À l’occasion de la sortie de Léon Werth, le Promeneur d’Art, les éditions Viviane Hamy font paraître une nouvelle édition de Saint-Exupéry tel que je l’ai connu, épuisé depuis plusieurs années.

Léon Werth est né à Remiremont en 1878. L’indépendance d’esprit que manifestent ses ouvrages – un antimilitarisme virulent dans Clavel soldat, paru en 1919, ou un anticolonialisme peu à la mode en 1926, quand sort Cochinchine − suscite toujours de vives polémiques. Ce refus des partis – très tôt il dénonce l’imposture stalinienne alors qu’il est considéré comme un homme de gauche – effraie les éditeurs qui craignent que « cet indépendant farouche » ne soit pas défendu par la presse. Léon Werth est mort à Paris le 13 décembre 1955. Son œuvre est restée trop confidentielle, que ce soient ses romans, ses récits ou ses écrits sur l’art. Les Éditions Viviane Hamy s’efforcent de faire découvrir cet écrivain injustement méconnu en rééditant ses livres et en publiant ses inédits.Publié en 1994, Saint-Exupéry tel que je l’ai connu rassemble différents textes écrits sur Saint-Ex, notamment celui que Werth avait rédigé à la demande de René Delange pour un livre hommage publié aux Éditions du Seuil en 1948. L’éditrice y a adjoint de nombreux documents iconographiques inédits. Pour mémoire, Saint-Exupéry avait rencontré Léon Werth en 1931, date à partir de laquelle une amitié profonde s’instaura entre les deux hommes. Celui qui nommait avait affection l’artiste-aviateur « Tonio » avait été d’ailleurs le dédicataire du Petit Prince :

A Léon Werth.
Je demande pardon aux enfants d’avoir dédié ce livre à une grande personne. J’ai une excuse sérieuse : cette grande personne est le meilleur ami que j’ai au monde. J’ai une autre excuse : cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour enfants. J’ai une troisième excuse : cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle a besoin d’être consolée. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce livre à l’enfant qu’a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. (Mais peu d’entre elles s’en souviennent.) Je corrige donc ma dédicace :
A Léon Werth quand il était petit garçon.

Si Werth fut le dédicataire du Petit Prince, publié en 1943 chez Brentano’s aux États-Unis, la Lettre à un otage (publié en juin 1943 de manière autonome) avait initialement écrite pour servir de préface à 33 jours. Dans la mesure où 33 jours ne parut pas, Saint-Exupéry remania considérablement son texte : il supprima les références directes à son ami, qui devint alors le symbole du français « otage » de l’occupant.
Au final, l’album offre une perception atypique et méconnue de l’homme et de l’écrivain. L’iconographie y est aussi importante que les textes : lettres en fac-similés, dessins, photos prises par la famille Werth, Tonio et son avion (Claude, le fils de Léon Werth, fit son baptême de l’air dans la carlingue de Saint-Exupéry !), billets divers, etc.

Parution :10/2010, 208 p. 22,00 €

Lire un extrait de SAINT-EXUPERY TEL QUE JE L’AI CONNU

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