Chaque mois, Unidivers vous présente ses coups de cœurs musicaux, sélectionnés parmi les sorties d’albums et d’EPs du mois en cours. À la une de la sélection de juin: l’EP Odyssea de Fleuves & Sarah Floc’h, ainsi que l’album Breakup Songs de Silly Boy Blue.

Ce lundi 21 juin marque enfin le début de la période estivale, dont nous profitions d’un avant goût ensoleillé la semaine passée. C’est aussi le jour de la fête de la musique qui, cette année, se retrouve malheureusement restreinte par un protocole sanitaire pourtant assoupli. A défaut de pouvoir profiter pleinement de l’évènement, il nous est toujours possible de le célébrer à notre façon, autour des nouveautés musicales qui fleurissent chaque semaine. Nous vous proposons donc de découvrir, comme chaque mois, notre sélection d’albums et d’EPs qui ont récemment ravi nos oreilles. Découvrez-là sans attendre, dans les lignes ci-dessous…

FLEUVES & SARAH FLOC’H – ODYSSEA

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Le groupe Fleuves (De gauche à droite: Samson Dayou, Emilien Robic & Romain Dubois). Photo: Eric Legret.

C’est en 2013 que fut créé le groupe Fleuves, formé autour du clarinettiste Emilien Robic, de Romain Dubois au piano et à la MAO et de Samson Dayou à la basse. Depuis, le trio participe à la réactualisation des musiques traditionnelles de Bretagne à travers un style hybride, qui emprunte autant aux mélodies et rythmiques des danses bretonnes qu’aux esthétiques de l’électro ou encore du jazz. Une ligne artistique qu’ils révélaient dans un premier album éponyme, sorti en 2016 chez Coop Breizh et couronné du Grand Prix du Disque « Produit en Bretagne » l’année suivante.

Près de deux ans après leur second opus dévoilé en 2019, le groupe nous présente un EP digital baptisé Odyssea, paru le 4 juin dernier chez L’Appentis Producteur. Créé avec l’artiste Sarah Floc’h, à la belle voix claire et envoûtante, il s’articule autour de 4 chansons composées autour de thématiques chères au trio : leur lien intime à la mer et à leur environnement brestois, leur rapport créatif à la langue bretonne ou encore à la danse.


En ouverture de cet EP, ils nous livrent leur réinterprétation de « Me’zo Ganet E Kreiz Ar Mor » (« Je suis né au milieu de la mer »). Ce texte du poète groisillon Jean-Pierre Calloc’h, mis en musique en 1941 par le compositeur Jef Le Penven était devenu entre temps un thème phare de la musique vocale traditionnelle bretonne. Revisité par Fleuves et Sarah Le Floc’h, il fait aussi écho à des problématiques plus contemporaines, comme le déracinement et le courage des migrants éloignés de leur terre natale, ainsi que l’isolement auquel nous avons dû nous plier dans le contexte de la pandémie actuelle. Un propos des plus évocateurs qui trouve sa traduction dans le clip qui accompagne le morceau, tourné dans le port de commerce de Brest et marqué par la belle performance de la danseuse contemporaine Suzie Babin.

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Pochette de l’EP « Oydssea » de Fleuves & Sarah Floc’h.

Sorti le 4 juin 2021 chez L’Appentis Producteur/L’Usinerie Production.

Les musiciens de Fleuves assureront plusieurs concerts cet été dans l’Ouest. Vous les verrez notamment :

Le 9 juillet au festival Bro Leon Kann All Louar à Landerneau (29)
Le 24 juillet au Fest Jazz de Châteauneuf-du-Faou (29)
Le 9 août au Festival Interceltique de Lorient (56).

 

SILLY BOY BLUE – BREAKUP SONGS

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Photo: Manu Fauque.

