EXPOSITION RENNES, LE LABEUR DES RATONS-LAVEURS

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1 mars 2019

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Pour la première fois réunis dans le cadre de l’exposition Les ratons-laveurs au Lavoir-Atelier Réunis, du 26 février au 6 avril 2019, les trois complices répondant aux noms de Vincent Moitrieux, Stivo et David Thiolon sont appelés à comparaître lors du vernissage samedi 2 mars 2019.

Est Raton-Laveur toute personne qui travaille dans l’espace collaboratif et partagé du Lavoir-Ateliers Réunis. De ce sobriquet affectueux est né le titre de l’exposition, un appel à la création sans consigne, à part celle du plaisir de créer.

Sont appelés à la barre : Vincent Moitrieux, Stivo et David Thiolon… Du moins leur version raton-laveur ! Un air de famille avec Rocket Raccoon (Les gardiens de la galaxie, 2014 et 2017), et une référence directe à l’affiche du film Usual Suspect de Bryan Singer (1995). Quel peut bien être leur crime ? Coupables de créer.

Tous trois se sont embarqués dans une aventure inédite et ont fait naître en trois mois une famille d’animaux sur planches et en volumes. Chacun avec son style, ils se sont laissés aller à ce nouvel exercice. « Le Lavoir propose des expositions depuis trois ans et demi. Des artistes reconnus nous ont fait l’honneur de leur visite — explique Christine van Geen, coordinatrice du lieu. Sans parler de galerie à proprement dit, cet espace a une fonction d’incitation afin d’engendrer un processus créatif ».

Qu’il s’agisse des paysages et sculptures de David Thiolon, des portraits de Stivo et des scènes de Vincent Moitrieux, de nouveaux habitants à quatre pattes emménagent au Lavoir le temps d’une exposition. Style survitaminé, cartoon, humoristique, chacun développe un univers propre et démontre la diversité de ce qu’est la magie de l’illustration.

Vincent Moitrieux ou Nursery Contes

Sous ses airs animés de raton laveur hargneux et malicieux affublé d’un pull rayé façon Dalton, Vincent Moitrieux a pas mal bourlingué. Graphiste depuis 20 ans, raton laveur depuis trois, l’illustrateur a fait ses premières armes dans le jeu vidéo à Lyon. La muséographie et l’impression de figurines de superhéros en 3D se sont ensuite ajoutées à ses compétences.

La découverte des comptines anglaises quinze ans auparavant a été l’élément déclencheur d’un projet d’album bilingue pour la jeunesse. Quel meilleur moyen d’apprendre l’anglais que par des comptines illustrées ? Dix comptines françaises et anglaises sont illustrées dans un style humoristique, parmi lesquelles La Souris verte, Three Blind Mice (Trois souris aveugles) ou encore This little sheep (Ce petit mouton).

Vincent Moitrieux a appris à dessiner et peindre aux côtés d’un grand-père devenu peintre à la retraite. De cet apprentissage, il a retenu une technique qu’il souhaite proche de la peinture. Ajoutons à cela une lecture intensive de BD, notamment Les Tuniques Bleues aux éditions Dupuis.

« Le contact avec le papier est important. Je dessine toujours au crayon bleu avant de numériser, peut-être par habitude. Je réalise l’ancrage à la main aussi parfois ». Cet intérêt pour les procédés manuels transparaît autant dans le choix des outils de travail que dans le style de ses illustrations et le support d’exposition. Les kakemono donnent un relief différent aux dessins.

Dans la recherche constante d’un effet pictural au moyen des nouveaux outils numériques, Vincent Moitrieux s’est intéressé à un logiciel qui matérialise les traits de peinture à la manière d’un pinceau. « J’ai tendance par exemple à rajouter du blanc sur la feuille blanche plutôt que de laisser le blanc de la feuille », avoue-t-il lors de l’interrogatoire. Des outils de plus en plus sophistiqués pour une impression picturale.

