Issues de la tradition ou de l’air du temps, mêlant souvent vrai et faux, les idées reçues sont dans toutes les têtes. Les auteurs les prennent pour point de départ et apportent ici un éclairage distancié et approfondi sur ce que l’on sait ou croit savoir.

Voici un livre passionnant qui vous fera voyager sans bouger de votre fauteuil, mais vous donnera justement envie de sillonner les quatre coins de la planète ! L’auteur nous emmène en effet sur tous les continents et dans une multitude de pays, que nous abordons par le petit bout de la lorgnette, et surtout en tâchant de vérifier si les idées reçues ou aphorismes que nous véhiculons sont véridiques…

On comprend qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que ces idées reçues que nous véhiculons sans nous en rendre compte en les faisant circuler et en y accordant foi ont souvent une raison d’être, liée à un fait de l’histoire ou une caractéristique géographique. Bien sûr, on s’amuse un peu en cataloguant les habitants de chaque pays et en les enfermant dans une description souvent un peu réductrice, mais on découvre la part de vérité de chaque idée reçue et ce que le « on dit » a rajouté.

Bref, c’est un voyage aussi amusant que passionnant qu’on entreprend en parcourant ces pages, que je vous conseille de lire !

La question reste cependant entière : La France, pays des fromages et de la culture, des vins fins et des châteaux, de l’art de vivre compte-t-elle vraiment autant de malotrus et râleurs ?

 

Tout le monde le sait.

Le Suisse est un peu lambin et maniaque de la propreté ; le Portugais est maçon, évidemment poilu et mange de la morue tous les jours ; l’Anglais n’a aucun sens de la gastronomie ; en Irlande on boit des bières dans les pubs parce que dehors il pleut (toute l’année sans doute)…

On pourrait poursuivre cette liste, elle est infinie. La preuve : le Cavalier Bleu en a même fait une collection !

Jetez rapidement un coup d’œil au sommaire : il a des airs de devinettes, une sorte de jeu pour lequel il faudrait indiquer « vrai » ou « faux » dans une colonne à droite, à côté de la pagination.

C’est vrai que c’est amusant, les clichés. Jusqu’au moment où l’on découvre la rubrique bleu-blanc-rouge. « Râleur », « arro-gant » et « indiscipliné », le Français « sent mauvais » puisqu’il se lave très peu.

Ah bon ?! C’est ça qu’on pense de nous à l’étranger ?… Ben oui. Qu’on se rassure : il se dit aussi que les vins français sont les meilleurs (et les plus chers…) et le « french lover » a encore une bonne cote.

Mais qui a bien pu nous mettre dans le crâne toutes ces idées… reçues ?

Commence alors le plus passionnant : comprendre d’où viennent ces clichés, ce qu’ils racontent d’un pays et de ses habitants, et doucement démêler le vrai du faux. Faire la part de ce qui est réel et de ce qui relève du fantasme.

Un exemple. Tout le monde se rappelle la sortie très peu diplomatique d’Édith Cresson, à l’époque Premier ministre, assimilant les Japonais à des « fourmis ». Scandale au pays du soleil levant ! Image impossible, il faut bien le reconnaitre. Pourtant elle était finalement assez objective en comparant ainsi les « existences démesurément laborieuses » des travailleurs japonais, « inaccep- tables pour les standards européens concernant les loisirs et la sécurité sociale ». Car c’est la réalité : le bon salary man japonais restera très tard au bureau puis ira diner avec ses collègues, un jour il se mariera dans le cadre de son entreprise ; il ne verra plus beaucoup sa femme, qui élèvera les enfants. On est bien loin de la culture française dans ce domaine. Mais comprendre ces codes qui régissent la société nippone autour du travail c’est aussi, indirectement, percevoir la place de la femme japonaise, l’obligation d’excellence dans l’éducation dès la toute petite enfance, la pression qui s’exerce en permanence ; c’est aussi porter un autre regard sur leurs excentricités, la force créative incroyable de ce peuple et leur originalité unique.

Ce qui est vrai pour les Japonais l’est aussi pour tous les autres peuples.

Les clichés simplifient, déforment, mais portent toujours une part de vérité. Une « idée reçue » est donc un formidable point de départ pour aller à la découverte de l’autre, forcément plus complexe.

Il ne reste plus qu’à choisir comment.

En lisant, bien-sûr. En écoutant la radio dont les ondes peuvent vous emmener bien loin. Et surtout en promenant sa petite valise à travers le monde, histoire de côtoyer non pas « le » Japonais mais « les » Japonais. Les Portugais, les Suisses, les Indiens et les autres… Et pour chacun, goûter à leur culture, partager leur petits-déjeuners, se frotter à leur environnement

Commencer par se dire « bonjour » bien-sûr… Et pour ça, on s’embrasse ? On se fait un signe, un hug ? On se regarde ou pas ? La carte de visite qu’on vous tend, il faut vraiment l’attraper à deux mains ?…

Eh oui, ça commence là. Observer puis dépasser les idées reçues afin de se rencontrer. Idéalement, de mieux se comprendre. Et peut-être, apprendre à s’apprécier.

 

 

  • Broché: 606 pages
  • Editeur : Editions Le Cavalier Bleu (7 mai 2012)
  • Collection : Idees recues
  • 22€
    • Langue : Français
    • ISBN-10: 2846704333
    • ISBN-13: 978-2846704335

 

 

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