Chaque mois, Unidivers vous présente ses coups de cœur musicaux, sélectionnés parmi les sorties d’albums et d’EPs du mois en cours. À la une de la sélection de janvier 2022 : l’album La rencontre de Georges Chelon et After Coffee de Delirium City.

Nous voici donc arrivés au terme du premier mois de cette année 2022. Une période habituellement associée au renouveau et qui, déjà, offre des perspectives de plus en plus engageantes pour notre vie culturelle bien aimée. C’est aussi, bien sûr, l’époque des bonnes résolutions que certains d’entre nous tâcherons de tenir… autant que faire ce peut. Dans cette même optique, nous poursuivons notre rendez-vous mensuel et vous proposons la sélection-bilan des albums et EPs qui nous ont conquis pendant le mois de janvier…

GEORGES CHELON – LA RENCONTRE

georges chelon, la rencontre
Photo: Eric Fougere.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est un peu par hasard qu’est née la vocation artistique de Georges Chelon. Né en 1943 à Marseille, il grandit à Grenoble et se destine tout d’abord à des études de médecine, puis de sciences politiques. Pourtant, le destin en a voulu autrement : en 1963, ses vacances passées en Espagne avec des amis l’amènent à acheter une guitare classique, dont il apprivoise la pratique sous les conseils d’un professeur de musique. Si le jeune homme s’initie en interprétant les succès à la mode de Jacques Brel et de Charles Aznavour, l’instrument lui permet aussi d’écrire de nombreuses chansons qui inaugurent rapidement son répertoire personnel. De sorte que l’année suivante, il participe au radio-crochet « Découvertes 64 », organisé à Grenoble par Radio Montecarlo et le label Pathé-Marconi. Interprétant deux de ses compositions, Georges Chelon remporte le concours et attire l’attention de René Vanneste, directeur artistique chez Pathé. Ce dernier, sentant le potentiel du jeune artiste, lui propose d’enregistrer en studio et de le rejoindre à Paris. Une fois le jeune homme installé dans la capitale, il supervise alors l’enregistrement de son premier 45 tours qui sort en février 1965.

georges chelon, la rencontre
Georges Chelon à Montgivray le 8 avril 2017. Photo: Lise Ritter. Photo: source Facebook.

Bien accueilli par la critique et les radios, le disque est suivi d’un 33 tours séminal et éponyme, pour lequel Georges Chelon bénéficie des arrangements instrumentaux de Roland Vincent, alors musicien de Michel Delpech. Sorti en septembre 1965, ce premier opus est porté en outre par le vif succès de la chanson « Père Prodigue », au propos semi-autobiographique. Plus largement, les textes de Georges Chelon le démarquent de la mode yé-yé en vogue à l’époque. De fait, ils révèlent une écriture à l’expression romantique, associée à la chanson dite « à texte » incarnée entre autres par Georges Brassens, Léo Ferré et Jean Ferrat. Une identité esthétique avec laquelle l’auteur-compositeur-interprète fédère un public fidèle, réuni lors des multiples concerts de l’artiste dans des salles de diverses envergures, notamment lors de ses premières parties d’Alain Barrière et Salvatore Adamo. Dans le même temps, l’album obtient un grand succès critique et remporte plusieurs distinctions de l’industrie musicale, dont le prix de l’Académie Charles Cros.

Au cours de cette longue carrière riche de plus d’une trentaine d’opus, Georges Chelon façonne une œuvre au propos souvent en prise avec son époque. Dans ce cadre, il aborde également certains thèmes alors avant-gardistes, de façon sensible et éloquente. Ainsi, quelques années après avoir évoqué l’exode rural dans « Morte saison » (1966), il est l’un des premiers interprètes à aborder le sujet de l’écologie avec « Raconte nous le temps », écrite au début des années 70 pour l’album Ouvrez les portes de la vie (1973). Entretemps, la fibre poétique devient de plus en plus présente dans son répertoire et peu à peu, l’artiste se consacre à la mise en musique de poètes issus de tous horizons. Quelques décennies plus tard, il travaille ainsi sur l’intégralité des fameuses Fleurs du mal de Charles Baudelaire. Des versions chantées qui font l’objet de sept disques parus entre 2004 et 2009.

