Pour sa 15e édition, le festival Rue des livres a changé de lieu et s’est implanté les samedi 12 et dimanche 13 mars 2022 au cœur du complexe rénové des Cadets de Bretagne, 139 rue d’Antrain à Rennes. Le public a-t-il suivi ? Oh que oui ! Cette nouvelle mouture de Rue des livres a rencontré l’assentiment ravi du public. Près de 10 000 visiteurs (scolaires y compris) se sont rendus à Rue des livres. Reportage en photos.

Emmanuelle Callac a succèdé à Anaïs Billaud à la direction de l’association rennaise Rue des Livres. Ethnologue passionnée et amoureuse des livres, elle nous présente son travail et raconte ses débuts en tant que directrice.

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De gauche à droite sur la photo : Gilbert Garnier, nouvellement trésorier ; Moune Faucheux, membre ; Elisabeth Lemau, présidente de l’association depuis septembre 2020 ; Georges Guitton, secrétaire ; André Bouaissier, vice-président ; et trois autres membres actifs : Emmanuelle Painvin, Juliana Allin et Nicolas Léger. Absente à l’AG, Maryse Guivarc’h intègre également le CA en tant que membre.

Nous avons poussé la porte de l’association Rue des Livres au cœur du quartier de Maurepas à Rennes. C’est ici, au premier étage d’un bâtiment qui accueille d’autres structures associatives, que niche cette association qui œuvre dans le quartier depuis une quinzaine d’années. C’est une femme au visage souriant qui nous accueille. Nous voilà en présence d’Emmanuelle Callac qui en est la nouvelle directrice à la suite d’Anaïs Billaud. À son nouveau poste depuis à peine un mois, elle compte bien poursuivre le travail accompli depuis quinze ans, avec une année qui s’annonce pleine de défis, toujours autour du livre et de l’écriture.

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Emmanuelle Callac

Ethnologue de formation certes, mais pas que… Emmanuelle Callac semble avoir vécu mille vies avant d’investir ce poste de directrice de Rue des Livres. C’est une ethnologue au bagage important : une thèse réalisée en Bretagne, des études à l’Université de Paris V, mais aussi à l’EHESS, enseignante à l’Université de Rennes 2… Le tout poursuivi par passion et curiosité pour l’ethnologie. Ces longues études l’ont amenée à étudier des livres parlant principalement de sociétés lointaines, mais l’ont également rapprochée de sa terre natale. En réalisant sa thèse, Emmanuelle Callac a été ramenée en Bretagne où va croître cet amour pour les livres et la figure humaine.

En étudiant dans le cadre de ces recherches les phénomènes sociaux inexplicables notamment la sorcellerie en Bretagne de l’Est, elle s’est penchée sur la poésie et la littérature. De là son intérêt grandissant pour les poètes locaux et amateurs, que ce soit en breton ou en français. Son parcours d’ethnologue lui aura donc permis d’élargir ses perspectives tout en faisant grandir sa passion pour le livre et l’écriture. C’est suite à ces expériences universitaires qu’elle décidera de s’orienter vers les métiers de bibliothèques, car elle souhaite être davantage dans l’action culturelle.

Ce travail au cœur des bibliothèques durant plusieurs années lui aura permis de voir et toucher à plein d’aspects très divers du métier. Elle a travaillé à Rennes et dans les communes alentours, sur les fonds patrimoniaux ou même dans les prisons, avant de devenir coordinatrice d’un réseau de bibliothèque. Son rôle comme coordinatrice est alors celui d’organiser les relations entre une vingtaine de bibliothèques en milieu rural et de s’occuper des actions culturelles (rencontres avec des auteurs.rices, développement du cinéma documentaire, mise en place d’une carte d’accès aux bibliothèque…)

