour la chance de les revoir sur scène … ? En attendant, la relève de ces personnages hauts en couleur se trouve certainement de l’autre côté de l’Atlantique. Le jeune groupe Twin Peaks présente beaucoup de similarités avec le Supergrass des années 90. Sa musique est certes différente, mais son attitude de jeunes lads je-m’en-foutiste est sensiblement la même. Wild Onion, le deuxième effort du groupe, est un petit bijou dont nous parlerons peut-être encore dans 20 ans…

Quoi qu’il en soit, I Should Coco mérite autant un bel hommage qu’une redécouverte, comme beaucoup d’albums oubliés et géniaux…

Histoire de se faire une idée de ce que valait le groupe sur scène, on ne peut que vous conseiller le live à Toronto de 1995, un bootleg complet en 2 parties disponibles sur YouTube

Et il faut préciser que, malheureusement, aucune réédition de l’album pleine de bonus et raretés n’est prévue pour cet anniversaire. L’équipe de Capitol Records serait-elle trop occupée par la carrière de Katy Perry ?…

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