Près de 57 ans après ses débuts et suite à son 36e album Ensemble sorti en 2020, Georges Chelon nous présente sa nouvelle création, intitulée La rencontre et dévoilée le 7 janvier dernier chez EPM. Enregistré comme les précédents au Studio de la forêt et réalisé par le musicien Pierre-Louis Cas, ce nouvel opus se savoure en deux temps : la première partie est composée de 25 morceaux, dont 12 nouvelles chansons qui viennent désormais enrichir son large répertoire. De même, Georges Chelon y a glissé ses mises en musique de deux textes rares de Georges Brassens, « Jamais contente » et « La camarde », dans lesquelles transparaissent l’influence du maître Sétois. La seconde, quant à elle, présente 12 réinterprétations inspirées de titres figurant parmi les plus beaux de la chanson française du siècle dernier.

Au fil de La rencontre, on retrouve ainsi la voix singulière et profonde de Georges Chelon, toujours porteuse de cette âme romantique chère à son public et qu’il a su préserver au fil du temps. Tour à tour empreinte de délicatesse ou de passion vibrante, sa voix s’allie à des textes qui reflètent une vision poétique de l’existence et de la « comédie humaine » moderne. Un univers des plus attachants, par lequel il nous raconte en outre des épisodes marquants de sa vie passée et actuelle, dont il retranscrit les nuances émotionnelles avec parfois beaucoup de facétie et d’auto-dérision. À noter également qu’outre ses mises en musique de Brassens, ces nouvelles compositions côtoient également trois autres textes, écrits par le poète Maurice Cury (« Le royaume ») ainsi que les artistes Frédéric Zeitoun (« Le sens de tout ça ») et Elisabeth Vigna (« Restons-en là »).

georges chelon, la rencontre
Photo: Bruno Vallet.

Pour concevoir ce disque, Georges Chelon a également retrouvé son fidèle quatuor de musiciens, déjà présent sur l’album précédent Ensemble : à ses côtés, se tient ainsi Brahim Haiouani à la basse, Nicolas Blampain à la guitare, Lucien Di Napoli au clavier et Pierre-Louis Cas au saxophone/flûte/clarinette. En leur compagnie, l’auteur-compositeur-interprète drape ses compositions et ses reprises d’un style éclectique, via des instrumentations parfois inspirées du revival folk et de la country, rappelant souvent des artistes comme Hugues Aufray.

Parmi les compositions originales de La rencontre, se trouve notamment le morceau « Abime », dans lequel Georges Chelon rappelle à notre bon souvenir les épisodes les plus sombres de l’Histoire mondiale contemporaine. Il renferme un texte éblouissant, dont la portée poignante est ici renforcée par les arpèges délicats égrenés à la guitare folk par Nicolas Blampain, soutenus par les lignes minimalistes de basse et de synthétiseur de Brahim Haiouani et Lucien Di Napoli. Sûrement l’une des plus belles manières de nous alerter sur la barbarie humaine, quels que soient son visage et ses frontières…

Sorti le 7 janvier 2022 chez EPM/MCA/Universal.

En commande sur le site d’EPM

En écoute sur Deezer/Spotify/YouTube

 

DELIRIUM CITY – AFTER COFFEE

delirium city, after coffee
De gauche à droite: Maxime (guitare rythmique), Nicolas (basse), Qiao (guitare solo), Suzon (chant) et Polie (batterie).

En près de 10 ans, Delirium City a élaboré un style singulier, issu de la symbiose qui unit ses membres. C’est en mai 2012 que le projet voit le jour, impulsé par son guitariste rythmique Maxime aka MX. Ce dernier, après plusieurs années de pratique et quelques expériences de groupes, décide alors de monter une nouvelle formation, en compagnie de Magalie alias Volk, bassiste de son état. Très vite, le duo se mue en quatuor lorsque les deux musiciens sont rejoints par Polie à la batterie, puis par Suzon, chanteuse rompue à de multiples styles musicaux.

Ainsi naît la première mouture de ce qui deviendra Delirium City. À l’image de ses pairs et afin d’étoffer son identité artistique, le nouveau groupe inaugure son répertoire avec des reprises de standards différents styles, auxquelles il mêle progressivement de premières chansons originales. Parmi leurs premiers faits d’arme, les musiciens comptent tout d’abord une première partie du concert de Desireless à Bain-De-Bretagne le 16 novembre 2013, à l’occasion d’un radio-crochet organisé par la mairie. Ils donnent également plusieurs performances dans les cafés et fêtes de la musique dans la région de Rennes. 2 ans plus tard, le groupe s’illustre également par sa participation au tremplin de l’édition 2015 du festival Emerganza.

