Il y a des expériences dans la vie qu’il faut faire, pour la bonne cause ou pour honorer des paris stupides. Si l’on s’en tient au monde de la littérature, par exemple, une mauvaise consisterait à lire Marc Levy ou Guillaume Musso pour tenter de comprendre comment ils parviennent à vendre autant d’exemplaires, une bonne consiste à lire Stephen King pour comprendre… la même chose.

Le pape du fantastique revient sur les étals avec un ouvrage qui contient quatre histoires courtes. Chacune raconte la vie d’êtres désemparés qui n’ont que l’extrême violence pour s’échapper de situations horribles dans lesquelles ils sont enfermés. Cet exercice n’est pas nouveau pour le King tant sur le fond que sur la forme. Il y a trente ans, l’auteur avait proposé un petit bijou littéraire intitulé Différentes saisons. Dans la même veine, il s’agissait d’un recueil de 4 nouvelles des plus sombres également. Certaines mauvaises langues parleront de réchauffé. Qu’en est-il ?

En pratiques, ces 4 nouvelles s’avèrent bien différentes bien que reliées par un fil conducteur et des thèmes communs : existences, épreuves et traumatismes psychologiques, y compris l’habituelle litanie de vengeance, quête de justice et poids de la souffrance, etc. Des gens commettent et subissent des meurtres, des gens sont torturés, de la souffrance s’exhibe au grand jour – voilà l’atmosphère.

Quant à la mise en scène, la construction narrative et la technicité littéraire, elles apparaissent de grande qualité. Le talent est patent à travers la précision de la mise en scène et les quelques secrets de fabrication que le lecteur attentif saura entrevoir. Je pense notamment à cette navigation subtile entre les sentiments dont la virtuosité rappelle celle des maestros musicaux.

Quitte à dévoiler un peu du contenu, quatre étoiles à la nouvelle où une femme découvre que son mari est un serial killer.

Un livre solide, prenant et à la noirceur vivifiante. Si King n’est pas un génie dans son domaine, c’est alors un escroc étrangement doué.

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Nuit noire, étoiles mortes, Stephen King (traduit de l’anglais par Nadine Gassie), Albin Michel, 483 p., mars 2012, 22,90 €

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