Stivo ou El Cartoon Raccoon

Affublé d’une ceinture et de gants bleus, d’une cape blanche et d’un body vert fluo, el Cartoon Raccoon a trouvé sa place au sein de la famille du Lavoir-Ateliers Réunis en septembre 2018.

Graphiste et illustrateur depuis une vingtaine d’années, il avoue avoir laissé de côté le graphisme au profit de la bande dessinée et de l’illustration depuis dix ans afin de « se donner l’opportunité d’enfin réaliser ce rêve de gosse, vivre de la BD ». Un pari risqué qui a porté ses fruits au vu de ses multiples projets. « Je travaille avec toute sorte de clients dans l’illustration, avec une spécialité pour le jeu de société, fun et ludique ».

Sa première bande dessinée ? Réalisée en solo, il a pris en première source d’inspiration son compagnon de route, un bulldog français du nom de Dugly, contraction des mots anglais Dog et Ugly. Il y raconte les folles aventures qu’un couple vit après avoir adopté un bulldog français. Bande dessinée autobiographique portée disparue depuis un an, mais bientôt rééditée chez Malaka !

Cette maison d’édition l’a auparavant suivi dans l’aventure de Mystery, une bande dessinée en trois volets réalisés avec Ced au scénario. Au fil des pages, un univers qu’il affectionne particulièrement prend vie, celui des superhéros. Avec un style entre le comics et la BD, Mystery donne au lecteur la possibilité de vivre trois aventures différentes, chacune coachée par un rennes. « À force de lire des BDs, on finit par s’inspirer même inconsciemment, on adapte, on mélange, on fait notre tambouille graphique. On m’a fait remarquer que le héros de Mystery rappelle Mr Indestructible. La première fois qu’une personne me l’a dit, ça m’a sauté aux yeux — explique Stivo. À l’époque de sa sortie (2004), je me suis pris une claque, il se peut que ce soit resté dans un coin de ma tête avant de ressortir dans une version personnalisée ».

Disponible depuis septembre 2018, le dernier volet semble marquer un tournant dans sa carrière d’auteur de bande dessinée puisqu’il enchaîne avec un nouveau projet, WitchList, avec le même acolyte, Ced. Actuellement disponible sur une plateforme de BD numérique financée par Dupuis et lancée pendant le festival de la bande dessinée d’Angoulême, cette série se découpe en plusieurs épisodes à la publication hebdomadaire.

Féru de jeux de mots, Stivo a tiré le portrait à plusieurs animaux en s’inspirant des expressions les plus utilisées : avoir une faim de loup, manger comme un cochon, malin comme un singe, l’ours mal léché. La culture pop et les superhéros n’échappent pas au détournement humoristique de l’illustrateur : Le Thé Thanos, Complètement Thorché ou Candy Cruche.

David Thiolon ou Le bricoleur

Illustrateur depuis une vingtaine d’années, principalement pour la presse jeunesse, David Thiolon travaille depuis un an avec CTop, la boîte de loisirs créatifs « Je pense avoir trouvé ma voie. Je m’amuse bien et retrouve mon âme d’enfant, un rapport à la matière et au volume ».

« J’ai du mal à travailler quand il s’agit de boulot personnel. Si je n’ai pas d’échéance ou de cadre, je me disperse facilement ». Plutôt que d’attendre une supposée retraite, David Thiolon a relevé le défi et a su prendre le temps de créer. Il propose un univers aux couleurs survitaminées et d’une douceur surprenante, une immersion dans une nature revisitée.

« Le logiciel Illustrator peut vite rendre le dessin froid. J’ai voulu réaliser un dessin souple, naturel et plus organique pour l’exposition ». En jouant sur les traits, leurs textures et les couleurs, David Thiolon a mis en scène divers paysages vifs, mais poétiques où une forme animale apparaît au milieu d’un océan de couleurs. Un cerf, un renard, etc. Une apparition discrète, une ombre au milieu de la composition. « En ce qui me concerne, il y a toujours ce complexe d’essayer de se rapprocher de la peinture ». Comme en écho, les ombres de ses sculptures suspendues se projettent sur les dessins, une manière de prendre vie autrement…