Après Hauts les cœurs en avril dernier, le projet Ardentes porté par l’Agence Sensible, s’adressait aux femmes du quartier Blosne-Italie. Cette nouvelle initiative avait pour but de mettre les femmes à l’honneur avec un karaoké mobile qui s’est déroulé les 23 et 25 septembre. Une occasion de chanter et célébrer les femmes en cette rentrée !

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©Ingrid Borelli

À l’initiative d’Ardentes, l’envie de mettre les femmes à l’honneur et de célébrer leur puissance, leur dynamisme et leur énergie. Un projet signé Marion Poupineau et Emmanuel Pellequer de l’Agence Sensible, en partenariat avec le Centre Social Carrefour 18 et le Centre Social Ty Blosne et avec le soutien du Ministère de la Culture (DRAC Bretagne dans le cadre de l’été culture). L’Agence Sensible est une structure qui œuvre dans le but de faire«pour et avec les habitants». Leur envie: mettre en place des projets en partant des besoins des habitants du quartier où ils s’implantent, projets qui gravitent autour de la collaboration, l’expérimentation, l’apprentissage et la découverte. Implantés à Rennes, ils ont choisi le quartier du Blosne pour développer leurs actions sociales culturelles et Ardentes s ‘est inscrit dans la lignée de projets antérieurs qui visaient à la construction et au développement de territoires sensibles et relationnels, répondant à un besoin social.

Les femmes font entendre leurs voix

L’idée d’un karaoké est né d’une visite au Musée de Bretagne où l’usage d’un picoprojecteur(un video-projecteur portatif qui permet de projeter sur des murs dans la rue), avait inspiré Marion et Emmanuel pour la mise en place d’un premier karaoké grandeur nature dans les rues rennaises. Celui-ci avait eu lieu en décembre dernier dans le quartier Cleunay, avec pour thème, les aliments. Cela avait été l’occasion de chanter la « Traviata» et de partager des moments conviviaux en plein milieux du rigoureux et confiné mois de décembre. Ardentes s’inscrivait donc à la fois dans cette démarche de convivialité mais aussi dans un désir de s’engager auprès des femmes résidents dans le quartier Blosne-Italie, en leur proposant un projet ouvert exclusivement pour elles.

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Ce projet de quartier s’adressait aux femmes et filles qui « vivent dans le quartier Blosne-Italie à Rennes (c’est à dire qui habitent, travaillent, fréquentent ou se sentent appartenir à ce quartier) ». Il n’était pas nécessaire non plus d’avoir fait carrière dans la musique ou le chant, ni encore moins d’être Beyoncé pour s’inscrire. Il fallait « juste être un peu à l’aise pour chanter et aimer ça ! » était-il précisé. Placé sous le signe de la convivialité c’était donc l’occasion de resserrer les liens entre les habitantes et de dynamiser la vie du quartier, spécialement à l’occasion de la rentrée.

C’est les femmes qui voulaient être mises à l’honneur et dont la voix s’est donc fait entendre au cours de deux sessions de karaoké en plein air, les 23 et 25 septembre. D’autres projets antérieurs avaient par ailleurs célébré les femmes et leur courage, toujours dans le quartier du Blosne. C’est dans la ligné de ce premier projet Hauts les coeurs que s’inscrivait Ardentes avec pour but de célébrer er les femmes, en favorisant et en développant la ré-appropriation de l’espace publique par celles-ci. Il s’agissait véritablement «de donner de la visibilité à des femmes dans l’espace public, notamment dans des quartiers où elles ressentent une pression qui les renvoie à l’espace privé».Certaines des participantes témoignaient:

«La femme c’est un thème fort et à la fois évident. J’ai été élevée par trois femmes et célébrer la femme me semble comme une évidence. Et puis le choix des mots permet de faire passer beaucoup de messages grâce aux jeux qu’on peut réaliser avec ces mêmes mots dans le chant », nous expliquait Corinne.

Pour beaucoup ce thème de la femme a été un motif évident pour participer à ce projet de karaoké mobile et participatif. Chanter à plusieurs, créer une unité autour de la chanson avec toutes ces femmes si différentes, montrer aux habitantes du quartier que des projets qui les célèbrent existent, les inciter à faire partie de projets tel que celui-ci, autant de facteurs qui donnaient envie aux participantes de se faire entendre. Elles rappelaient aussi la nécessité de rassurer et soutenir les femmes, notamment dans un quartier où il peut être difficile pour certaines femmes de sortir seule le soir.

«On parle beaucoup de la zone sud comme d’une zone qui craint et où les femmes sortent peu. Ce que L’on fait ça incite les femmes à nous rejoindre et on veut leur montrer qu’en se serrant les coudes on peut faire des choses ensemble », ajoutait Fatima.

