Le spectacle Révolte ou tentatives de l’échec de la circassienne Johanne Humblet sera présenté au TNB dans le cadre du festival Waterproof, du 22 au 25 janvier 2025. Sur le fil, dans une roue giratoire ou dans les airs, trois circassiennes et deux musiciennes renouvellent l’écriture circassienne et guident le public sur le chemin de la révolte avec une énergie électro rock et une puissance autant physique qu’émotionnelle.
Funambule formée à l’École de Cirque de Bruxelles et à l’Académie Fratellini de Saint-Denis, Johanne Humblet s’y connaît avec la prise de risque et le dépassement de soi. C’est donc naturellement qu’elle les place au cœur de son travail et sa démarche artistique quand elle crée sa compagnie Les Filles du renard pâle, en 2016. « Pour moi, le cirque, c’est surprendre et questionner. J’adore l’innovation, aller là où on ne m’attend pas. C’est ce qui me fait vibrer et ce qui m’intéresse », introduit la circassienne. « C’est un peu une philosophie de vie. » La funambule souhaite innover tant dans la technique, en créant de nouveaux agrès, que dans les gestes circassiens dans le but de continuellement chercher les limites et les repousser. « C’est quelque chose que je revendique, parce que ce sont des messages qu’il est important de faire passer, surtout en ce moment. C’est important de rappeler qu’on est maître de nos vies. » Johanne Humblet écrit sur ce qu’elle vit et qui la touche. « On a un formidable outil d’expression qui nous permet de toucher un grand nombre de personnes. » Dans une implication physique et émotionnelle, son art prolonge ce en quoi elle croit profondément avec une furieuse envie de transmettre et partager.
Révolte, prochainement au TNB, est le troisième volet du triptyque qu’elle a initié en 2016. L’ensemble évoque la vision humaniste et les convictions qui guide la circassienne au quotidien. Il se lit comme un parcours : Résiste, créé en 2019, parle de la résistance individuelle. Elles sont deux sur scène, avec une musicienne. Elles influent l’une sur l’autre, mais chacune gère son environnement. « J’ai envie de donner de l’énergie aux gens, de montrer que ça vaut la peine de se battre, de se démener pour atteindre nos objectifs et que, même si parfois tout s’écroule autour de nous, il ne faut pas lâcher et continuer d’avancer. » Respire, conçu en 2021, traite de l’accomplissement de soi-même et de s’assumer en tant que femme. Sur le fil, Johanne avance pas à pas jusqu’à redescendre sur le sol. Alors que ces deux créations abordent la construction personnelle, Révolte, création 2023, s’ouvre aux autres. Le spectacle ne parle pas de la révolte en soi, mais plutôt du cheminement qui mène à elle. « J’avais déjà ce mot en tête en 2016, mais pendant la résidence d’écriture en 2020, j’ai rajouté « Tentatives de l‘échec ». Beaucoup de choses s’étaient passées, pour moi et pour tout le monde. »
« La révolte, c’est un besoin d’agir et pour ça, c’est plus facile de se tourner vers les autres et de ne pas être seule. Le spectacle représente ce parcours vers un collectif. »
Après s’être accomplie en tant que personne, le dernier volet interroge le rassemblement et la solidarité, la sororité même, malgré la difficulté que l’on peut rencontrer à être et faire ensemble. « La révolte, c’est comme se confronter à un mur, mais on y retourne parce qu’on a l’espoir qu’il tombe un jour. » L’image est d’autant plus forte quand on se trouve dans une société qui nous pousse vers l’individualisme et le repli sur soi. Johanne montre dans son triptyque qu’il est important de s’accepter en tant qu’individu mais qu’être ensemble l’est tout autant et que l’on se construit dans l’équilibre des deux. « On pense souvent que le funambulisme est un art solitaire, mais j’ai besoin de toute une équipe pour monter sur le fil. Sans elle, je ne ferai rien. À chaque spectacle, je mets ma vie entre ses mains, et je veux mettre ça en avant », nous apprend-elle. Elle continue : « Avancer, ça se fait aussi grâce aux autres. » Dans ce spectacle, comme dans la vraie vie, on peut échouer, se disputer, prendre une mauvaise route, mais on peut se relever et continuer. Johanne souhaite utiliser son art pour transmettre la voie positive qu’elle a décidé de prendre en tant que personne.
Johanne voit chaque création comme un nouveau défi, elle se remet perpétuellement à nu pour ne pas stagner. Révolte ne fait pas exception et la circassienne va là où on ne l’attend pas. « La partition de Révolte est très complexe techniquement. » Avec trois circassiennes et deux musiciennes au plateau, l’artiste s’est lancé le défi de créer un spectacle collectif, mais en a aussi lancé aux artistes et techniciens, « avec leur consentement bien sûr », précise-t-elle en rigolant. Les circassiennes ne pratiquent pas leur agrès d’origine : Marica Marinoni et Noa Aubry, présentes à tour de rôle, ont appris à maîtriser la roue giratoire et Johanne amène Violaine Garros sur le fil, agrès qu’elle n’avait jamais pratiqué. « C’est un travail autour de la confiance qui dure depuis trois ans, je gère l’équilibre pour les deux. » La funambule a quant à elle créé des figures inédites et laisse échapper qu’elle ne fait pas seulement du fil…
Les trois circassiennes évoluent au rythme d’une musique en live composée par Jean-Baptiste Fretray et interprétée par les musiciennes Annelies Jonkers et Fanny Aquaron. « J’ai toujours dit que je ne voulais pas que les musiciens accompagnent. Je veux que la musique raconte une histoire et soit tout aussi importante que la partition circassienne », insiste Johanne. « L’histoire est la même, mais ce sont deux dramaturgies qui s’élèvent et s’apportent beaucoup. » La composition musicale intensifie le propos dans des sonorités rock, électro et punk. Musique aussi puissante que la création en elle-même, ces genres prennent leur source à la contre-culture et à l’affirmation de soi, ce qui en fait une musique de choix pour ce genre de spectacles. « J’aime l’intensité, ce sont des musiques qui me parlent et me portent. Ce qui me plaît beaucoup aussi, c’est d’amener une énergie rock, plus urbaine, dans une salle de théâtre », souligne-t-elle. « Surtout qu’on amène aussi des éléments comme la pluie et le vent. » Au fil des situations, les artistes composent une partition collective avec force dans un même élan qui pousse à la cohésion et la vie.
INFOS PRATIQUES
Révolte ou tentatives de l’échec, Johanne Humblet. À partir de 8 ans. Durée : 1 heure
TNB, 1 rue Saint-Hélier, Rennes
mer. 22 janvier à 20h
jeu. 23 janvier à 19h30
ven. 24 janvier à 20h
sam. 25 janvier à 18h
Tarifs : Plein : 31€ – Waterpass : 16 € – Sortir ! : 5€ (Billetterie)
Site Les Filles du renard pâle
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