Un peuple d’êtres étranges habite cette exposition qui combine approches scientifiques, littéraires et artistiques. Le choix de la capitale européenne est bien tombé ! D’autant que beaucoup l’ignorent : Strasbourg est un haut lieu ésotérique. En effet, depuis le XVe siècle, cette capitale est un haut lieu de croyances occultes, magiques, mystiques, ésotériques et maçonniques. Des artistes de 25 pays se côtoient dans un mélange alchimique, des plus connus, comme Goya ou Kandinsky, aux plus confidentiels. Montrer l’invisible et percevoir le mystère : tout un programme.

En fonction de l’origine géographique de l’artiste, chaque artiste livre une vision du monde et de la vie dotée d’un degré de surnaturel plus ou moins marqué, plus ou moins sauvage, voire débridé. Caspar David Friedrich, Francisco Goya, , Gustave Doré, Victor Hugo, Akseli, Edvard Munch, Ferdinand Hodler, Odilon Redon, Jan Toorop, Nicholas Roerich, M.K.Čiurlionis, František Kupka, Wassily Kandinsky, Kazimir Malevitch, Piet Mondrian, František Drtikol, Dimitrie Paciurea, Jean Hans Arp, Paul Klee, Max Ernst, André Masson, Roberto Matta, Wifredo Lam, ou encore Fleury-Joseph Crépin, Augustin Lesage et Hélène Smith…

500 œuvres, 200 livres et 150 objets forment ainsi un bal curieux et fascinant.

D’un point de vue scénographique, l’exposition se déplie en 3 grandes thématiques.

En ouverture, le romantisme avec le Voyant, une encre de 1940 signée Andrée Masson, qui rend hommage au poète Novalis. Réaction du sentiment face à la froideur de la raison. Exaltation de l’esthétisme et apologie du mystérieux. La Conjuration des sorcières de Goya et le Faust de Goethe s’inscrivent alors dans une commune lignée. Un prolongement ésotérique se déploie à travers la société théosophique de Madame Blavatsky qui nait en 1875. Apparaissent les travaux magnifiques d’Odilon Redon et de Rodin.

La deuxième partie traite d’abstraction et d’avant-garde. Elle s’emploie à expliquer les liens entre réalisation artistique et recherche de formes pour exprimer de nouvelles idées. Le scientifique dès lors vient en aide à l’artiste.
La dernière partie se concentre sur la constellation surréaliste. Rendant compte de la diversité d’expériences et d’expressions, le rêve s’incarne en étrangeté merveilleuse, notamment avec la tête de lapin de Jean Arp.

En outre, une section est dédiée à l’histoire de l’ésotérisme, de ses origines antiques au XXe siècle à travers l’écrit et l’estampe. La variété des documents proposés est remarquable. Il faut d’ailleurs savoir que ce sont des Strasbourgeois en compagnie de ‘frères’ lyonnais qui ont créé au XVIIIe siècle un rite maçonnique baptisé le Rectifié, lequel est encore pratiqué de nos jours.

En écho à la section scientifique de l’exposition sont également exposés des travaux scientifiques ayant trait aux apparitions ou autres phénomènes surnaturels, tandis que les contacts entre science et pensées mystiques et ésotériques au cours des siècles sont mis en exergue. Quelques-uns des principaux auteurs représentés : Pythagore, Platon, Virgile, Dante, Maitre Eckhart, Marsile Ficin, Cornelius Agrippa, Paracelse, Lavater, Milton, Swedenborg, Cagliostro, Goethe, Balzac, Novalis, Kardec, Schuré, Conan Doyle, Huysmans, Ivan Goll, André Breton, Fulcanelli. Les ouvrages sont issus des fonds de la Bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg.

A noter que le versant scientifique est source d’étonnement joyeux avec la présentation de divers appareils censés détecter l’au-delà, l’invisible, l’étrange…  Le baquet de Mesmer, exemplaire unique au monde, un tube à rayons X, un tube de Crookes, un récepteur télégraphique, un cohéreur de Branly, un photophone de Bell, etc.

Une exposition abondante qui mérite à elle seule une visite de cette mystérieuse capitale de Noël.

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Strasbourg, Musée d’Art moderne et contemporain, du 8 octobre 2011 au 12 février 2012. Berne, Zentrum Paul Klee, du 31 mars au 15 juillet 2012.

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