Le nouvel album des Rolling Stones Blue and lonesome propulse le groupe en tête des charts et semble confirmer le vieil adage (pourtant pas très rock’n roll) : c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes. En précisant que le potage n’est pas ici synonyme de fadeur, bien au contraire… Le blues des origines est bien relevé et savamment épicé.

 

Que ce soit dit dès le départ, il me sera bien difficile de rester objectif pour parler du nouveau disque des Rolling Stones, l’album Blue and lonesome. Véritable retour aux origines de ce qui est depuis 50 ans leur source d’inspiration, le blues, et particulièrement celui de Chicago dans les années 50, est ici célébré avec talent par des rockeurs septuagénaires qui n’ont franchement rien perdu de leur infatigable vigueur.

rolling stonesLa preuve, Mick Jagger à 73 ans devient papa pour la huitième fois, alors que son fils aîné a déjà 47 ans. Son petit camarade de rock, Ron Wood, pas plus raisonnable, devient de son côté, père à 69 ans. Donc pour la forme, pas de soucis à se faire. Même si le groupe mythique s’était rappelé à notre bon souvenir à l’occasion d’un émouvant concert donné à La Havane en mars 2016 et diffusé le 23 septembre sous le titre de « Havana moon », il n’en reste pas moins que leur précédent album « A bigger bang » datait de plus de onze ans (2015) et que considérant l’âge et la notoriété des membres du groupe, il n’y avait guère de raison d’espérer un nouvel opus. Blue and Lonesome arrive donc comme une belle surprise.

rolling stonesMusicalement Blue and lonesome n’est pas vraiment novateur puisqu’il reprend des standards du blues, mais toujours avec ce petit plus, synonyme de personnalité, qu’ apporte immanquablement la voix de Mick Jagger. Ajoutez à cela un son saturé rappelant la sonorité un peu imprécise de leur premier disque, le 45 tours de Have you seen your mother baby standing in the shadow par exemple, et dès les premières notes vous savez à qui vous avez affaire. Les amateurs de son à la manière de Muddy Waters y trouveront largement leur compte car c’est un blues pur jus, plutôt dépouillé et joué quasiment par les seuls membres du groupe. Sur deux titres et à la guitare, un intervenant de luxe en la personne de Éric Clapton, travaillant ce jour-là dans le même British Grove Studios de Londres et qui serait rentré voir ses potes de toujours pour se taper un petit bœuf. Pas certain que ce soit totalement la vérité, mais comme on a envie d’y croire à cette belle histoire ! Pour ceux qui ne conçoivent pas le blues sans un harmonica torturé miaulant sa tristesse tout au long des morceaux, ils seront servis, car Mick Jagger qui joue lui-même cette partie instrumentale y est proprement époustouflant. Il fait renaître de ses cendres le fabuleux harmoniciste de blues qu’était Sonny Boy Williamson, membre de l’écurie Chess Records à Chicago en 1955.

rolling stonesDès le premier morceau « Just your fool » vous retrouverez un son Rolling Stones inimitable, remarque qui vaut largement pour « Commit a crime » en deuxième position qui a de furieux relents de « Miss you ». Il faudra attendre le troisième titre, « Blue and lonesome », qui donne son nom à l’album, pour plonger dans un blues à l’ancienne, comme celui que produisait Howlin Wolf. Sur l’ensemble de ce disque, ce qui se détache, c’est la plus grande facilité qu’ont les Stones pour s’exprimer dans les morceaux rapides, plus proches d’un rock qu’ils ont pratiqué pendant des années, que dans les lentes mélodies très fouillées, profondément ancrées dans la musique noire. « I gotta go » en numéro 5 sur le disque en est la parfaite illustration, il est la quintessence de ce qu’ont produit les Rolling stones pendant 50 ans, la synthèse entre rock and roll et rythm’n blues. Avec « Everybody Knows about my good thing », on opère un retour au côté un peu tragique du blues qui raconte une histoire calamiteuse sur une base rythmique de trois accords, le tout frangé d’un solo bien torturé à la guitare… on adore. Cela fait penser à John Mayall et ses bluesbreakers (lequel sera en concert à Paris le 10 mars 2017 à l’Olympia Bruno Coquatrix à 83 ans)… OUAHH !

rolling stonesDe toute manière notre seul conseil sera de courir acheter ce superbe album plein de bonne et authentique musique, élaborée avec application par des musiciens qui n’ont vraiment plus rien à prouver. Retirez vous tout de suite de la tête que cet opus serait en quelque sorte une façon de testament musical des Stones, un retour aux origines avant le grand saut, rien n’est plus agaçant que ce lieu commun pour chroniqueur en mal d’inspiration. Mick Jagger a été très clair sur le sujet, son seul but est d’expliquer à toute une nouvelle génération de fans d’où vient ce groupe mythique tout en leur faisant connaître les mélodies qui les ont inspirés. Comme tout le monde, je me suis rendu dans un magasin spécialisé arborant une enseigne à quatre lettres pour acquitter mon tribut aux divinités du rock. À côté de moi, deux ados de 14 à 15 ans, arborant des badges à l’effigie d’une bouche et d’une langue aussi rouges que bien connues, rassemblaient leur argent pour s’acheter en commun Blue and lonesome, les yeux pas moins brillants d’envie que moi. Il leur manquait un euro… je n’ai pas résisté. Je me suis peut-être fait avoir… Pas grave, la relève est présente, cela m’a fait un bien fou !

Blue and lonesome est le nouvel album des Rolling Stones, sorti officiellement le 2 décembre 2016, 12 titres, CD/Numérique/Deluxe Boxset/Vinyl


The Rolling Stones, Blue and lonesome :

Just Your Fool
Commit A Crime
Blue And Lonesome
All Of Your Love
I Gotta Go
Everybody Knows About My Good Thing
Ride ‘Em On Down
Hate To See You Go
Hoo Doo Blues
Little Rain
Just Like I Treat You
I Can’t Quit You Baby

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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