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Delirium City à la Scène Michelet de Nantes, le 4 janvier 2020. De gauche à droite: Maxime (guitare rythmique), Suzon (chant), Nicolas (basse) et Qiao (guitare solo). Photo: Som1if – Vincent Couette.

En septembre 2016, Delirium City devient quintette après l’arrivée de Qiao, venu leur prêter main forte à la guitare solo. Ce dernier, par l’intermédiaire de ses contacts, les amène aussi à réaliser une mini tournée de 4 dates en Chine la même année. Puis les années suivantes, le groupe monte sur des scènes de plus grande envergure, écumant notamment les SMACs du Grand Ouest. Entretemps, elle voit le départ de Volk du groupe l’année suivante, remplacé à la basse par Nicolas.

À la même période, Delirium City accumule les compositions, lesquelles viennent progressivement former la trame de leur premier album. Ce dernier, nommé (Un)Awaken sort en septembre 2017. Dès lors, la formation connaît une notoriété croissante et poursuit sa tournée, pendant laquelle ils assurent notamment un passage au Mondo Bizarro le 21 septembre 2019. Il se retrouve également sélectionné dans plusieurs tremplins scène, parmi lesquels les festivals Bobital L’Armor à Sons et Label’Zic en septembre 2020, ou encore le Prix de la Société Pernod Ricard France Live Music de ces deux dernières années.

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Delirium City à la Scène Michelet de Nantes le 4 janvier 2020 (De gauche à droite: Maxime (guitare rythmique), Suzon (chant) et Nicolas (basse). Photo: Som1if-Vincent Couette.

À l’issue d’une courte pause créative, Delirium City revient avec After Coffee, EP dévoilé le 5 janvier 2022 sur leur label Delirium Production. Mixé par Alex Fatty B au studio Basilic Music à Cintré (35), il est constitué de 6 morceaux créés suite à la sortie de (Un)Awaken et enregistrés entre 2020 et 2021. Le quintette y réaffirme l’univers singulier qu’il avait initié dans son opus précédent : un style détonant et aux influences diverses, dont la base est ancrée dans le hard rock période années 80, dans une veine similaire à Joe Satriani, Bon Jovi et Scorpions.

Cette ligne artistique tire également sa force esthétique de son approche très mélodique. Cet aspect est souligné entre autres par la voix claire de Suzon, dont le beau lyrisme vient ajouter son supplément de féérie sur chaque titre de l’EP. Dans le même temps, l’identité musicale du groupe s’appuie sur la frappe percutante, mouvante et souvent véloce de Polie à la batterie, dont les ruptures rythmiques rappellent par moments le rock progressif.

À travers cet univers musical bouillonnant, Delirium City met en scène des figures fantastiques comme des anges déchus, des amoureux brisés par le destin et, plus largement, des personnages dont le désir de liberté se retrouve entravé par un environnement froid et anxiogène. Un thème qui constitue l’argument du morceau « 5howtime », ilustré par son clip d’animation créé par l’illustrateur DrGauss et dévoilé le 26 novembre dernier. Sur le plan instrumental, le morceau se pare ici d’accents rythmiques proches du speed metal, via le jeu de guitare percutant de MX et les interventions mélodiques étourdissantes de Qiao à la guitare solo. Le tout porté par l’énergie décoiffante et revigorante procurée par la batterie effrénée de Polie, qui retraduit à merveille cette libération intérieure et explosive placée au centre du propos. Celle-là même dont certains d’entre nous rêvent parfois, plus ou moins secrètement…

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Pochette de l’EP « After Coffee » de Delirium City. Visuel: Les Cha Cha/Quentin Habasque.

Sorti le 5 janvier 2022 chez Delirium Production.

En écoute sur Deezer/Spotify/YouTube

PENNY – MY SECRET POWERS

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Photo: The Dancing Cameraman.

Depuis ses premières années, Penny vit dans un univers baigné de musique. Originaire de Hudderfield dans le West Yorkshire anglais, elle passe tout d’abord son enfance auprès d’une famille de mélomanes, au contact de laquelle elle développe très tôt une passion débordante pour le chant. Si bien que pendant ses années collège, elle intègre plusieurs formations et alimente une éducation artistique déjà pavée d’influences diverses, mêlant des groupes comme Summer Camp, Belle & Sebastian et Slow Club.

Quelques années plus tard, la jeune femme part faire ses études à l’université de Bangor au Pays de Galles. Commence alors une période plus sombre, pendant laquelle Jessie se retrouve piégée dans une relation amoureuse toxique qui met son mental à rude épreuve. Malgré tout, cette expérience douloureuse devient entretemps la matière de ses premières chansons, qu’elle compose à la même période.

