L’usine Stellantis de La Janais, dans le sud de Rennes, vous invite à partir du 4 mai à visiter ce site industriel historique du Pays rennais. Fermé au public depuis plusieurs années, c’est avec la médiation de Destination Rennes qu’il ouvre à nouveau. Ces visites, animées par un guide-conférencier, veulent montrer à la fois la dimension patrimoniale du lieu et les évolutions d’une industrie qui figure encore parmi les plus polluantes.

Rendez-vous à La Janais, lieu-dit de Chartres-de-Bretagne, à la bordure de Rennes, qu’on met un point d’honneur à rejoindre en bus. Il est 13 h 30 et le personnel du matin sort de l’usine pour regagner le parking inondé de véhicules. L’équipe de Destination Rennes accueille la presse, tout juste une semaine avant l’ouverture des visites au public. On pénètre l’immense site-ville occupé par Stellantis, empruntant ses gigantesques avenues entre des édifices de tôle et de béton. Arrivés au bâtiment 65, on entre dans un des ateliers, tout aussi bluffant par ses dimensions. On longe alors un marquage au sol vert qui indique qu’on peut circuler en toute sécurité, jusqu’à arriver dans une petite pièce où se tiendra la conférence de presse.

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Étienne Martin Commandeur répond aux questions de la presse.

On y retrouve Étienne Martin Commandeur, directeur de l’usine, et Matthieu Pollet, vice-président au tourisme et aux relations internationales de Rennes Métropole. L’industriel et le politicien se félicitent du lancement de ces visites, une façon de « reconnecter l’usine à son environnement », selon M. Commandeur. C’est aussi l’aboutissement d’une longue relation entre la métropole rennaise et l’usine de La Janais.

Un peu d’histoire. En juillet 1958, six Citroën DS noires débarquent à Chartres-de-Bretagne, commune de 1000 habitants, essentiellement des agriculteurs. André Bercot, PDG de Citroën, vient proposer au maire, Antoine Châtel, un projet d’une ampleur inédite : la construction d’un vaste site industriel au beau milieu des champs. 2500 ouvriers mobilisés, 15 km de haies rasés, 500 000 mètres cubes de terre déplacés pour un beau bébé de plus de 250 hectares, pionnier d’une longue tradition de bétonisation des sols à des fins industrielles. Une astucieuse délocalisation, car la main-d’œuvre bretonne, encore peu syndiquée, était alors vue comme plus docile que les ouvriers de la région parisienne. En 1960, le président de la République, Charles de Gaulle, inaugure l’usine.

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Visite guidée de l’usine automobile Stellantis. © Julien Mignot / Destination Rennes

Il s’ensuit une longue histoire industrielle du site de La Janais. Des milliers d’ouvriers y construisent des millions de voitures en six décennies. Une vingtaine de modèles différents, des Citroën d’abord, puis des Peugeot à partir de la fusion des deux groupes en 1967. Au plus fort de l’activité, dans les années 1960-1980, ce sont environ 10 000 salariés qui y opèrent. Des chiffres qui se réduisent comme peau de chagrin depuis les années 1990, au fil des plans de restructuration, avec une forte accélération des suppressions d’emplois dans les années 2000. Dans les années 2010, le site est menacé de fermeture. Finalement, l’annonce en 2016 de la production d’un nouveau modèle, la Citroën C5 Aircross, un « 4×4 urbain », offre un sursis à l’usine de la Janais. Un beau geste de la part du groupe PSA. Avec un coup de pouce non négligeable des pouvoirs publics puisque « Rennes Métropole et la Région vont contribuer à hauteur de 10 millions d’euros aux investissements nécessaires à la production de la C5 Aircross ».

On peut s’étonner qu’une métropole en partie écologiste confie de telles sommes à l’industrie automobile. Bien sûr, sauver des emplois dans l’immédiat est une noble intention, mais en créer dans des secteurs vertueux n’aurait sans doute pas été un mauvais calcul non plus. Cela étant dit, l’usine de La Janais, désormais Stellantis, du nom du groupe automobile formé de la fusion en 2021 de PSA et FCA (Fiat Chrysler Automobiles), affirme son effort pour « décarboner l’automobile et ses procédés industriels » (Étienne Martin Commandeur). Un nouveau modèle de SUV électrique qui succédera à la C5 Aircross à l’horizon de 2025 devrait aider l’usine à se moderniser pour devenir plus verte et autonome, notamment pour la production de petites pièces en plastique. 

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Visite guidée de l’usine automobile Stellantis. © Julien Mignot / Destination Rennes

Aujourd’hui, 2300 personnes y construisent 410 voitures par jour, des C5 Aircross et des Peugeot 5008, deux modèles de SUV, avec des moteurs thermiques, hybrides ou électriques. Fier de son usine, Étienne Martin Commandeur affiche clairement ses ambitions : être la meilleure usine de France dans les moyens de production et la qualité des produits.

C’est ce fleuron de l’industrie française que Destination Rennes propose désormais de visiter. Fermée au public depuis cinq ans, l’usine Stellantis relance des visites à destination des familles de salariés en septembre 2022. En octobre 2022, des visites sont organisées dans le cadre de la Semaine du tourisme économique et des savoir-faire. Devant l’engouement qu’elles suscitent, Stellantis et Destination Rennes décident de les pérenniser. À partir du 4 mai 2023, quatre visites par semaine auront lieu les mardis et jeudis. Pendant 1h30 de visite et pour la somme rondelette de 15 €, une douzaine de personnes pourront découvrir les coulisses du constructeur automobile : un théâtre aux dimensions gargantuesques, où les ouvriers avoisinent des centaines de robots. De quoi « vibrer avec l’usine », annonce Étienne Martin Commandeur.

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Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

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