Simon Queven transmet La Vague (1930) d’Albrecht Knust à un groupe de danseurs amateurs, dont certains découvrent la danse. Deux représentations de cette recréation jubilatoire seront données au festival Agitato au Triangle de Rennes samedi 10 juin.

À 31 ans, Simon Queven à un parcours dans la danse aussi riche qu’atypique. Après une agression qui aurait pu lui coûter la vie, il termine une licence qui devait le mener à une carrière de professeur d’histoire géographie et retourne à ses premières amours : le théâtre. À Bruxelles, où il étudie alors, il découvre la danse et se laisse happer par la liberté qu’offre la dynamique des possibilités du corps hors du mimétisme du théâtre.

Simon Queven réalise que sa voie est là. Fort des premières approches que lui offre cette ville centrale pour l’apprentissage de l’art, il élabore un parcours en cohérence avec ses premières intuitions, une formation nomade, qu’il nommera plus tard École Nomade Autonome. Il étudie toutes les danses possibles lors d’un tour du monde en auto-stop et bateau-stop qui le mènera en Espagne (et au flamenco de Grenade), au Maroc, en Mauritanie, au Sénégal (où il étudie la danse africaine et la danse contemporaine), en Allemagne (où il approfondit la danse contemporaine et la performance dans les différents studios de Berlin), en Amérique Latine (où il découvre la capoeira, le tango argentin et la danse contemporaine argentine).

SIMON QUEVEN LA VAGUE

De retour en France après un passage à Rennes, il est admis au Conservatoire National de Danse et de Musique de Paris où il étudie la notation Laban (système d’écriture complexe permettant de fixer les mouvements d’une chorégraphie), qui l’amène à affiner sa recherche autour du rapport pour le danseur avec ce qui est extérieur de lui, le rapport au corps et le rapport à l’extérieur sous le prisme de l’architecture : l’architecture de ce qui entoure le danseur et l’architecture de son anatomie, de son corps.

C’est dans le cadre de la fin de sa deuxième année au CNDM que Simon Queven propose une reconstruction de La Vague, pièce créée en 1930 par Albrecht Knust. Sa tâche est de transmettre cette pièce chorale à 36 danseurs amateurs en se basant sur la partition Laban de celle-ci. La Vague d’Albrecht Knust dure 3 minutes. La version recréée par Simon Queven dure, elle, 8 minutes, mais il n’a eu que deux jours de répétition pour la transmettre aux danseurs dont aucun n’est professionnel.

SIMON QUEVEN LA VAGUE

Des mouvements lents et répétitifs naît une danse qui plonge aussi bien le danseur que le spectateur dans un état proche de la méditation, une méditation joyeuse.

La transmission de la danse a été axée autour de la question que met en exergue cette chorégraphie : allier le travail du poids du corps et la recherche d’une qualité de mouvement très relâchée au niveau du buste et de la tête. Le danseur doit travailler la fluidité dans le déplacement de son bassin et trouver une grande souplesse dans la colonne vertébrale, car c’est dans son diaphragme que naît la vague.

Cette transmission s’est effectuée en seulement deux jours. Transmettre une pièce dans un temps très court de répétition fait partie de la contrainte de l’exercice.

Les danseurs sont sollicités sur trois niveaux d’attention, ce qui est élevé pour des non professionnels :

  • sentir son corps
  • rester conscient du groupe dans lequel le danseur doit toujours se situer
  • garder une écoute sur la musique

SIMON QUEVEN LA VAGUE

Au cours des deux journées de travail, de bonnes notions d’anatomie ont également été enseignées. Par l’imaginaire interne, les danseurs ont exploré la visualisation de l’omoplate, de la clavicule, du bras, etc. Puis, est venu l’étude des matériaux : comment faire un plié et trouver sa ligne gravitationnelle, savoir appréhender le mouvement sans peur de se blesser.

Pour autant l’objectif est avant tout que les danseurs soient heureux de danser cette pièce, qu’ils respirent, que leur imaginaire soit éveillé et les mène à une qualité de mouvement dans le partage, le plaisir de danser ensemble. Être parfaitement dans le temps est secondaire, car c’est l’écoute de son propre corps et du groupe dans la douceur qui va permettre aux danseurs de retrouver l’esprit dans lequel La Vague fut créée originellement. On est ici à l’opposé d’un corps glorieux, formaté, voire militaire. Ce qui est recherché avec cette danse très représentative des expérimentations qui virent le jour sur le Mont Verità au début du XXe siècle c’est le plaisir de danser ensemble tel que l’on est. Le chorégraphe Simon Queven n’a pas souhaité se positionner comme un maître possédant la connaissance d’un sujet, mais plutôt comme un étudiant qui cherche avec les danseurs.

Le résultat est impressionnant par la qualité des mouvements obtenus et la joie de danser est palpable dans ce groupe très motivé, très à l’écoute les uns des autres, en osmose.

La Vague (1930) chorégraphie Albrecht Knust / reconstruction Simon Queen / musique Philip Glass Concerto pour violon et orchestre, mouvement 3 / avec la participation de Dalvie Bidiatoulou, Cléa Bonnard, Lydie Bourdonnais, Gaëlle Caravec, Hervé Catherine, Adeline Chenini, Noémie Chevrel, Baptiste Clément, Flavie Duclos, Nicole Duclos-Bélair, Céline Facchinetti, Thierry Gaudichon, Marjorie Hauser, Nadine Hervouet, Laure Jumelet, Fanny Lejeune, Marie Lemarechal, Mirabelle Le Boulicaut, Shumin Liang, Adina Nedelcu, Lauriane Pillot, Clara-Luce Pueyo, Eva Reboul, Céline Robidou, Marie Rocher, Joaquin Rojas, Mylène Roger, Fabienne Rozier, Alisson Schmitt, Héléna Sliwinska, Yann Solard, Anaig Thomas, Elise Tual.

crédit photos : Gaëlle Lecart

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