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Photo: The Dancing Cameraman.

Peu de temps après, Jessie adopte le pseudonyme Penny et débute une collaboration avec Will Serfass alias Wassailer. Ce dernier n’est autre que l’ex-leader de son groupe fétiche We Were Evergreen, rencontré au sortir d’un concert jadis donné par le trio à Sheffield quand la jeune artiste était encore au collège. Il tombe immédiatement sous le charme de sa première composition « Ur Girl’s Fine » et l’épaule pour en enregistrer la démo, immortalisée dans son home-studio londonien. Une fois cette première pierre posée, il produit l’enregistrement de 5 autres morceaux qui, progressivement, forment le premier EP de Penny. Intitulé My Secret Powers, il est sorti le 26 janvier 2022 chez Empty Street Records.

Dans l’ensemble, les chansons de My Secret Powers renferment des atmosphères instrumentales magnétiques et des sonorités variées. Elles allient généralement des influences puisées dans la neo soul des années 90 et 2000 à des éléments renvoyant subtilement à la funk et l’électro-pop actuelle. Une synthèse de styles réjouissante, qui habille harmonieusement la vocalité subtile et envoûtante de Penny, détentrice d’une mélancolie à l’aura enveloppante. Comme évoqué plus tôt, les textes de ses 6 chansons tirent donc leur genèse de ses traumatismes passés, où se rencontrent les embûches qui ont terni ses premières années de jeune adulte. Pour beaucoup, elles sont liées à ses doutes, ses déceptions et ses désillusions amoureuses très souvent liées au poison du patriarcat. Mais en fin de compte, Penny évoque leur souvenir pour mieux exorciser ses anciennes douleurs et créer de véritables déclarations d’amour, qu’elle adresse autant à elle-même qu’à ses proches.

Aux dires de Penny, c’est d’ailleurs ce même cocon affectif qui lui a permis de mettre à distance ces traumatismes, se réconcilier avec son for intérieur et s’épanouir davantage. L’artiste nous en donne un aperçu vivifiant dans le clip maison de sa première composition « Ur Girl’s Fine », dévoilé le 1er septembre 2021 sur sa chaîne YouTube. Un morceau addictif traversé de la voix gorgée de mélismes de la jeune artiste, son motif de synthétiseur accrocheur et sa basse mouvante, sans oublier sa rythmique de percussion marquée aux délicieux accents de r&b contemporain. En somme, ce sont autant de raisons d’installer cet EP en rotation sur nos playlists… et nos esprits.

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Pochette de l’EP « My Secret Powers » de Penny. Visuel: Holly Farndell/Eloise Shaw

Sorti le 26 janvier 2022 chez Empty Street Records/Because Music.

En écoute ICI 

HERMAN DUNE – SANTA CRUZ GOLD/GOLD NUGGETS

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Photo: Mayon Hanania.

Depuis plus de 20 ans, David Ivar alias Herman Dune s’affirme comme l’un des artisans les plus prolifiques de la scène folk contemporaine. Pendant son enfance passée à Paris, il reçoit dès rapidement l’influence des grands artistes phare de ce répertoire, notamment celle de Bob Dylan dont trois albums figurent dans la discothèque familiale. De fil en aiguille naît alors une vocation artistique chez le jeune David et il n’en fallait pas plus pour qu’au milieu des années 90, il s’associe avec son frère André. Tous deux fondent le duo Herman Düne, devenu trio après l’intégration de leur ami Omé, qui officie à la batterie.

Ensemble, ils élaborent ainsi des premiers morceaux dans un style antifolk, désigné comme une esthétique fusionnant les instrumentations du folk avec le discours social et politique du punk rock. Durant ses premières années d’existence, le groupe compose sans relâche et se fait connaître en donnant de multiples concerts, tout en enregistrant une centaine de chansons auto-produites et diffusées sur quelques EPs confidentiels. Un premier tournant survient lorsque les frères Ivar rencontrent Nicolas et Fabrice Laureau du groupe Prohibition, qui les signent sur leur jeune label Prohibited Records. Cette nouvelle collaboration permet à Herman Düne de sortir son premier album officiel Turn Off The Light, enregistré en deux jours dans un parking de La Chapelle, dans des conditions live.

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Photo: Mayon Hanania.

