À l’Hôtel Pasteur avait lieu, mardi 12 avril, la présentation à la presse de la Dynamo culturelle 2. Et précisément, pour coller à l’ambiance, dans le QG du Laboratoire Artistique Populaire qui participe à la première vague 2016. La Dynamo culturelle consiste en un dispositif d’accompagnement de projets via le financement participatif. À l’heure où la première session fait le bilan de ses récoltes, la deuxième commence. La course a débuté…

Dynamo culturelle 2La Dynamo culturelle porte bien son nom. Comme le dispositif du même nom tel qu’on en trouve sur les vélos, il met en lumière des projets artistiques et culturels de la métropole rennaise. Hervé Letort, vice-président de Rennes Métropole, délégué à la culture et à la communication, insiste sur le caractère novateur de ce dispositif. « Nous sommes les premiers en matière de politique culturelle à utiliser une plateforme de financement participatif », explique-t-il lors de la conférence de presse. Que les porteurs de projets culturels ou artistiques lèvent des fonds via le crowdfunding n’a rien de nouveau. Dans le cadre de la Dynamo culturelle, deux éléments diffèrent. D’une part, la plateforme « proarti.fr » : elle est la « première plateforme de mécénat participatif dédiée à l’accompagnement de la création artistique et de la découverte culturelle ». D’autre part, le fait qu’une institution publique s’inscrive dans une démarche de financement participatif.

Dynamo culturelle 2Trois critères sont requis pour la participation : les projets doivent s’inscrire « dans une démarche artistique et culturelle innovante » ; les porteurs devront être « domiciliés dans les communes de la métropole rennaise » ; enfin, ils devront n’avoir « jamais bénéficié d’un soutien de Rennes Métropole ». Seuls les individus, les collectifs et les associations à but non lucratif sont autorisés à participer à la Dynamo culturelle. Mais quel est l’intérêt pour le porteur de passer par la Dynamo plutôt que par Ulule ou KissKissBankBank ? La plateforme « proarti.fr » accompagne les porteurs de projet dans leur démarche et leur recherche de mécénat culturel. En outre, la métropole rennaise verse en plus un soutien sous forme de prix : 2500 € pour chaque session, soit 5000 € pour l’année 2016. Tous les projets n’en bénéficient pas : la collecte la plus rapide gagne 500 €, la plus importante 1000 et celle ayant mobilisé le plus d’habitants de la métropole 1000 également.

Concrètement, ça donne quoi ? Pour la saison 2015, 6 des 13 projets avaient réussi à boucler leur collecte à temps. Au total, 33 700 € avaient été distribués par 550 « artinautes » (contraction de « arti » et « internaute »). Parmi les six projets, on pouvait compter notamment le catalogue de dessins Vulome2, le spectacle SilkVocal ou le film La Bobine. La version 2016 a été légèrement remaniée : deux sessions étaient organisées. La date de la conférence de presse correspondait peu ou prou à une transition. La campagne de la première se boucle le 15 avril et celle de la deuxième commence le lendemain. Cette année, ce sont donc 14 projets qui sont présentés, 5 pour la première session, 9 pour la deuxième.

Dynamo culturelle 2Pour la première vague, l’heure est donc au bilan. Avec 8134 € collectés et 292 soutiens, les chiffres sont réguliers par rapport à la saison dernière. Alice Le Diouron, membre de l’association Charivarue porteuse du projet Giboulées, témoigne son contentement à l’approche de la fin de la collecte. Non seulement l’objectif financier a été atteint, mais l’événement – un parcours culturel sous forme de promenade dans la ville, le 19 mars dernier – a réuni environ 1000 participants. Les porteurs de la deuxième vague sont à l’écoute des conseils. 9 projets sont présentés en effet pour la deuxième session. L’un des membres du projet « L’œil de Polyphème » explique la démarche de la compagnie version 14 : l’installation de « trois énormes boîtes » dans la ville pour apporter le spectacle jusque dans la rue autour du thème de la monstruosité.

S’il appartient à chacun de juger selon ses goûts la valeur d’un projet, force est de constater qu’ils n’ont pas tous la même ampleur ou ambition. Parmi les 9 projets, nous trouvons le local du CLAPS, porté par quatre associations. Leur but est de créer un lieu pluriculturel et solidaire à Rennes. La promesse de ce lieu suscite espoir et enthousiasme parmi la communauté musicale, et plus généralement artistique, de Rennes. Le lieu se trouvera en Z.I. Sud-Est et disposera d’un espace de 940 m2 dont une grande salle de 600 m2. Le local proposera, entre autres, restaurant, bar, marché, activités sportives et artistiques, événements… Si la location du lieu est assurée, la mise aux normes s’élève encore à 87 000 €. Dans la conjoncture à la fois musicale, culturelle et artistique de la ville de Rennes, l’idée de financer participativement un tel lieu prend tout son sens.

Dynamo culturelle 2Ce serait faire preuve d’un esprit chagrin que d’émettre une critique envers un dispositif comme la Dynamo culturelle. On peut néanmoins se rappeler la définition que Giorgio Agamben donne du dispositif, à savoir qu’il renvoie à « un ensemble de praxis, de savoirs, de mesures, d’institutions dont le but est de gérer, de gouverner, de contrôler et d’orienter – en un sens qui se veut utile – les comportements, les gestes et les pensées des hommes ». Le partenariat de Rennes Métropole avec une plateforme de financement participatif dans le cadre de la politique culturelle est un tournant important. Le budget alloué à la culture, de manière générale, est en baisse, et on peut féliciter la ville de Rennes et Rennes Métropole de contrecarrer cette tendance. Il n’empêche que, dans le cadre de la Dynamo culturelle, les mécènes sont des internautes. Tout comme on travaille à la transcription de données numériques en remplissant un captcha, on paie la culture en faisant du crowdfunding. La tendance se généralisera très certainement. Si l’on peut applaudir l’initiative de la Dynamo culturelle, nul besoin de la qualifier d’humaniste. Cela s’appelle du pragmatisme.

Plus d’informations

Le site de Rennes Métropole

Le site de « proarti »

La page facebook de la Dynamo culturelle

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