Darius, jeune photographe polonais à Paris, est rappelé à Poznan, qu’il a quitté quinze ans auparavant, afin de régler une histoire d’héritage.  L’occasion pour lui de retrouver son grand amour et d’en tirer un deuxième portrait. Le premier n’aurait-il pas suffi ?

 

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Second portrait d’Irena de Laura Berg

L’écrivain qui nous emmène en Pologne est elle-même photographe. Elle tient la plume pour la première fois. Le problème, c’est qu’elle la tient comme un appareil photo et restitue les êtres, les paysages et la ville avec la réalité neutre de l’objectif. Avec talent certes. On ne reste pas insensible à « la beauté indissociable de la laideur » de ces « paysages de buvard », au  « gris éblouissant » de la Pologne. Parfois, on sent même le parfum (d’Irena, de sa mère, de dissolvant et de cerise chez la sœur) ou les odeurs (de la poussière, des chips dans le train…). L’album photo est riche en portraits de famille qui prennent parfois une tournure naturaliste : quand la mère fait un café, quand elle prépare des pierogi à la viande (« avec de la crème à l’aneth ou de la crème chantilly ? »). Page 108, on apprend quand Darius a embrassé Irena la première fois et, qu’un an plus tard, ils avaient emménagé ensemble près de l‘école des Beaux-arts. La page suivante, on est déjà à l’avortement – accompagnée d’une évocation pathétique des « cours d’éducation religieuse » en Pologne dans les années 80. Les faits s’alignent, avec des flash-back révélateurs des drames passés. Sont-ils perçus comme tels ? Rien n’est moins sûr. La vie passe sur les protagonistes comme le tramway dans les rues de Poznan ou la vodka dans les gosiers polonais. Ou comme la lame d’un cutter dans la bobine d’un film (d’avant le numérique). Le visage d’Irena s’effacera aussi vite que notre impression du livre que le lecteur referme comme un album photo de gens inconnus.

Second portrait d’Irena, de Laura Berg, chez Naïve Livres, février 2014, 144 pages, 17€

 

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Second portrait d’Irena de Laura Berg : Un portrait sans substance

 

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Marie-Christine Biet
Architecte de formation, Marie-Christine Biet a fait le tour du monde avant de revenir à Rennes où elle a travaillé à la radio, presse écrite et télé. Elle se consacre actuellement à l'écriture (presse et édition), à l'enseignement (culture générale à l'ESRA, journalisme à Rennes 2) et au conseil artistique. Elle a été présidente du Club de la Presse de Rennes.

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