Mais c’est aussi le chant qui les ont enthousiasmé. Chanter à plusieurs, créer un ensemble et un chœur, se divertir tout en participant à un vrai projet de quartier, toutes témoignaient de leur joie de pouvoir faire partie d’Ardentes. Car celui-ci se plaçait sous le signe de la convivialité, convivialité que l’on pouvait retrouver lors des différentes répétitions et surtout lors des soirées du karaoké en plein air. Les trois soirée consacrées aux répétitions se sont déroulées de manière ludique, avec des exercices proposés par Sophie Belloir la chanteuse lyrique qui accompagnait le projet. Ces exercices permettaient d’apprendre tout en détendant l’atmosphère. Les dix-huit participantes ont appris à mieux se connaitre et à gagner en confiance, dans un cadre bienveillant et participatif. Lors du dernier atelier de répétition le 23 septembre, les participantes avaient également apporté un pique-nique tiré du sac. Des moment de partages qui visaient à donner une cohésion au groupe et à faire vivre des moments d’intimité très forte entre toutes les femmes participant au karaoké.

50 nuances de femmes

Le choix des musiques a été laissé entre les mains des dix-huit femmes dès la première atelier selon ce que les artistes et leurs chansons inspiraient et représentaient la puissance et la forme des femmes. « Piaf, Madonna, Anne Sylvestre, Beyoncé, Aya Nakamura… tout est permis ! », précisait l’événement.

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Le premier atelier de répétition qui a ouvert le bal le 7 septembre s’était déroulé en compagnie de Marion et Emmanuel ainsi que de la chanteuse lyrique Sophie Belloir. À l’issu de ce premier atelier de répétition plusieurs chansons avaient été choisies par les participantes, chansons qui avaient ensuite été organisées en deux sets en fonction de critères de rythme, de difficulté et d’équilibre global du répertoire. Les morceaux choisis ensemble par toutes ces femmes faisaient écho au thème même ce ce projet, le thème de la femme, de sa force et de la puissance qu’elle incarne et qu’elle a dans la société.

On y retrouvait de grands classiques de la chanson française comme <«Résiste>» de France Gall, «Besoin de personne de Véronique Sanson, «Une sorcière comme les autres» de Anne Sylvestre et surtout «L’hymne des femmes» créé en 1971 par les militantes féministes à Paris. Autres morceaux plus récents mais néanmoins très puissant «La Grenade» de Clara Luciani, étoile montante de la variété française actuelle, récompensée d’une Victoire de la Musique dans la catégorie Artiste Interprète Féminine, en 2020, ou bien encore «Balance ton quoi» d’Angèle, chanson connue pour dénoncer la culture du sexisme quotidien. C’est sans oublier «L’amour est un oiseau rebelle» tiré de l’opéra de Bizet. Sophie Belloir ouvrait chaque session de karaoké en entonnant ce prélude, soutenue par les voix de toutes les femmes unies en un seul chœur. Des chansons très diverses qui présentaient la femme sous des aspects nuancés en célébrant sa force, sa puissance mais aussi la lutte que chaque femme peut rencontrer dans sa vie.

blosne projet karaoké
©Ingrid Borelli

Un karaoké….en plein air

À l’issu des répétitions se sont déroulés les représentations-déambulations dans le quartier du Blosne, les 23 et 25 septembre. Ces représentations se déroulaient avec l’aide du fameux video-projecteur portatif qui permettait la projection des paroles des chansons choisies, sur les bâtiments des différentes rues. L’espace public servait ainsi de support aux chanteuses. Les spectateurs.trices qui le souhaitaient étaient bien sûr invité.e.s à participer, ce qui fut le cas lors des deux représentation où le public était présent à suivre et rejoindre le chœur ambulant. Des passants se sont joints au groupe des participantes et plusieurs personnes étaient également présentes à leurs balcons ou leurs fenêtres pour suivre avec curiosité ce karaoké hors du commun.

Ce sont des moments intimes que les participantes ont vécu, en se sentant conscientes du message qu’elles étaient en mesure de véhiculer et de transmettre à tous les habitants du quartier. L’une des participantes témoignait en racontant ses échanges avec un immigré du quartier qu’elle avait convié aux représentations. Ce dernier lui confiait: em>«Vous êtes est une bouffée d’air frais dans notre parcours em>».Elle nous racontait à quel point avoir été émue par ces propos, et combien elle se sentait porteuse d’un message d’espoir pour les gens du quartier, aussi bien les femmes que toutes les personnes en difficultés, et pour qui ce karaoké allait apporter quelques instants privilégiés.

Une manière de re-dynamiser le quartier tout en répondant avec justesse aux besoins de ses habitant.e.s, selon le souhait de Marion et Emmanuel. Ce projet voulait faire vivre une expérience forte non seulement à ses participantes mais à tous celles et ceux qui croiseraient le chemin de ce karaoké participatif, d’où l’envie d’un projet qui se déroule dans l’espace public. Célébrer la femme oui, mais haut et fort.

Un projet social et solidaire dans le quartier du Blosne à retrouver sur le Facebook d’Agence Sensible.

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