Silly Boy Blue, c’est l’alter ego que s’est choisi l’artiste nantaise Ana Benabdelkarim il y a près de quatre ans. Depuis sa première guitare offerte par ses parents à l’âge de 13 ans, la multi-instrumentiste a suivi un parcours musical mouvementé et a fait ses armes au sein de multiples formations. En 2015, elle était notamment la moitié du duo Pégase aux côtés de Raphaël D’Hervez, sur l’album Another World. Suite à la mise en pause du projet en 2017, elle décide de se lancer comme artiste solo et devient Silly Boy Blue. Sous ce pseudonyme évocateur, titre d’une chanson du premier album de David Bowie, elle met en musique plusieurs textes qui révèlent son écriture intime et nostalgique. Cet univers très personnel devient ainsi la trame de son premier EP But You Will, qui sort en octobre 2018 chez Les Nouvelles Editions Indépendantes.

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Photo: Manu Fauque.

Aujourd’hui, l’autrice-compositrice-interprète nous délivre son premier album Breakup Songs, paru vendredi dernier chez Columbia France. Enregistré en compagnie des producteurs Apollo Noir et Sam Tiba, cet opus est marqué par sa forte dimension cathartique et exutoire. Son fil conducteur : un spleen multiformes par lequel Silly Boy Blue retranscrit et sublime ses fêlures, ainsi que les différentes facettes de ses passions et séparations amoureuses. Cette mélancolie romantique se reflète également dans un style instrumental captivant et contrasté. La voix et les mélodies expressives de l’artiste y côtoient ainsi des instrumentations aériennes et contemplatives, ou d’autres aux rythmiques marquées et parfois entraînantes, proches de l’électro-pop ou de la house.

Parmi ces 12 chansons de rupture, on retrouve entre autres une superbe version orchestrale de « The Fight », morceau phare qui figurait sur son EP précédent. Il est ici magnifié par l’ajout de somptueuses parties de cordes, écrites par la compositrice et cheffe d’orchestre Uèle Lamore. Une session réalisée au studio parisien Ferber, dont le clip est à retrouver ci-dessous.

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Pochette de l’album « Breakup Songs » de Silly Boy Blue. Visuel: Manu Fauque/Julie Meyer.

Sorti le 18 juin 2021 chez Columbia France/Sony Music France.

Silly Boy Blue sera en concert le 9 juillet 2021 au festival des Vieilles Charrues de Carhaix et le 25 septembre au Festival Panoramas de Morlaix (29).

 

MÔ’TI TEÏ – WELL DRESSED EXILE : SECOND HUMMING

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Photo: Anne Marzelière.

Pendant une dizaine d’années, Antoine Bencharif s’est fait connaître comme chanteur et guitariste au sein du groupe dub rennais Last Echo. C’est en 2012, après l’arrêt de sa formation, qu’il ressent le besoin de porter ses propres compositions et entame une carrière en solo, sous le nom de Mô’ti Teï. Dans la foulée, il enregistre dans son garage et diffuse sur la toile ses premiers morceaux, qui suscitent un intérêt croissant. Au gré des rencontres et des sollicitations, le musicien fait peu à peu vivre ses chansons sur scène, à l’occasion de plusieurs concerts donnés au fil des années. Il assura notamment une première partie de Tété à La Citrouille de Saint Brieuc le 8 mars 2018, puis une performance aux Bars en Trans le 7 décembre de l’année suivante.

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Photo: Anne Marzelière.

Par la suite, sa rencontre avec l’artiste et producteur Marlon Soufflet marque un nouveau cap dans son cheminement artistique : elle lui permet d’enregistrer huit de ses compositions au Studio BV de Rennes, pendant l’été 2020. Elles sont aujourd’hui réunies sur son premier album Well Dressed Exile : Second Humming, sorti vendredi 18 juin 2021 sur le label Maudite Teigne. Un opus aux allures de voyage introspectif et dans lequel le musicien se dévoile avec sensibilité, à travers un folk rock polymorphe et aux riffs magnétiques, ainsi que sa voix tantôt délicate ou chaleureuse, tantôt puissante et passionnée. Un style dont il nous donnait un avant-goût le 18 mai dernier, à travers le clip de « Travel Through Ecuador ». Dans cette chanson, l’une des plus réchauffantes de l’album, Mô’ti Teï s’adresse à l’un de ses amis partis vivre en Équateur et auquel il lance un appel vibrant, dans l’espoir de sceller un jour leurs retrouvailles…

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Pochette de l’album « Well Dressed Exile: Second Humming » de Mô’ti Teï. Visuel: Thibault Balahy.

Sorti le 18 juin 2021 chez Maudite Teigne/Inouïe Distribution.

Mô’ti’Teï sera en concert vendredi 2 juillet 2021 au Petit Café de Rezé (44) et le 26 juillet à la Guinguette du MeM.

 

LABOTANIQUE – EXPRESSIONS VEGETALES

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Le duo Labotanique (Ronan Boinet et Thomas Conchini). Photo: Adeline Moreau.

L’aventure Labotanique est née en 2015 de la rencontre entre l’auteur-interprète Ronan Boinet et le claviériste Thomas Conchini. Depuis ses deux premiers EPs sortis en 2017 et en 2019, le duo élabore un style influencé entre autres par le rap et l’électro pop, qui a progressivement pris la forme d’une « pop végétale ». Ces dernières années, en effet, ces deux agronomes de formation ont pris le parti de raconter le monde qui nous entoure en donnant la parole aux plantes, pour lesquelles ils développent une passion devenue de plus en plus dévorante. C’est cet univers étonnant et poétique qui devint la matière d’Expressions Végétales, spectacle de « musicoplantologie » créé au Jardin des Plantes de Nantes le 26 juillet 2019, dans le cadre du Voyage à Nantes. Ce projet hybride se dévoile aujourd’hui dans leur premier album du même titre, qui paraîtra le 25 juin prochain sur le label Bruit Vert.

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Le duo Labotanique (Thomas Conchini et Ronan Boinet). Photo: Adeline Moreau.

Dans cet opus, donc, chaque morceau met à l’honneur une plante qui, chacune à sa manière, reflète divers aspects de notre condition humaine et certains déséquilibres qui agitent notre monde. Cette oeuvre s’ouvre ainsi sur « Le syndrome du banlieusard », dont le propos s’articule autour du polypode vulgaire. Une fougère poussant dans le béton et par laquelle les deux artistes retranscrivent, avec éloquence, leur enfance passée en banlieue, ainsi que la question de la fragilité de notre identité et de nos appartenances, dans un monde sans cesse en mouvement.

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Pochette de l’album « Expressions végétales » de Labotanique. Visuel: The Feebles.

Sortie : le 25 juin 2021 chez Bruit Vert.

Labotanique sera en tournée dans plusieurs jardins botaniques de l’Hexagone. Cet été, ils donneront notamment quelques concerts en Loire Atlantique :

Le 1er juillet 2021 dans le jardin de l’association Les Lucioles à Couëron
Le 4 juillet au Château de Ranrouët à Herbignac
Le 7 juillet à La Soufflerie de Rezé
Le 10 juillet à la Guinguette culturelle estivale de Bouguenais

 

JAMES ELEGANZ – SESSION TO SESSION VOL. 1

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Photo: Nicolas Rabadeux.

Après avoir oeuvré pendant dix ans au sein du groupe électro-rock Success, Mister Eleganz (Yann Chehu à la ville) a opéré une mue réussie en solo, sous le pseudonyme James Eleganz. La première pierre de son nouveau projet fut posée en Californie, plus précisément au studio Rancho De La Luna dans le parc national de Joshua Tree. C’est dans ce haut lieu du rock et sous la réalisation de Toby Dammit (claviériste des Bad Seeds de Nick Cave), qu’il a enregistré son premier album The Only One, sorti le 12 avril 2019 chez ZRP. Avec une voix de crooner sombre, l’auteur-compositeur-interprète y déployait ainsi un folk rock délicieusement crépusculaire, bâti autour d’une histoire d’amour tourmentée et à l’issue tragique.

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James Eleganz & Gaëtan Grandjean. Photo: Nicolas Rabadeux.

Avant de nous dévoiler son nouvel album attendu pour le printemps 2022, l’artiste inaugure aujourd’hui une œuvre discographique parallèle : intitulée Session to Session, elle s’articulera autour de plusieurs volumes, dont le premier sortira le 25 juin prochain. Un opus intimiste, conçu pendant un mois dans la villa Les Roches Brunes de Dinard. Épaulé du guitariste Gaëtan Grandjean, James Eleganz y revisite plusieurs titres issus de The Only One sous des arrangements épurés. Et à cette occasion, il nous livre également trois chansons inédites dont le désenchanté « Charlie Pie », ainsi qu’une reprise ténébreuse du morceau « Walk The Cow » de Daniel Johnston. Le tout bien mis en valeur par la belle réverbération des lieux…

Retrouvez ci-dessous le reportage réalisé par Thibault Boulais de TVR pour l’émission Culture Club, tourné pendant l’enregistrement de Session to Session : vol.1 :

Pochette de l’album « Session to Session vol.1 » de James Eleganz. Visuel: Stéphane Torossian.

Sortie : le 25 juin 2021 chez ZRP.

James Eleganz sera en concert ce lundi 21 juin 2021 en livestream à La Nouvelle Vague de Saint Malo (35) pour le Festival Initiales, ainsi que le 11 juillet 2021 à 17h à La Guinguette du MeM.

 

FIXI & NICOLAS GIRAUD – TEMPO, TEMPO ! A TONY ALLEN CELEBRATION

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Nicolas Giraud & Fixi. Photo: Frank Loriou.

A première vue, on pourrait croire que les routes de l’accordéoniste Fixi et du trompettiste Nicolas Giraud ne s’étaient jamais croisées. Pourtant, outre leur formation commune en conservatoire, les deux musiciens ont fait leurs débuts il y a plus de 25 ans dans le même orchestre: celui fondé par le célèbre batteur Tony Allen, connu comme le co-créateur de l’afrobeat avec Fela Kuti à la fin des années 60. Suite à cette expérience formatrice, les deux instrumentistes ont chacun mené leurs projets de leur côté : le premier officia notamment au sein du groupe Java et collabora à plusieurs reprises avec Winston McAnuff, tandis que le second accompagna de nombreux artistes comme Claude Nougaro ou encore Keren Ann. Mais dans le même temps, tous deux restèrent fidèles à leur mentor, avec lequel ils partagèrent la scène à plusieurs occasions.

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Nicolas Giraud & Fixi. Photo: Frank Loriou.

Ces dernières années, Fixi et Nicolas Giraud avaient envisagé d’immortaliser des retrouvailles artistiques avec Tony Allen, autour d’un projet commun en studio. Suite au décès brutal du batteur le 30 avril 2020, ils décidèrent de transformer cette initiative en une célébration collective, pour rendre hommage à leur ami. Ainsi, les deux musiciens ont créé douze chansons vivantes et énergiques, autour de certains enregistrements des rythmiques imparables du maître et en compagnie d’artistes de tous horizons . Ces morceaux prennent aujourd’hui place dans un album baptisé Tempo, Tempo !, dont la sortie est attendue le 25 juin 2021 chez La Familia. Il comporte en outre le revigorant « La vie est belle », pendant lequel le duo est rejoint par la voix chaude de Djeuhdjoah, afin de mieux nous entraîner dans son groove irrésistible. Et surtout pour convoquer, de manière inspirée et vibrante, l’esprit et l’héritage artistique considérable du grand Tony Allen…

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Pochette de l’album « Tempo, Tempo! A Tony Allen Celebration » de Fixi & Nicolas Giraud. Photo: Frank Loriou.

Sortie : le 25 juin 2021 chez La Familia/L’Autre Distribution.

 

Certains des morceaux présentés dans cette sélection sont à retrouver dans la playlist d’Unidivers:

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Pierre Kergus
Journaliste musical à Unidivers, Pierre Kergus est titulaire d'un master en Arts spécialité musicologie/recherche. Il est aussi un musicien amateur ouvert à de nombreux styles.

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