Le bonheur est-il dans le pré…valaye ? À quoi reconnaît-on un Breton ? À son goût pour le beurre. Salé, siouplait ! Et si possible un Bordier ! Les amateurs de ce beurre exquis savent-ils qu’il en était produit un à Rennes, à la réputation tout aussi internationale ? Oui, dame ! Qu’est-il advenu des terres de la Prévalaye où paissaient les vaches responsables de cette merveille ? Nous avons posé la question à Daniel Guillotin, délégué à l’écologie urbaine à la Ville de Rennes.

 

La Prévalaye
Le château de la Prévalaye, avant 1944. Archives de Rennes.

Unidivers : La Prévalaye, (NDLR : pré valaye au XVIe s.) c’est près de 400 ha aux portes de Rennes qu’on connaît pour les événements sportifs et les loisirs. Ont-elles conservé un usage agricole ?

Daniel Guillotin : La ville en possède 80 % et les met à disposition d’exploitants pour faire du foin. Depuis deux ans, nous réfléchissons à d’autres formes d’agriculture. Avec le projet de Jardin des Mille Pas, depuis 2014, deux terrains de 3 ha sont consacrés au maraîchage bio et à des actions de sensibilisation. D’autres projets à caractère économique sont encouragés, avec un premier contrat de 18 mois, éventuellement prolongé sur quatre ans. Ainsi, face à l’écocentre de la Taupinais, Mikaël Hardy a créé deux jardins en permaculture, de 5000 et 3000 m2 où il produit des légumes bio et des graines pour semis.

U. : La terre est-elle aussi bonne que le proclament de savoureux textes anciens ?

La PrévalayeDaniel Guillotin: Non, hélas, elle a été dégradée par diverses activités humaines alors il faut l’amender. Des étudiants en agronomie ont mené une étude à ce sujet en 2011/2012. Sa restitution portait l’idée de « Rennes et l’autosuffisance alimentaire », en lien avec les jardins familiaux – plus de 90 près de la Vilaine. Par ailleurs, dans le cadre de la compensation écologique, 9 ha du site de la Prévalaye sont affectés à cette disposition. La SEMTCAR va au-delà en traitant 25 ha. Le nettoyage et le débardage ont été faits avec des chevaux. 900 mètres viennent d’être replantés. Le grand champ près de l’écocentre de Taupinais a été reprofilé avec des mares et la création de haies de Benjes vers Saint-Jacques (NDLR : du nom de son inventeur, la haie de Benjes, consiste à récupérer des branches puis à les disposer à l’horizontale sur un linéaire pour créer une haie sèche, propice à l’accueil d’insectes et d’oiseaux). Pour toutes ces actions en faveur de la gestion écologique de ses espaces verts et de ses espaces publics, Rennes a remporté le titre de « capitale française de la biodiversité » en 2016.

La PrévalayeU. : En 2001, une tentative de Rennes Atalante portait sur la demande d’enregistrement d’une indication géographique protégée pour le lait du pays de Rennes. Elle n’a pas eu de suite. Peut-on rêver de se régaler à nouveau de beurre de la Prévalaye ?

Daniel Guillotin : Oui, on peut toujours rêver… et tout faire pour que ça se réalise ! La culture et l’élevage sont appelés à se développer sur le site – sans que cela nuise aux activités de loisirs et aux grands rendez-vous festifs. Côté culture, l’INRA mène une expérience de variétés anciennes de céréales et de sarrasin, à côté de la ferme de la Vieuxville. Côté élevage, nous nous sommes rapprochés de Gilles Simonneaux, éleveur bio à la ferme des petits Chapelais à Chavagne. L’objectif est de pouvoir introduire un troupeau de 10 à 15 vaches « pie noir » (NDLR Race ancienne et rustique, dont le lait est de bien meilleure qualité que les vaches de grand rendement) sur une douzaine d’hectares.

U. : Belle perspective de faire provision de vitamine A en mode locavore !

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Les bonnes adresses

Jardin des Mille Pas Chemin Robert de Boron, La Prévalaye, 35000 RENNES

Horaires d’ouverture du jardin en hiver:  Mercredi et Samedi: de 10 h à 17 h, Dimanche : de 14 h à 17 h

jardindesmillepas[@]gmail.com

L’écocentre de la Taupinais

Retrouvez Gilles Simonneaux sur différents sites de commercialisation de ses produits :

Les Vilains Cageots

Marché Bio du Mail François Mitterrand

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Le beurre Bordier

 

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Marie-Christine Biet
Architecte de formation, Marie-Christine Biet a fait le tour du monde avant de revenir à Rennes où elle a travaillé à la radio, presse écrite et télé. Elle se consacre actuellement à l'écriture (presse et édition), à l'enseignement (culture générale à l'ESRA, journalisme à Rennes 2) et au conseil artistique. Elle a été présidente du Club de la Presse de Rennes.

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