D’aucuns pourraient mettre le roman de Bénédicte Rousset, Romilda, dans la catégorie policier ou thriller. Non, c’est un roman noir aux intrigues astucieusement ficelées. Le suspense est entretenu de la première à la dernière page. L’intercalant des lettres entre le récit et les dialogues, l’auteure crée des allers-retours multiples entre présent et passé, tenant sans cesse le lecteur en haleine.

 

Romilda

Vaucluse, juin 1912
Rosa Bartoli, 7 ans, disparaît dans un mystère absolu. On retrouvera seulement sa robe, ensanglantée, au pied d’un arbre. Sa famille a juré vengeance, peu importe le temps et la durée que cela prendra. Une question d’honneur, au sein de ce clan corse.

Vaucluse, septembre 2018
Ange Bartoli est lié par le sang à la petite Rosa. Il a juré de venger l’outrage fait au siens il y a plus d’un siècle. Mis à part son domaine, c’est la finalité de sa vie : laver l’honneur de sa lignée et trouver le descendant du coupable.

Bénédicte Rousset multiplie les points de vue, donnant tour à tour la parole à ses personnages. En découle une compréhension du déroulement des situations vécue par les uns et les autres. Certains des personnages se rencontrent, se croisent, d’autres jamais parce que l’intrique court sur plusieurs décades. Des questions essentielles ressortent : est-ce que tout est toujours lié quand on soupçonne trop hâtivement que rien n’est lié ? Est-ce qu’un secret peut tenir dans le temps ? Un secret perd tout son sens quand certains protagonistes s’expriment trop ou pas assez.

Dans l’affaire de la disparition tragique de la petite Rosa (affaire qui aurait pu demeurer un simple fait divers), on pourrait croire que l’esprit de vengeance dévastera tout sur son passage avec les années, les rancunes, les rancœurs, les jalousies… Pas si sûr, il permettra aussi à chacun de se révéler. Comme quoi, à quelque chose malheur est bon, nous rappelle l’expression française du XVe siècle.

Gordes, Vaucluse
Gordes, célèbre village perché dans le Vaucluse.

Aiguiser de saines curiosités, jongler avec les vérités et l’art du mensonge, mettre en lumière des personnages diaphanes ou atones, laisser s’exprimer enfin les plus taiseux, tel est le jeu littéraire remarquable auquel s’est adonnée Bénédicte Rousset dans ce roman à l’architecture solide et équilibré. Et elle fait honneur à la force et à la puissance de l’écrit, des écrits. C’est un bon roman, c’est une belle histoire…

Romilda Bénédicte Rousset – Éditions La Trace – 270 pages. Parution : 16 mai 2019. Prix : 18,00 €.

Couverture : © Ed La Trace – Photo auteur Bénédicte Rousset © DR

 

Benedicte Rousset
Bénédicte Rousset

Bénédicte Rousset  a grandi dans le Vaucluse entre le petit atelier d’imprimerie de son père et une mère institutrice. Professeur de lettres modernes, l’écriture lui permet d’explorer des recoins jusqu’alors ignorés d’elle-même, dans une tradition familiale qu’elle découvre.

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Christophe Maris
Christophe Maris est journaliste et écrivain, agrégé de Lettres modernes. Il collabore à plusieurs émissions de TV et radio et conçoit des magazines pour l'enseignement où il a oeuvré une quinzaine d'années en qualité de professeur de lettres, d'histoire et de communication.

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