Les années passent, mais deux choses restent essentielles pour Emmanuelle Callac : le Bretagne et les livres. L’envie de revenir à Rennes sa ville natale, mais aussi l’envie de changer et d’aborder les livres selon un prisme différent. C’est cela qui va l’amener à prendre ce poste de directrice de Rue des Livres. À propos de ce changement elle nous confiait son intérêt pour le milieu associatif et ce nouveau travail :« Le milieu associatif m’intéressait beaucoup, j’avais déjà été bénévole dans une association à Rennes. Et puis le challenge de Rue des Livres, c’est-à-dire évoluer dans une association de quartier avec toute une équipe de bénévoles motivés pour faire vivre le livre et l’écriture, ça me plaisait énormément. sans oublier que le quartier de Maurepas c’est un quartier prioritaire à Rennes. Tous ces éléments me paraissaient cohérent par rapport à mon parcours.»

Sa prise de poste en tant que directrice est récente, mais elle compte bien s’adapter à cette nouvelle structure et répondre le mieux possible aux défis à venir. Le travail déjà réalisé est considérable et elle souhaite s’inscrire dans la continuité de ce qui a été entrepris. Son intérêt s’oriente entre autres vers les auteurs bretons, mais aussi vers la bande-dessinée et les essais qui font le lien avec ses études en sciences humaines et en ethnologie.

« La connaissance du bon fonctionnement d’une association, c’est tout une mission. et puis il faut re-mobiliser les troupes. Il ne faut pas oublier que j’arrive dans un contexte où pendant deux ans l’équipe a été très active, mais où il n’y a pas eu de festival à cause de la crise sanitaire », expliquait-elle lors d’un entretien.

Emmanuelle Callac souligne aussi l’importance qu’ont tous les différents membres de Rue des Livres. L’association se compose de deux autres salariées dont les tâches ne sont pas des moindres. Il y a d’abord Sophie Batellier qui s’occupe de la programmation jeunesse et de la communication, notamment le club ado, la sélection des auteurs jeunesse et le lien avec les scolaires. Et puis il y a Sophie Marotte qui gère l’animation, la formation et la coordination des bénévoles.

Il ne faut pas non plus oublier le comité de lecture. En effet l’association est formée de bénévoles et de lecteurs. Ce comité de lecture est très actif et se réunit de septembre à décembre toutes les trois semaines. Emmanuelle Callac souhaite surtout être à l’écoute de ce comité dont les membres lui semblent aguerris. Quant aux bénévoles, ils se sont déjà retrouvés une fois en septembre et ils vont se retrouver à nouveau fin septembre.

Quelques nouveautés pour 2021 et 2022

L’assemblée générale du 23 octobre 2021 aura permis de donner une première impulsion à la préparation du Festival, dont le lieu a finalement été défini. Auparavant au gymnase des Gayeulles, l’association s’est vue dans l’obligation d’investir un nouveau lieu à l’occasion du festival, des changements dus à la récente rénovation du complexe sportif. C’est au complexe sportif des Cadets de Bretagne qu’aura lieu le festival de Rue des Livres les 12 et 13 mars 2022. Un très beau lieu aux espaces suffisamment vastes et modulables pour accueillir l’événement. La structure présente l’avantage de rester à proximité du quartier de Maurepas et de ne pas complètement s’établir en centre ville, ce qui donnerait une autre identité au festival.

Emmanuelle Callac, main dans la main avec la présidente de l’association Elisabeth Lemau souhaitent élargir la palette des auteurs présents sur l’événement. Une réflexion se développe autour de la place donné à l’auto-édition lors du festival. Pour le moment il accueille des auteurs à comptes d’éditeur et non pas à compte d’auteurs. Mais l’auto-édition devenant de plus en plus importante, y compris dans la librairie et l’édition indépendante bretonne, l’association réfléchit à lui donner une place plus importante. L’envie est envie de faire bouger le curseur dans ce domaine avec l’accompagnement du comité de lecture qui plus en plus important dans le choix des auteurs édités. Il existe une vraie réflexion sur l’identité du festival, en plaçant en perspective la question des publics, notamment le public jeune.

