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Dans la série Anaon, la Bretagne rêve de ses fantômes…

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Dans la série Anaon, la Bretagne rêve de ses fantômes…

Prime Video et France Télévisions présentent avec Anaon une œuvre rare : un thriller fantastique breton. Créée par un duo de scénaristes discrets mais ambitieux, la série s’inscrit déjà comme l’une des propositions les plus originales de l’année, présentée en compétition française à Séries Mania 2025.

Un territoire magnétique, entre brume et légende

Tout commence dans les paysages désertés d’une Bretagne hivernale, magnifiés par une photographie crue et vaporeuse. Le major de gendarmerie Maximilien Sendac (interprété avec une intensité sobre par Stéphane Caillard) est envoyé sur une côte oubliée, où plusieurs disparitions récentes ravivent les peurs anciennes. La forêt, la lande, les vieilles pierres : ici, tout semble être le décor d’une mythologie encore vibrante.
La force d’Anaon réside d’abord dans cette manière de capter l’essence du territoire, où les légendes ne sont pas qu’une toile de fond folklorique, mais une matière vivante, organique. Chaque plan semble bruire du souvenir des anciens récits. La mise en scène, d’une élégance discrète, refuse les effets faciles pour mieux instiller une angoisse diffuse.

Un récit à la frontière du rationnel et du surnaturel

Le scénario joue avec finesse sur l’ambiguïté : s’agit-il d’un crime humain, ou d’une intrusion de l’irrationnel ? L’enquête progresse au rythme d’événements de plus en plus troublants, tandis que le passé personnel du major Sendac, marqué par un drame ancien, ressurgit pour teinter son regard de doutes et de hantises.
Si certains spectateurs ont salué la richesse de l’univers et l’originalité de l’approche bretonne, d’autres ont pointé quelques longueurs, regrettant un rythme inégal et des dispersions narratives. Comparée à Stranger Things par plusieurs internautes, Anaon assume une filiation assumée, sans en retrouver pleinement l’énergie pop ni la magie des années 80.

Des performances au cordeau, malgré quelques limites

Autour de Stéphane Caillard, la distribution impressionne par sa justesse, même si certaines critiques relèvent une interprétation parfois inégale. Mention particulière à Catherine Mouchet, bouleversante en matriarche à la fois protectrice et secrète, et à Maxence Danet-Fauvel, jeune loup au regard fuyant.

Une proposition à part, mais non dénuée de faiblesses

En refusant les facilites du fantastique spectaculaire, Anaon préfère l’étrangeté à l’horreur, le frisson latent à l’épouvante frontale. Toutefois, la narration apparait quelque peu confuse, la psychologie parfois forcée et la fin un tantinet décevante…

Malgré ses maladresses, Anaon reste une expérience singulière, sincère dans son ambition, et propose une alternative bienvenue au modèle américain. Un premier pas prometteur vers un fantastique à la française qu’on aimerait voir davantage exploré à l’avenir. La question reste en suspens : à quand une saison 2 pour confirmer ces promesses bretonnes ?