Les années suivantes, la formation subit un changement suite au départ d’Omé en 2001, remplacé à la batterie par Néman. Elle enchaîne également les albums à un rythme constant, jusqu’à l’opus Giant, publié en 2006 sur le label Source Etc. Dynamisé par la bonne présence en radio du single « I Wish That I Could See You Soon », l’opus remporte un succès manifeste et fait l’objet d’une tournée intensive que le trio mène à travers le monde. C’est peu de temps après qu’André quitte le groupe et débute une carrière solo sous le nom de Stanley Brinks. Malgré cela, David décide de continuer l’aventure avec Néman, non sans amputer Herman Dune de son trëma originel. Ce faisant, le songwriter poursuit sur sa lancée et délivre des albums qui, dans les années qui suivent, renforcent sa renommée grandissante auprès du public et de la critique. En 2013, il se lance dans une expérience en solitaire et créé le projet parallèle Black Yaya. Orienté électro-pop, il donne lieu à un album du même nom publié en 2015 sur le label City Slang. Pour autant, David Ivar n’abandonne pas ses premières amours musicales auxquelles il continue de se consacrer avec son groupe originel, de créations en créations.

Outre l’opus Notes from Vinegar Hill et ses « cassette tapes » dévoilées ces deux dernières années, la discographie d’Herman Dune a récemment été augmentée de l’album Santa Cruz Gold. Sorti en 2018 en format numérique, il s’incarne aujourd’hui dans une version phyique, publiée le 14 janvier dernier chez Santa Cruz Records. À cette occasion, il est accompagné d’un album bonus intitulé Gold Nuggets, dont les 13 chansons ont été enregistrées à la même période. Ce dernier a été entièrement composé et interprété par Herman Dune qui en assure toutes les parties instrumentales, que ce soit derrière la batterie, les guitares ou encore l’harmonica. Seule exception : les lignes de basse présentes sur six morceaux et assurées par Vincent Mougel, musicien qui a notamment travaillé avec Matthieu Boogaerts et Les Innocents.

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Photo: Mayon Hanania.

Dans sa tâche, Herman Dune s’est également épaulé de sa compagne Mayon Hanania qui le soutient aux choeurs sur plusieurs titres. À travers Gold Nuggets, il déploie ainsi une esthétique country folk/americana toujours aussi savoureuse et magnétique. Ce qui ne l’empêche pas, par moments, d’aventurer certains morceaux vers des rythmiques plus percussives et proches des skanks du reggae, ou encore celles marquées et frénétiques du rock versant punk et powerpop. D’un bout à l’autre de Gold Nuggets, le discours musical développé par l’artiste est avant tout magnifié par sa voix vibrante et captivante. En plus de 20 ans de carrière, elle a même acquis un nouveau relief et adopte désormais un léger eraillement proche de son idole Bob Dylan, ainsi que des inflexions et un timbre parfois grave qui le rapproche d’artistes comme Johnny Cash et Kris Kristofferson.

Cette vocalité désormais épaissie permet à Herman Dune d’incarner les textes de Gold Nuggets avec une force supplémentaire. D’autant plus que les paroles de ses morceaux évoquent ici des thèmes humains universels et incontournables dans l’univers folk et country : on y retrouve en outre des sentiments bien familiers comme le désenchantement et l’envie d’évasion, ou encore le poids de la solitude sur l’âme humaine. Un trouble émotionnel qui constitue notamment la trame du morceau « Baby’s Got A Fancy See-Through Hat », dans lequel l’artiste énonce une histoire débutant par le récit d’une nuit de cauchemar. D’une manière faussement décontractée, son accompagnement instrumental s’articule autour d’une rythmique marquée de batterie et de savoureuses lignes mélodiques à l’harmonica, rappelant dans son expression certaines grandes chansons de Neil Young ou de Bruce Springsteen. Autant dire qu’à cet égard, le charme opère d’autant plus…

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Pochette de l’album « Santa Cruz Gold » d’Herman Dune. Visuel: David Ivar/Krstof Milovanic.
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Pochette de l’album « Gold Nuggets » d’Herman Dune. Visuel: David Ivar/Krstof Milovanic.

Sortis le 14 janvier 2022 chez Santa Cruz Records/BB*Island.

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En écoute sur Deezer/Spotify/YouTube

Certains des morceaux présentés dans cette sélection sont à retrouver dans la playlist d’Unidivers :

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Pierre Kergus
Journaliste musical à Unidivers, Pierre Kergus est titulaire d'un master en Arts spécialité musicologie/recherche. Il est aussi un musicien amateur ouvert à de nombreux styles.

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