Petit à petit la nouvelle directrice compte apporter sa touche en mettant en exergue la richesse éditoriale présente en Bretagne et plus particulièrement à Rennes. Elle veut avancer main dans la main avec les membres de l’association, qu’il s’agisse de ses collègues, des bénévoles, des lecteurs et surtout des participants. Emmanuelle Callac est sensible aux jeunes publics et aux publics « éloignés » : des publics que Rue des Livres a toujours impliqués autour d’ateliers lecture et d’activités ludiques.

Impliquer la jeunesse reste un des défis majeurs : le club ado, les divers ateliers en partenariat avec la bibliothèque Maurepas (qui se situe juste au-dessus de Rue des Livres) ainsi qu’avec le pôle associatif de la Marbaudais, les accueils d’auteurs.rices… représentent une force d’attraction indéniable pour les nombreux jeunes du quartier.

« Autour de l’objet livre et de l’écriture il y a pleins de moyens d’impliquer les jeunes », précise Emmanuelle Callac. Par exemple il serait selon elle, envisageable de proposer un prix pour les ados, avec pour idée de repenser un livre. L’idée ne seraient pas de les obliger à lire la sélection entière mais qu’ils imaginent autour de la couverture ou autour du pitch une autre histoire, ou qu’ils construisent un objet ou quelque chose qui aurait à voir avec le thème principal du livre.

Il y a aussi les bandes dessinées qui valorisent l’apprentissage du dessin, la narration. Il peut y avoir toute une pratique numérique par tablette graphique autour de la bande dessinée et cela permet d’aborder plein de choses sur les arts plastiques. Au-delà de la simple lecture l’objet livre permet donc d’explorer beaucoup de choses diverses. Il y a l’écoute à voix haute, la lecture, le chant ou bien le théâtre pour le faire vivre.

Et puis le livre implique aussi l’écriture. Or, Emmanuelle Callac espère bien faire vivre le livre de cette manière auprès des jeunes. Elle rappelle que l’écriture est quelque chose de palpitant et que les ateliers d’écritures attirent toujours beaucoup de volontaires:

« je pense que l’écriture même chez les jeunes c’est quelque chose qui ne se perd pas du tout, en tout cas moins que la lecture. L’écriture s’est beaucoup diversifiée aujourd’hui et il y a par exemple tout ce qui est lié aux textes de rap.»

Il ne faut également pas oublier l’annuel concours de nouvelles organisé par l’association, et dont le thème l’année passée avait été « L’Inconnu.e de la ligne b ». Ce genre d’activité permet aux jeunes de faire appel à leur créativité et leur imagination. « Pourquoi pas dans le futur inviter des auteurs d’essais historiques ou sociologiques, ou bien faire venir des auteurs de manga», évoque Emmanuelle Callac. Un ensemble de possibilité qu’elle souhaite prendre en compte les mois à venir.

Rennes est une ville culturellement riche et active et où se produisent beaucoup d’événements. Depuis longtemps Rue des Livres parvient à faire vivre le livre et l’écriture, 2022 marquant la quinzième édition du festival. « Et cela n’est pas rien», souligne la nouvelle directrice.

« C’est un peu ce que l’on fait en bibliothèque, mais je trouve que c’est encore plus audacieux de le faire en tant qu’association. en étant inscrit dans le quartier, en étant avec des bénévoles, il y a une certaine souplesse, une certaine ouverture, on teste des choses. »

Un nouveau travail plein de possibilités mais aussi de difficultés qui ne semble pas pour autant déplaire à Emmanuelle Callac à qui les challenges ne font pas peur.

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Portrait d’Emmanuelle Callac par @lionelchouin

À noter dans vos agendas les dates du 12 et 13 mars, les dates du festival organisé par l’association. Sans oublier de jeter un coup d’œil à la programmation vers les mois de janvier, février lorsqu’il sera complet et disponible sur Rue des Livres. Rappel : Pour sa 15e édition, le festival Rue des livres change de lieu pour s’implanter les 12 et 13 mars 2022 au cœur du complexe des Cadets de Bretagne.

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