À Rennes, pas de concurrent pour le quotidien Ouest-France, à l’exception du Télégramme de Brest (peu présent) et de quelques journaux gratuits distribués çà et là à l’entrée des bouches du métro. En revanche, entre le Mensuel de Rennes et le bimestriel Place Publique, la concurrence est rude, vraiment rude.

L’un s’affirme Magazine indépendant, l’autre se revendique la Revue urbaine de l’agglomération rennaise. À peine lancé, le premier eut la désagréable surprise de retrouver le second quelques semaines plus tard dans les kiosques. Rien à dire, c’est la dure loi de la libre concurrence(1)… Mais de la part de Rennes Métropole qui soutient financièrement Place Publique, certains avaient jugé un brin suspect leur hâte à éditer une nouvelle publication. Ce que ne manqua pas de relever dans ses colonnes le Mensuel…

Dans la capitale bretonne, les directions des journaux n’évoquent que très peu cette petite « guéguerre », chacun vaquant à ses occupations intellectuelles et journalistiques. Mais, visiblement, on se marque à la culotte, que dis-je : on regarde de très près ce que fait l’autre… Dernier exemple en date, les unes des deux périodiques du mois de novembre. L’un titre : Le système PS, comment les Socialistes tiennent Rennes et sa région et l’autre : Quand les villes de l’Ouest passèrent à gauche.

Mais comment expliquer cet intérêt subi pour la gauche municipale ? Est-ce le fruit du hasard ? La thèse parait bien improbable… Écartons encore l’hypothétique anniversaire d’un évènement socialiste qui pourrait expliquer la parution en même temps de ces deux dossiers. Car on a beau chercher, on ne trouve pas. Il faut bien se rendre à l’évidence : l’un s’est fortement inspiré de l’autre(2)…

Comme les idées sont volatiles et n’appartiennent à personne dans la nature, aucun ne sera cloué au pilori. Mais convenons-en, on a la terrible impression que les anciens journalistes d’Ouest-France, désormais collaborateurs de Place publique, ont tenté de désamorcer la petite bombe du Mensuel… du moins de donner un autre son de cloche.

Soutenu par Rennes métropole (donc la gauche), le rédac’ chef du trimestriel (erratum : bimestriel, comme dit dans le chapeau de l’article) Georges Guitton a peut-être eu vent du projet des rédacteurs du Mensuel. Il n’en fallait pas plus pour diligenter une vaste enquête par de bonnes plumes.

À ce grand jeu-là, ce sont les Rennais qui sortent gagnants. Ils disposent — une fois  n’est pas coutume – d’une pluralité de l’information. Sauf qu’il y a comme un malaise dans la presse rennaise. Certes, il est souvent de bonne guerre de prendre le contrepied de son rival. Mais de là à choisir le même sujet pour le contrer, c’est quand même fort de café… surtout quand on a portes ouvertes chez les élus.

Pas très confraternel tout cela de la part de vieux briscards du journalisme… D’autant que Place publique avaient toute latitude pour aborder la question de manière différente et la traiter ainsi : Pourquoi le centre droit ou la droite n’est-elle pas au pouvoir à Rennes depuis maintenant trente ans ? Mais chut, on risquerait de reprendre notre idée…

JCC

Notes :
1. Encore faut-il préciser que le Mensuel est tenu par une trésorerie serrée chaque fin de mois tandis que Place publique bénéficie de subventions de la municipalité rennaise. Il aura fallu attendre plusieurs numéros de Place publique pour le magazine, sous la pression du Mensuel de Rennes, indique ouvertement dans ses pages que son existence est redevable du soutien de la Ville de Rennes.
2. On peut noter que c’est un fanzine local dirigé par Frédéric Paulin mais aujourd’hui disparu qui avait eu le premier le courage de titrer sur ce sujet. Autre imbroglio que Le clébard à sa mémère avait mis en valeur : le dossier Veolia.
Article précédentL’économie est devenue absurde, la politique vaine
Article suivantIslam Aïd el-Kebir
Rennes
Unidivers, la culture à Rennes, en Bretagne et en France !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici